Les guerres de religion ont été le théâtre d'une division remarquable par sa durée et par son intensité, au sein du Royaume de France. Sur quels éléments peut-on se baser pour comprendre le processus de rupture qui a amené tout un pays à s'entre-déchirer pendant près d'un siècle ? En se penchant sur les origines d'une gestuelle de la violence à la fois extrême et ritualisée, tant du côté catholique que du côté protestant, l'auteur dégage les schémas mentaux et les dynamiques collectives qui peuvent mettre en lumière les déterminations de la rupture religieuse, car "L'évènement de l'acte ou individuel ou collectif de violence est discours sur la violence".
Un premier livre s'attache au "Temps du triomphe de la guerre" qui s'étend de 1525 à 1572, période de montée de violences opposant un catholicisme marqué par un prophétisme agressif, et une très forte angoisse eschatologique, un protestantisme attaché au contraire au désenchantement d'un monde idolâtre, et préparant la venue de la véritable Parole. À ce cycle succède "Le temps du repli de la violence" - amorcé par la Saint-Barthélemy qui marque l'apogée et la fin des mouvements amorcés dès les années 1520 - qui voit se développer un complexe de barbarie, la culpabilisation d'une violence désormais intériorisée par le fidèle.
Dans le premier livre, le premier chapitre montre comment, par le biais de la représentation catholique de Dieu et du monde, on peut appréhender à partir du fait religieux lui-même, les mécanismes ayant conduit au conflit. Parallèlement, le chapitre VII, s'attachant à la problématique de l'iconoclasme, se penche sur les schémas spirituels et mentaux des huguenots, à travers leur mise en oeuvre violente.
Le point d'exacerbation de la violence se situe en la Saint Barthélemy, laquelle est marquée par une double dynamique : elle est à la fois acte de réaffirmation du pouvoir royal et paroxysme d'une violence populaire ; dynamique qui se concrétise dans les deux massacres successifs, partant d'une volonté royale d'anéantissement des nobles protestants pour dévier vers une violence mystique de "l'Exister-en-Dieu". C'est là le sujet des deux premiers chapitres du second livre (...)
[...] Le T qui marque les médailles crées à la suite du massacre, toujours dans l'optique d'une apologie du pouvoir royal, symbolise chez les hébreux la lettre finale, qui serait consommation finale de l'hérésie et victoire définitive. Ce T royal, en fondant symboliquement la barbarie collective dans la violence divine incarnée par le roi, va à l'encontre d'une aspiration à poursuivre plus loin une violence prophétique qui s'est senti et se sent alors toujours spoliée. Dès lors apparaît un nouveau rapport de force qui déterminera la suite des guerres de religion. [...]
[...] -En marge de la justice du roi, la violence prophétique Ce grand rituel de châtiment eschatologique est marqué par force symboles qui en clarifient la compréhension. En effet, se réclamant de cette violence, les parisiens adoptent le port de la Croix : cousue sur les vêtements et chapeau, cette croix frappée des mots Jesus Maria se veut être une investiture christique en chacun des violents du 24 août 1572. Constituant une armure de Dieu la croix sur soi est le signe d'une croix dans l'intérieur, le signe d'un être qui ne vit que dans l'amendement et la pénitence et qui chemine sa vie et donc sa violence dans le sacrifice christique. [...]
[...] Ici aussi le massacre devient politique, une réponse à une visée de renversement de l'Etat. Les secrètes réunions de la Cause, décrites par Charpentier, renforce la fiction du complot : Les propos qui s'y tenoient n'estoient que guerres et esmotions. En public ilsz mettoient en avant le pretexte de religion, en secret ilsz ne bastissoient rien que guerres et dissensions. -Un chaînon manquant ? Ces deux textes apologétiques qui offrent une reconstruction historique schématique visant à devancer les accusations protestantes. [...]
[...] L'indice d'une autre histoire : Dieu ou la violence des innocents -Du hasard à la nécessité : En commençant des recherches anarchiques, sans grille idéologique ni problématique préalable, l'attention de l'auteur se porte sur de micro évènements récurrents dont émerge peu à peu une problématique : l'intervention enfantine dans les rituels de violence catholiques. Dans de nombreux cas, dès 1562, de petits enfants »interviennent dans l'exécution de huguenots, notamment dans le Sud du royaume (Toulon, Marseille, Avignon étudiés p.77), violence qui ne peut être assimilée à un mimétisme enfantin car intervenant dans le cadre d'une véritable délégation de la violence de la communauté acte d'une très forte valeur rituelle, précipité de la violence catholique, marquant un acte rituel coupé du temps quotidien, temps de recul face à l'action de Dieu. [...]
[...] Pour répondre à cette problématique du roi menacé, les polémistes catholiques vont développer l'idée du complot. Après l'attentat manqué contre Coligny (22 août), du Faur de Pibrac décrit les huguenots exprimant des sentiments contraires au devoir inné d'obéissance au prince souverain complotant contre l'autorité un hardy et estrange desseing On va ainsi chercher à démasquer une conjuration huguenote qui aurait pour but l'extermination du roi et de la famille royale. Toutefois le méfiance et la haine catholique se concentre sur un personnage clé, bouc émissaire de cette propagande dès 1568 : l'Amiral Coligny. [...]
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