Fiche de lecture sur l'ouvrage : Les administrateurs d'hôpitaux dans la France d'ancien Régime. Fiche qui permet d'étudier les enjeux politiques, économiques et sociales, autour de la question des hôpitaux d'ancien Régime. Excellent aperçu de la place qu'avait les oeuvres d'assistance dans le paysage social français à l'époque Moderne.
[...] En effet, il est bien connu que les aspirations centralisatrices de la monarchie française ont, particulièrement sous le règne de Louis XIV, contribué à dépouiller les pouvoirs municipaux d'un grand nombre de leurs prérogatives. On comprend ainsi que les élites urbaines aient tenues à conserver la main mise récente qu'elles possédaient sur l'administration des hôpitaux. Se rattachant pour ainsi dire aux quelques miettes fragiles concédées par la monarchie, Lamarre montre que jusqu'à la Révolution, les municipalités ont accordé une grande valeur à la gestion des hôpitaux, perçus comme un élément du patrimoine commun au même titre que les collèges ou les hôtels de ville. [...]
[...] Non seulement les consuls ou échevins étaient très présents dans les bureaux d'administration, mais ils firent en plus de ces hôpitaux un passage obligé pour ceux qui voulaient prétendre à de futures fonctions municipales. Certaines municipalités sont même allées jusqu'à menacer d'amendes très lourdes ceux qui entendaient se dérober à leurs obligations. Plus souvent pourtant, et ce sera notre dernier point, les villes et les bureaux d'administration des hôpitaux durent s'adapter et avoir recours à des expédients divers, pour assurer année après année le fonctionnement de leurs établissements. [...]
[...] Autre fait important rapporté par Gutton, l'édit d'avril 1695, donnait aux évêques la présidence du bureau des hôpitaux, pourvu qu'ils y siègent (en leur absence le vicaire général, mais ce dernier doit laisser la présidence à l'officier de justice le plus important du lieu). Bien que l'édit de 1698 vienne "institutionnaliser la participation des laïques à l'administration hospitalière", fait remarquable en soi, on observa un peu partout un maintien assez significatif des recteurs ecclésiastiques dans les bureaux. Cette présence n'était pas en totale contradiction avec les aspirations des municipalités, dans la mesure ou les ecclésiastiques pouvaient aussi être considérés comme une frange de la notabilité locale. En revanche, la situation était beaucoup moins claires dans les villes sièges d'évêchés. [...]
[...] Plus que leurs diverses appellations, ce sont plutôt les compétences de chacun qui pouvaient les différencier. Depuis le Moyen Age, on avait tendance à distinguer grossièrement deux types d'établissements, ceux destinés à héberger et nourrir temporairement la multitude des passants infortunés, errants sur les chemins du royaume, ainsi que la masse des pèlerins empruntant ces mêmes routes, et ceux chargés d'accueillir les malades, vieillards, femmes en couche et autres orphelins. A la ville comme à la campagne, ces établissements étaient composés de frères ou de soeurs, un personnel religieux donc, pour lequel le soin des âmes étaient tout aussi important que de veiller au bien être des corps. [...]
[...] Aussi cette charge ne pouvait être le fait que d'une élite restreinte de personnages ayant une richesse confortable. Pour autant cet acte bénévole n'était pas sans rétribution d'ordre symbolique, et celle-ci pouvait en effet être considérable. Jean-Pierre Gutton met en évidence ce paradoxe existant, entre une charge pouvant ruiner un homme et le prestige qu'elle peut lui apporter dans le lieu où il l'exerce. Faire preuve de son zèle charitable, d'une attention toute particulière portée au soulagement des pauvres et des malades, était un moyen évident de créer ou de renforcer, autour de sa personne ou de son lignage, un capital prestige déterminant dans la société d'ancien régime. [...]
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