Livre écrit à la fin des années 70 à la suite d'un travail collectif et publié dans les années 80, à la croisé de l'histoire sociale (Ecole des Annales) et des nouvelles interrogations, il interroge des structures confrontées à une "diversité de destins" dans le but de comprendre les caractéristiques particulières de la sociabilité du peuple de Paris dans son contexte économique et social. Celle-ci y est analysée par la comparaison avec l'Histoire de la culture matérielle, l'Histoire des sensibilités et des perceptions, l'Histoire des intellectualités. D. ROCHE veut tout d'abord définir l'objet de son étude : le peuple, caractérisé par une culture commune répondant au quotidien (économie, salaire élevé, ressources multiples, croissance du secteur tertiaire, possibilité de promotions, intégration par des voies variées). Ses sources sont les archives de notaires comparées aux documents littéraires, médicaux et philosophiques. Les inventaires permettent l'analyse des objets dans leur contexte économique et démographique mais sont insensibles aux valeurs symboliques et aux stratégies d'acquisitions ; il utilise donc, en sus, les archives judiciaires qui aident à la compréhension des sentiments, des relations, des mœurs. S'interrogeant sur la possibilité de connaître le peuple de Paris, il décide de se référer à ses contemporains dont la pluralité des points de vues est instructive quant à une incompréhension à laquelle s'ajoute intérêts ou dégoûts. Le peuple prend part au changement général multiforme tout en évoluant dans un contexte spécifique. Nul doute cependant, il est acteur, du fait de ses capacités de réactions, de réflexions sur lui-même : révélatrice d'un changement culturel que D. ROCHE nomme : "Un individualisme d'accommodement".
[...] ROCHE s'interroge-t-il sur l'agencement, l'utilisation, l'évolution et les gestes du quotidien du peuple de Paris à travers cette piste. L'inventaire notarial et les sources criminelles lui permettent de s'informer sur le statut et le coût de l'habitation, d'esquisser son paysage intérieur tout en tenant compte des biais caractérisés par l'outrance méliorative et péjorative de ce type d'archives. S'agissant de l'orientation de l'habitat (on préfère la vue sur rue à celle sur cour), du nombre de pièces et de la densité d'occupation du logement, les domestiques sont favorisés. [...]
[...] ROCHE nomme : "Un individualisme d'accommodement". Première partie : Paris et son peuple Chapitre I : Espaces et populations Paris est proche de la campagne mais parisiens et ruraux sont très différents. Le parisien voit la campagne comme espace d'aventure et de loisirs et le rural voit Paris comme une ville foisonnante aux multiples pollutions. Ses frontières évoluent, en dépit de la volonté royale ; ce phénomène étudié entre la fin du XVIIème Siècle et le début du XVIIIéme Siècle suit deux problématiques : Les changements décisifs de l'espace parisien, leurs conséquences démographiques et les bouleversements de la morphologie urbaine, comment ils suscitent une nouvelle conscience de la ville. [...]
[...] S'intéressant à un lieu de sociabilité ordinaire, le cabaret, D. ROCHE met en exergue la diversité des genres et des prestations de service suivant leurs implantations dans la ville. A la différence des cafés, ordonnés et calmes, le cabaret se caractérise par une densité, des odeurs et des bruits : une atmosphère particulière où le peuple (devant la méfiance des autorités) domine. A la croisée du légal et de l'illégal, c'est un lieu de convivialité multifonctionnel (on y mange, boit, cherche un travail, vend, s'informe). [...]
[...] Par ailleurs l'étude du mobilier, du miroir et de l'hygiène montre une volonté d'éclaircissement et de chaleur dans les foyers, un souci croissant pour le paraître allant de pair avec l'évolution de la conscience de soi. Il s'agit de petites améliorations qui modifient la qualité de vie de manière hétérogène. Chapitre VI : Le vêtement populaire L'étude vestimentaire constitue un apport intéressant pour appréhender la culture matérielle car elle confronte l'individualité aux mimétismes sociaux. Le XVIIIème Siècle, marque la naissance de l'accumulation vestimentaire. Le vêtement apparaît comme un bien à part entière. Il évolue vers un meilleur confort : Variétés de tissus, nouvelles formes. [...]
[...] La lecture, en rupture avec l'oralité et les loisirs traditionnels, placent l'individu en position d'actif échange sa perception ainsi que la physionomie de l'espace urbain (affiches, enseignes, numérotations, noms des rues). En définitive, nombreux sont les moralistes à s'inquiéter des bouleversements pouvant être consécutifs à ces changements. Chapitre VIII : Manières de vivre L'auteur s'intéresse aux relations privilégiées, dévoilant l'influence de la sociabilité citadine et celle d'user de l'espace. Pour cela il étudie l'organisation de la vie dans les lieux quotidiens ainsi que sa pratique. Les sources viennent d'inventaires et de la morgue. [...]
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