"La Déclaration des quatre articles", Jacques-Bénigne Bossuet (1682)

Résumé du document

Selon la formule élaborée à l'époque, le roi de France est empereur en son royaume. Nul ne peut lui être supérieur, ni à l'intérieur, ni à l'extérieur du royaume. Ainsi, Louis XIV est souverain sur le royaume de France, il est monarque absolu et tente d'assoir son pouvoir sur l'État et sur l'Église. Ce document illustre les tensions qui existent entre l'autorité religieuse dominante et le roi de France quant à l'affirmation du pouvoir sur l'Église.

Ce document est une Déclaration c'est-à-dire un acte, un écrit ou un discours par lequel on fait publiquement une communication. Ici c'est un écrit adopté par l'Assemblée du clergé du royaume de France qui réunissait sur convocation du roi, une fois tous les cinq ans les évêques et les représentants des titulaires des bénéfices du diocèse de France.

Elles ont pour objectif de voter les lois et décrets réclamés par le roi. Ainsi, les articles sont lus lors de cette Assemblée « extraordinaire », le discours débute par un préambule présent sur notre document c'est-à-dire l'exposé préliminaire des motifs qui ont guidé les législateurs dans la rédaction d'une constitution, d'une loi.

Extraits

[...] Les hérétiques ici sont les protestants et jansénistes qui sont à l'encontre des enseignements catholiques et contre Louis XIV. Ainsi, la déclaration présente le combat contre les hérétiques, car celle-ci est un décret fondamental du gallicanisme, elle résume ses principes comme nous l'avons vu précédemment et est inviolable c'est-à-dire que quiconque va à l'encontre de celle-ci est considéré comme hérétique. Elle est d'autant plus inviolable qu'elle est promulguée par le consul œcuménique qui rassemble tous les évêques de la catholicité, elle est adoptée à l'unanimité parfaite ce qui fait d'elle une loi d'État. [...]

[...] On peut voir dans cette déclaration une véritable constitution mise en écrit par Bossuet mais celui-ci a rédigé les articles en reprenant six propositions de la Sorbonne sur la puissance ecclésiastique. Ces propositions sont des doctrines de la Faculté qui reconnaissent le roi comme une haute autorité supérieur, mais que Dieu reste au-dessus, elles mettent en avant le fait que le pape peut déposer les évêques même si c'est à l'encontre des canons déjà reçus. La faculté ne condamne pas les doctrines qui ne sont pas les siennes. À l'égard de la supériorité du concile, elle opère un recul manifeste, mais elle prend parti contre l'infaillibilité du pape. [...]

[...] Ainsi, la déclaration des quatre articles de 1682 s'inspire favorablement de ces propositions pour donner des doctrines du gallicanisme. La Déclaration apparaît comme une charte fondamentale de l'Église gallicane, elle est inviolable, car fondée sur les écritures et les dogmes reconnus par les conciles, c'est une véritable loi d'État qui enseigne les règles gallicanes. Ce décret peut être vu comme une véritable constitution et ceux qui vont à l'encontre de celle-ci sont des hérétiques, la déclaration montre ses alors ses ennemis. [...]

[...] La déclaration gallicane du clergé de France abaisse l'autorité du pape sur les fidèles catholiques et sur le roi du royaume. En effet, cette déclaration présentée comme une charte aux yeux de tous met en avant le fait que le pape n'est pas infaillible. Pour l'Église, l'infaillibilité du pape est considérée comme un dogme selon lequel il ne peut se tromper lorsqu'il communique ex-cathedra sur tout les sujets de foi et de morale, ainsi il ne peut y avoir aucune contestation. [...]

[...] La Déclaration des Quatre articles a été rédigée par Jacques Bénigne Bossuet, évêque, prédicateur et écrivain français. Il est né en 1627 et prêche le Carême au Louvre des 1662 et prononce notamment les oraisons funèbres d'Anne d'Autriche (1667), de la reine d'Angleterre (1669) et du grand Condé (1687). Proche du pouvoir il est précepteur du grand dauphin et compose des traités parmi lesquels la politique tirée de l'écriture sainte, où il se fait théoricien de l'absolutisme tempéré par des exigences de la morale chrétienne. [...]