« Partout où s'implante l'hellénisme, apparaissent gymnases, stades et aménagements sportifs ». C'est en ces termes que l'historien Henri-Irénée Marrou souligne la corrélation entre la diffusion du gymnase et le développement de l'hellénisme dans son Histoire de l'éducation dans l'Antiquité publiée en 1948.
En effet, la période hellénistique connaît une diffusion spectaculaire du gymnase à la fois comme institution et comme monument, de sorte que Pausanias (vers 115-vers 180 ap. J-C.), auteur au IIème siècle après J-C. d'une Description de la Grèce hésite à qualifier de cité la communauté phocidienne de Phanoteus, en Grèce centrale, car elle n'a « ni édifices pour magistrats, ni gymnase, ni théâtre, ni agora, ni fontaine amenant l'eau ». La fonction première du gymnase reste comme à l'époque classique, l'entraînement sportif. Les éléments fondamentaux du plan du gymnase sont la palestre, un terrain de sports entouré de pièces à usages divers et l'espace pour la course à pied, composé habituellement d'une piste couverte (xyste) et d'une piste à ciel ouvert (paradromis).
Cependant, la diffusion des gymnases à l'époque hellénistique ne s'est pas faite de manière sauvage. Elle s'est accompagnée d'un renforcement du contrôle du pouvoir politique par la mise en place de magistrats civiques : les gymnasiarques, chargés du bon ordre, de l'entretien et de l'aménagement du gymnase. C'est dans ce cadre qu'il convient de replacer la loi gymnasiarchique de Beroia. Cette inscription date du milieu du IIème siècle avant J-C. et a été découverte sur les deux faces d'une grande stèle à Beroia en Macédoine. Elle est composée de trois parties : le texte du décret par lequel à loi a été votée (l. 1 à 17), le texte en de loi lui-même (l. 18 à 194) et le bordereau d'envoi du décret et de la loi (l. 195). L'inscription se présente comme n'importe quel texte de loi. Elle commence par la date du jour auquel la loi a été présentée à l'assemblée : « Hippokratès, fils de Nikokratès étant stratège, le 19 Apellaios » (l. 1). Suivent les noms de ceux qui ont proposé la loi : « Zopyros fils d'Amyntas le gymnasiarque, Asklépiadès fils d'Héras, Kallippos fils d'Hippostratos » (l. 2-3). Ensuite vient le décret avec les motivations (l. 6 à 9) et les bienfaits que la loi est susceptible d'apporter : « car, cela fait, les jeunes feront preuve de plus de retenue et obéiront mieux à leur chef et aussi leurs revenus ne seront pas dilapidés, puisque les gymnasiarques successifs exerceront leurs fonctions et seront responsables en justice » (l. 9 à 14). Enfin, la formule « il a plus à la cité » (l. 14) et la mention « Validé le 1er de Péritios » (l. 17) indiquent la date de l'adoption de la loi par la cité.
Dès lors, comment fonctionne un gymnase dans la Macédoine hellénistique et en quoi ce fonctionnement reflète t-il à la fois un mode de vie et un idéal d'arétè de valeur militaire qui trouvent leur légitimation dans la fête des Hermaia ? Ainsi nous verrons que le gymnasiarque est la clé de voûte du fonctionnement du gymnase (I) qui reflète à la fois un mode de vie et un idéal d'arétè de valeur militaire (II) légitimés par la fête des Hermaia (III)
[...] 103-104) par le gymnasiarque. Les membres du jury prêtent serment par Hermès (l. 106) avant de désigner lequel lui paraît avoir la plus belle attitude corporelle (l. 106-107). Ce concours de prestance, même s'il se déroule dans le cadre de la fête des Hermaia, est ponctuel et constitue une sorte de contrôle terminal puisqu'il s'agit de juger d'après l'allure. De plus, le recours à un jury tiré au sort et donc reflétant la volonté divine s'avère être une précaution d'usage contre la corruption des juges qui doivent juger sans favoritisme ni hostilité d'aucune sorte (l. [...]
[...] Le fait que la loi mentionne à propos des pédotribes ils viendront au gymnase quotidiennement à deux reprises (l. 63-64) suggère que les garçons s'entraînent deux fois par jour au moment fixé par le gymnasiarque (l. 64). De plus, les pédotribes doivent procéder à un examen des garçons trois fois dans l'année (l. 72). Cet examen peut prendre la forme d'un ensemble d'épreuves qui, bien qu'organisées pour elles-mêmes (c'est à dire en dehors des fêtes et des concours qui y sont associés), donne lieu à une compétition et à une remise des prix : il [le gymnasiarque] établira pour eux des juges et couronnera le vainqueur d'une couronne de feuillage (l. [...]
[...] La loi de Beroi présente donc le gymnasiarque comme la clé de voûte d'un fonctionnement dont la rigueur qui pèse sur les usagers d'une part et les conditions très strictes d'accès au gymnase d'autre part reflètent non seulement un mode de vie mais également un idéal d'arétè de valeur militaire I . Qui reflète à la fois un mode de vie et un idéal d'arétè de valeur militaire Les usagers du gymnase : les mois de trente ans (l. 149) D'après la loi, le gymnase est réservé aux moins de trente ans (l. [...]
[...] De fait, par la sélection sociale qui s'opère à l'entrée du gymnase, ceux qui ont le droit de le fréquenter partagent des valeurs communes mais surtout le même mode de vie et le même idéal d'arétè militaire qui trouvent leur légitimation dans et par la fête des Hermaia. Car, ayant lieu à la toute fin de l'année macédonienne, la fête vient légitimer cet état de choses et ainsi le reconduire pour l'année suivante puisque les banquets sont l'occasion de réunir autour d'une table les privilégiés qui ont accès au gymnase. [...]
[...] Le magistrat doit également proposer des prix pour les vainqueurs des concours : proposera en prix une arme [ ] et trois autres de prestance, de discipline et d'endurance à 103). La mention pour les moins de trente ans (l. 103) ne distingue aucune catégorie d'âge et laisse supposer la participation des garçons. Toutefois, il semble que les paides ne participent pas aux concours du premier jour de la fête puisque les prix qui récompensent les vainqueurs sont des armes (bouclier, casque ou lance) destinées à l'équipement de l'hoplite ou du fantassin lourd. [...]
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