Etat guerre
Difficulté de définir la guerre et sa nature : en effet, on distingue mal la violence de la guerre, car il n'existe pas alors de monopole de la violence armée entre les mains d'un État. De fait, les bandes de routiers qui écumèrent la France dans la seconde moitié du XIVe siècle relèvent-elles du fait militaire ou du banditisme ? Lorsque les troupes nobiliaires détruisent les récoltes sur leur passage, s'agit-il d'un fait économique ou militaire ? Lorsqu'une ville est mise à sac par des troupes non soldées (Rome 1527, Anvers 1576), se place-t-on dans la problématique de la guerre ?
De fait, l'unité du fait militaire à l'époque moderne dépend principalement de la volonté monarchique.
La guerre relève de la puissance souveraine, au moins théoriquement. Celle-ci, quel que soit le pays, s'efforce de contraindre les vassaux à l'obéissance. Dans l'élan des regroupements de principautés qui s'effectuent à la fin du XVe siècle, les rois et empereurs tendent à interdire à leurs sujets le droit de faire la guerre sans leur consentement. À la guerre privée, théoriquement prohibée depuis le XIIe siècle Moyen-âge, avaient succédé les conflits entre princes.
Outre ce changement d'échelle ; des guerres d'Italie à la bataille de Valmy, les conflits militaires mobilisent des ressources croissantes du fait de l'évolution des techniques de combats. Dans le même temps, ils se trouvent restreints, de plus en plus cantonnés au sein de la société qui s'en trouve souvent moins affectée. Avant la première bataille contemporaine, celle d'une Nation en armes (à Valmy en 1792), les éléments féodaux perduraient, au moins dans leurs formes (celle de la chevalerie par exemple), alors que des éléments de modernité apparaissaient (dans les techniques et la logistique).
Parmi ces éléments féodaux, la nature du gouvernement monarchique fait du souverain le 1er des nobles, et donc le 1er des chevaliers ; la curialisation a pu domestiquer les élans violents de la noblesse, bien que les valeurs de courage, de force et d'honneur en maintenaient la cohérence ; la longue lutte de la monarchie contre les duels illustre ces persistances au sein de la noblesse.
[...] A partir de 1688 apparaît la baïonnette qui sert pour le combat à distance et pour le corps à corps ; elle remplace donc les piques, dont les derniers éléments disparaissent en 1703. La puissance de feu est multipliée car tous les fantassins disposent dorénavant d'un fusil plus rapide (à silex), et non plus d'un mousquet (à mèche) ou d'une pique. L'artillerie ajoute une dimension psychologique au siège des villes maritimes ; Alger, Barcelone et bien d'autres villes en font l'expérience. [...]
[...] Le royaume est donc sorti des guerres de Religion en donnant un surcroît de pouvoir au souverain. Les Bourbons et les Habsbourg réussirent à maintenir plus ou moins 37 années de relations non militaires, en 1598 et 1635, non sans coups fourrés et interventions indirectes : les Français soutenaient les protestants allemands pendant la guerre de Trente Ans (1618-1648) et les Espagnols appuyaient les nobles français (Montmorency, Soissons ) contre le roi de France. Du fait des systèmes d'alliances (les Habsbourg règnent à Vienne et à Madrid), les principaux théâtres militaires ne furent pas les frontières franco-espagnoles, mais la frontière septentrionale avec les Pays-Bas espagnols (Artois, Picardie l'Italie du Nord, et le monde germanique. [...]
[...] o les conflits prennent une couleur religieuse, au cours des 8 guerres de Religion qui s'étendent de 1562 et 1598, puis se transforment en guerre dynastique à partir de l'assassinat d'Henri III en 1589, puisque les quatre garçons d'Henri II et de Catherine de Médicis n'ont pas eu de postérité légitime : en août 1589, l'héritier direct devient le protestant Henri de Navarre. - Dans les Pays-Bas (Belgique et Pays-Bas), les protestants rejettent la suzeraineté du catholique Philippe II de Habsbourg , ce qui conduit à une guerre de sécession dite guerre de Quatre-vingts ans (1566-1648). Ces guerres religieuses sont d'abord des guerres civiles. De ce fait, les combats sont dispersés sur des fronts multiples, aux contours mal définis. [...]
[...] À la guerre privée, théoriquement prohibée depuis le xiie siècle Moyen-âge, avaient succédé les conflits entre princes. Outre ce changement d'échelle ; des guerres d'Italie à la bataille de Valmy, les conflits militaires mobilisent des ressources croissantes du fait de l'évolution des techniques de combats. Dans le même temps, ils se trouvent restreints, de plus en plus cantonnés au sein de la société qui s'en trouve souvent moins affectée. Avant la première bataille contemporaine, celle d'une Nation en armes (à Valmy en 1792), les éléments féodaux perduraient, au moins dans leurs formes (celle de la chevalerie par exemple), alors que des éléments de modernité apparaissaient (dans les techniques et la logistique). [...]
[...] Cela touche tous les domaines militaires, du recrutement à la défense, des corps à la logistique. Ainsi, on voit la création d'un corps d'inspecteurs des troupes pour vérifier les recrutements réels et éviter ainsi les désertions et les nombreux passe-volants ces faux soldats que les officiers passaient en revue pour tromper les commissaires, quand leurs compagnies n'étaient pas complètes. Les régiments sont dorénavant pourvus de registres d'immatriculation et, peu à peu, les soldats disposent d'uniformes qui favorisent leur identification, ce qui, en théorie, limite encore les désertions, véritable plaie des armées et fléau pour les campagnes. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture