Jean-Frédéric Schaub, né à Paris en 1963, ancien élève de l'École normale supérieure, ancien membre de l'École des hautes études hispaniques-casa de Velazquez, est actuellement maître de conférences à l'École des hautes études en sciences sociales. "La France espagnole - les racines hispaniques de l'absolutisme français" est une étude de l'histoire par le biais de la littérature et de la poésie, car d'après l'auteur « les transferts culturels sont des phénomènes de nature politique ».
Ainsi, « construire les instruments intellectuels d'une comparaison des deux pays suppose qu‘on associe étroitement l'étude culturelle et la modélisation politologique dans la longue durée historique». Et c'est pourquoi la mise en évidence des oppositions entre France et Espagne ce fait principalement au travers des discours politicien.
Mais attention, l'enquête ne porte cependant pas sur l'histoire sociale, politique et culturelle de la présence au cœur de la société française d'une population venue d'ailleurs.
Les problématiques et les différents points mis en évidence par la suite : les rapports de la royauté française à l'institution impériale, de la candidature de François Ier à celle de Louis XIV, feront l'objet d'une attention soutenue. C'est bien plus en termes d'interactions que de comparaison institutionnelle que la question de la confrontation entre les deux monarchies prend tout son sens.
Quelle est la place de l'Espagne au cœur de la construction monarchique française ? L'interprétation « dialectique » met l'accent sur tout ce qui rapproche les ennemis dans le feu même de leur compétition.
[...] -L'Espagne vue à travers ses rois Des Rois Catholiques à Charles II, tous les monarques hispaniques ont fait l'objet de portraits, de biographies complètes, de parallèles ou d'articles. Le traitement divers qui leur est réservé est un indicateur de la complexité du regard français porté sur la politique espagnole. Ex : le portrait d'Isabelle de Castille est associé, le plus souvent, à celui des reines de France. Charles Quint, dans son affrontement historique et épique avec François I et Henri II, incarne, en négatif, l'encerclement inacceptable du royaume et, en positif, la formule de l'agrégation territoriale par l'héritage et l'alliance, c'est-à-dire par des liens d'amour plutôt que de fer. [...]
[...] La spontanéité supposée de l'écriture paraît bien flétrie, dès lors qu'on perçoit à quel point les voyageurs sont guidés dans leur démarche par la littérature politique. On remarque, en particulier,l'influence du thème de l'antipathie qui agit comme une véritable matrice du récit. Les guides» permettent de voyager sans se déplacer. Jouvin et Jourdan rédigent des guides de la péninsule ibérique considérée comme une totalité géopolitique dont l'auteur doit faire le tour le projet est différent de celui des voyageurs : ils ne prétendent rendre compte que de leurs déambulations. [...]
[...] MAIS l'intensité de l'interaction hispano-française n'est pas une expérience historique nouvelle. Au Siècle d'or ( Siglo de Oro ) succède le Grand Siècle ( 1659 : traité des Pyrénées + mariage de Louis XIV avec l'infante Marie-Thérèse. Avant cela, au XVIe et XVIIe siècle l'Espagne a fait valoir sa supériorité militaro diplomatique, son orthodoxie et son militantisme catholique, sa puissance créatrice à travers toute la chrétienté. (L'impact direct du triomphe hispanique fut particulièrement vif dans l'espace français. Ernest LAVISSE : auteur de référence de cette première partie avec son portrait hispanique du maître de Versailles : Il était de France, mais d'Espagne tout autant et même davantage { }Ni le sérieux continu n'est de chez nous, ni cette naturelle hauteur, ni l'ordre hiératique imposé par la Cour, dont Anne d'Autriche regrettait la confusion et le sans-gêne, ni la distance du Roi au reste des hommes, ni le mélange de luxure et de dévotion, ni le gouvernement par le cabinet et par les bureaux, ni l'ambition de paraître dominer l'Europe, ni la politique de se mêler à toutes les affaires, ni la totale confusion de l'État et de la religion, où semblent vivre les souvenirs des autodafés d'Aragon ou de Castille, ni Versailles enfin, domicile, comme l'Escurial, d'une majesté qui s'isole hors de la vie commune pour n'habiter qu'avec elle-même.{ } C'est d'Espagne-Autriche, semble-t-il, plus encore que de France que Louis XIV a reçu son orgueil énorme, invraisemblable, pharaonique ; mais des circonstances historiques françaises ont éveillé et surexcité en lui le sentiment atavique. [...]
[...] On verrait les fêtes les plus belles possibles et, au milieu de ces miracles de l'art, Philippe II, exécrable tyran, Carlos, perdu d'amour ainsi qu'Isabelle. On les verrait gênés par la pompe qui les environne.{ }La pièce serait dans les principes républicains dans le fond{ } Chez Alfieri (1775) il s'agit d'un Carlos francophile, qui de dit prêt à livrer la Catalogne et la Navarre aux Valois, qui veut abolir l'Inquisition et qui veut tuer son père. -Philippe II : un roi mort Ce roi a dit lui-même : la mort, entre mes mains, peut devenir féconde Verlaine illustre de façon saisissante le thème de la confusion de l'État et de la religion dans l'Espagne de Philippe II ( ce serait pourtant une erreur de penser que ces images sinistres du fils de Charles Quint sont le produit d'un regard extérieur. [...]
[...] -Des voyageurs en Espagne : parcours des lieux communs (la véritable frontière est la langue) Le voyage en Espagne de la comtesse d'Aulnoy est le récit le plus célèbre, avant celui de T. Gautier, mais aussi l'un des plus douteux puisqu'une part de la critique s'est interrogée sur la réalité du déplacement physique de la comtesse. Puisque l'Espagne fascine, les auteurs ne sont pas avares en traits d'esprit et anecdotes pittoresques, en particulier les plus prisés : ceux que l'on connaît déjà. [...]
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