La société s'organise sur des structures complexes et, avec la prise de conscience nationale amorcée au XIXe siècle, est en complexification permanente. Écrit en 2001, cet ouvrage s'inscrit en pleine période de résurgence des mouvements xénophobes et dans une ère de puissance des partis d'extrême droite populistes européens. Cette « socio-histoire » prétend alors rendre compte de faits, d'idéologies répandues de manière nouvelle, non plus en se basant sur les discours d'élite, mais en prenant en compte le point de vue et les actions des gens du peuple, bien souvent des ouvriers, afin de rendre compte de la réalité du mouvement xénophobe à la veille de la Première Guerre mondiale.
[...] Autrefois très vif, notamment contre les Bretons ou les Corses, ou également entre la France du Nord, la France du labeur et la France du Sud, la France de la paresse Les stéréotypes intérieurs restent présents mais reculent au profit de la xénophobie extérieure. La perception de l'étranger est donc radicalement différente entre le début et la fin du siècle, à mesure que le sentiment national progresse en France. De cette étude on peut retenir certains éléments importants et très révélateurs de la société du XIXe siècle. [...]
[...] En tant qu'étude approfondie de l'histoire de la xénophobie, cet ouvrage revêt en effet un intérêt tout particulier du fait de son point d'ancrage, de ses sources. Rapports de police, témoignages, journaux populaires, les données sont très diversifiées et le point de vue considéré donne une dimension nouvelle à un sujet extrêmement contemporain et d'actualité. Cette diversité permet d'ancrer l'histoire dans un contexte, une société, d'où le terme pertinent de socio-histoire Cet ouvrage est construit d'une manière originale en cela qu'il fait preuve d'une véritable volonté de fidélité à la réalité historique, d'où l'apport continu d'exemples très variés. [...]
[...] Compréhension de l'étranger, de la xénophobie, de l'intégration sociale ouvrière et de l'émergence du sentiment national, les apports de l'ouvrage sont donc multiples. [...]
[...] En fait, c'est le processus de rejet d'autrui qui permet la création de l'identité. Ce paradoxe fondamental explique bien l'évolution de cette classe longtemps exclue qui s'intégrera par un débat d'ampleur national et qui se créera sa propre identité au sein de la société. Enfin, et peut-être surtout, le débat sur l'étranger mène, outre la formation d'une identité sociale ouvrière, à une identité nationale française. Avant la Révolution française, on parlait de la France comme un agrégat de peuples désunis les guerres napoléoniennes n'ont pu aussi bien que la xénophobie transformer cette société en une véritable communauté française unie derrière un patriotisme commun. [...]
[...] L'étranger revêt donc plusieurs figures. Tout d'abord celui du vagabond mendiant, mais également une figure plus complexe que l'on retrouve au niveau des frontières, l'étranger voisin, socialement très proche mais qui devient idéologiquement opposé avec l'affirmation des nationalités. D'autres part et avec l'analyse plus lointaine dans l'histoire du siècle, on voit aussi se créer, au fil des guerres, l'image de l'étranger ennemi, l'étranger espion et traitre avec l'exacerbation d'un patriotisme de guerre. La xénophobie intérieure, avec ce processus de nationalisation, est en net déclin à la fin du siècle. [...]
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