Denis Crouzet, La genèse de la réforme française, calvinisme, 1560, luthéranisme, évangélisme, désangoissement eschatologique
D. Crouzet distingue quatre séquences dans la conversion au calvinisme puis dans son échec relatif, dans les années 1560. Ces quatre phases, loin de procéder linéairement, agissent dialectiquement. L'une émerge par opposition à la précédente. C'est d'abord le rejet d'une vision de la mort qui agit. En effet, face à une angoisse de la mort saturante et à une « comptabilité de l'Au-delà » qui, à force de tensions et d'exigences, en finit par porter en elle-même une incertitude quant à son efficacité, le luthéranisme et l'évangélisme proposent deux stratégies de désangoissement.
[...] Dans ce système, l'homme a une responsabilité envers Dieu : celle de travailler avec lui à réaliser les fins qu'il s'est proposées. Cette foi doit également se réaliser dans l'amour de son prochain et donc dans la charité, thème anti-luthérien et anti-calvinien (car pour Luther, la charité complète la foi sans en modifier l'essence). L'iconoclasme des années 1535-1555 Ces années sont des années de violence contenue, du fait de l'arsenal répressif mis en œuvre par l'État et aussi grâce aux possibilités qu'offrent les espaces publics et privés à ceux qui sont porteurs du message de l'Évangile. [...]
[...] Pantagruel fonctionne comme un texte de foi en l'Évangile. Pour Edwin M. Duval (The Design of Rabelais's Pantagruel, 1991), il y aurait une ressemblance du livre avec les Évangiles, à travers un premier chapitre qui est une longue généalogie du héros et une fin qui est une libération universelle et un retour à une ère perdue de joie et de paix. Pantagruel pourrait être une sorte de figure du Christ : ainsi Pantagruel est comparé à Moïse, conducteur d'Israël. Le but du Pantagruel aurait été avant tout pédagogique, visant à faire passer un rêve évangélique, face à la scolastique et à ses défenseurs. [...]
[...] Les persécutions témoignent de la relation providentielle des élus à Dieu. L'homme doit se détourner de la pensée du devenir, de l'angoisse, il doit plutôt regarder vers l'origine. D'où le succès du calvinisme, au cours de la décennie 1550, en ce qu'il permettait de rompre avec un univers d'angoisse. La quatrième séquence, qui mène à la violence intercommunautaire, est le contre coup du succès du calvinisme. Cette séquence est marquée par la perte de séduction du calvinisme, après des mois et des mois de conquête des âmes. [...]
[...] L'apparition de la dissidence religieuse fournit aux théologiens une argumentation fondamentale, qui décale le discours de l'angoisse de la mort vers l'angoisse du Jugement dernier : les hérétiques, à commencer par Luther, sont perçus comme les faux prophètes annonciateurs des derniers Temps, surgis parmi les hommes parce que ces derniers se sont éloignés de Dieu. Dans un troisième temps se développe la réponse calvinienne. Allant bien au- delà du discours de Luther, Calvin sort du cercle obsédant de l'angoisse eschatologique, et c'est en ceci que sa Réforme est vraiment une rupture capitale. [...]
[...] Rabelais et Pantagruel Rabelais est né en Touraine vers 1483, près de Chinon. Il fait des études de droit puis prend l'habit de prêtre séculier et devient ensuite médecin. Il publie Pantagruel en 1532. Le succès est immédiat et le livre connaît un immense succès. En 1545, la Sorbonne condamne Pantagruel ainsi que Gargantua, qu'il avait publié anonymement en 1534-1535. Pantagruel met en évidence la diversité des moyens par lesquels l'offensive évangélique agit. Pas seulement par des sermons, mais également par des écrits. [...]
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