Veuvage - genre - histoire - ancien régime - femme
En raison de l'omniprésence de la mort et de par son statut, la veuve est une figure familière et ambigüe. Elle est revêtue d'une image double, celle d'une femme que la solitude et la faiblesse rendent pitoyable, mais aussi celle d'une femme qui inquiète et que sa puissance nouvellement acquise rend dangereuse. Or dans les sociétés du passé, tout repose sur le mariage.
La vocation naturelle de la femme est de choisir entre deux états : se marier ou consacrer sa vie à Dieu. Le célibat laïc féminin n'est jamais envisagé. Et dans un système de valeurs où la vertu et la piété sont considérées comme inhérentes à la femme – tandis que la direction des affaires privées ou publiques est le propre de l'homme – il est difficile d'envisager, et encore moins d'accepter, que la femme puisse vivre seule en dehors de l'abri du mariage ou de la religion.
[...] Or dans les sociétés du passé, tout repose sur le mariage. La vocation naturelle de la femme est de choisir entre deux états : se marier ou consacrer sa vie à Dieu. Le célibat laïc féminin n'est jamais envisagé. Et dans un système de valeurs où la vertu et la piété sont considérées comme inhérentes à la femme tandis que la direction des affaires privées ou publiques est le propre de l'homme il est difficile d'envisager, et encore moins d'accepter, que la femme puisse vivre seule en dehors de l'abri du mariage ou de la religion. [...]
[...] Alors que le plus souvent, le discours met en scène des veuves jeunes, sans enfants, la démographie montre qu'elles sont plutôt des femmes d'âge mûr, chargées de responsabilités familiales. L'image de la jeune veuve libérée par le veuvage de toute attache n'est pas une réalité de la France ancienne, pas plus que celle de la femme qui se voue à Dieu en entrant dans les ordres, ou qui se remarie. Les veuves ne sont ni de tristes dévotes, ni des femmes frivoles et faibles. Pourquoi ces images ? On devine bien tout ce qui se cache derrière le modèle de la femme fidèle et chaste. [...]
[...] Ou parce qu'elle redoute que celle qui a des biens et qui s'en retrouve la maîtresse ne les utilise à mauvais escient ? A moins qu'elle craigne que la femme par sa participation aux affaires ne remette en cause la distribution et l'affectation des rôles, et par là même, l'exercice normal des pouvoirs économiques et familiaux. (page 344) Ainsi, Scarlett Beauvalet-Boutouyrie offre une vision panoramique du veuvage dans la France moderne. Analysant cette question tant sur le plan des représentations que sur celui des pratiques sociales, son étude nous permet d'entrevoir les réalités et les fantasmes de la condition de viduité. [...]
[...] (page 28) Ce sont les chrétiens qui ont véritablement fait de la viduité une vocation providentielle. Le veuvage est considéré comme une grande douleur voulue par Dieu, une belle, une sainte douleur, et la veuve, le symbole d'une souffrance vivante qui pleure et qui expie, pour elle et pour les autres. (page 30) Un état saint Le prestige et la sainteté du veuvage ont toujours été exaltés. (page 30) C'est un avertissement, plus encore un message et une chance envoyés par Dieu à la femme pour se retirer du monde, faire son salut et bien se préparer à la mort : un état idéal si l'on peut dire. [...]
[...] La veuve est mise sous surveillance, chacun épiant son attitude, évaluant sa douleur, commentant ses réactions et ses décisions. (page 127) Celles qui sortent de chez elles sont jugées peu honnêtes, mais on culpabilise celles qui s'y enferment et ne font que pleurer, les accusant de délaisser leurs affaires et de risquer de perdre leurs biens ; celles qui rient sont taxées de légèreté, celles qui ne rient pas d'hypocrisie ; celles qui recherchent les plaisirs de la conversation sont suspectes et celles qui les refusent sont jugées comme dédaigneuses. [...]
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