Face aux premières critiques survenues lors de l'établissement de l'Hôpital Général, Antoine Godeau entend bien démontrer par ce discours que cette œuvre est fort positive et profitable à tout le monde. L'auteur explique qu'en effet l'image du pauvre est souvent reliée à celle du Christ par son humble vie sur terre. Cependant il objecte à cela que la réalité de la vie des vagabonds à Paris est bien différente et beaucoup moins pieuse. Il affirme ensuite que l'idée d'enfermer ces gens n'était pas nouvelle, mais que la première tentative avait échoué. Par contre ce nouveau projet a du succès car il est soutenu par le roi et parce qu'il conjugue un souci politique de maintien de l'ordre dans la ville avec un souci religieux de rééduquer par le travail ces pauvres qui mènent une vie dissolue.
Ainsi comment le contrôle des pauvres est-il directement lié, selon la mentalité de l'époque, à l'ordre urbain ?
Au cours d'une première partie nous allons nous arrêter sur la situation de l'ordre social dans les rues de Paris liée à l'image négative des pauvres et vagabonds ; au fil d'un deuxième mouvement nous allons étudier comment l'enfermement est présenté comme une réponse au problème du contrôle social ; enfin, en troisième partie nous allons voir comment, face aux critiques, l'auteur met en avant le rôle d'assistance sociale de l'Hôpital Général.
[...] En effet si leur groupe est important et leur présence gênante ils empêchent les autres de le prier (l. s'ils sont qualifiés de toutes sortes de noms : voleurs, débiles, libertins, boiteux ou vagabonds, les mendiants sont d'abord des gens qui ne trouvent pas de travail. Ils ne constituent pas une classe à part mais un monde en perdition : une maladie, un accident, et ils se retrouvent à la rue. De plus, dans une époque où la religion tient une place majeure dans la vie des individus, leur désintérêt indigne l'auteur ils vivaient dans une générale ignorance de toutes les vérités de la Religion (l.46). [...]
[...] C'est sur la trame de ces peurs que l'on peut mieux comprendre l'accueil favorable fait aux mesures nouvelles, et notamment, à la création de l'Hôpital Général, qui bouleversaient les pratiques anciennes de l'assistance. Lancée dès 1554 à Paris, puis reprise au début du XVII° siècle dans la capitale et à Rouen, l'idée est d'abord mise en application à Lyon où l'échevinage reprend un ancien hôpital en 1614 avant de faire construire celui de Notre-Dame de la Charité en 1622 «Dans le grand Hôpital de Lyon (l. [...]
[...] Ceci est spécialement vrai pour les couvents qui maintiennent leurs dons particuliers. Cet attachement aux anciennes valeurs chrétiennes entretient les habitudes de la mendicité spontanée que les dirigeants cherchent par ailleurs à faire disparaître. Cette politique d'enfermement se heurte donc aux résistances traditionnelles, tant celle de la solidarité populaire que celle du respect de l'image du pauvre, réactivée par le profond impacte de la Réforme catholique et l'exemplarité des actions menées par saint Vincent de Paul espère qu'elle traitera royalement les pauvres, qui sont les Rois de l'Empire de Jésus Christ (l. [...]
[...] Après quelques années, on commence à admettre aussi les ménages. L'auteur, en mentionnant l'importante contribution du Roi Louis XIV et de la reine Anne d'Autriche souligne surtout le caractère pieux de leur soutient à la création de cette œuvre La reine dont la piété est si connue a fait aussi une aumône notable (l. 79). Cependant, avant d'être une pure œuvre de charité chrétienne, les aides financières données à l'hôpital général relèvent d'un projet public d'Etat on a considéré cette entreprise, non seulement comme Politique, mais comme Chrétienne (l. [...]
[...] Discours sur l'établissement de l'Hôpital général D'Antoine Godeau (1657) Sous Louis XIV, les effectifs de police dans les villes demeurent dérisoires. Ainsi, pour maintenir le calme urbain, les mesures de prévention sont beaucoup plus importantes que celles anti-émeutes. La paix urbaine va de pair avec le contrôle social, et notamment l'assistance aux pauvres et aux mendiants. C'est pour eux que des structures comme l'Hôpital général, dont ce texte relate la naissance, ont été créées. Cependant cet enfermement d'une partie de la population, au XVII° siècle, n'allait pas de soi et se heurte à plusieurs critiques. [...]
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