Joêl Cornette montre d'abord la personnalité et la fonction d'Omer Talon, puis analyse la mise en pratique de la justice au moment d'un événement exceptionnel, les Grands Jours de Poitiers en 1634, enfin il met en évidence les conflits d'autorité entre le Parlement et le Roi, dont certaines crises avant la Fronde sont le révélateur. Je tenterais ici de rétablir le plus fidèlement possible le raisonnement de l'auteur, en évoquant plus rapidement les éléments généraux des 2e et 3e parties, pour m'attarder plus longtemps sur le personnage d' Omer Talon, afin d'établir surtout, comme le veut Cornette, une histoire de la personne
[...] Omer Talon, dans ses Mémoires, parle d'un simulacre de justice: en théorie, la justice du roi est redoutable, mais elle ne peut être appliquée. Omer Talon accuse les collusions des officiers, les solidarités locales, et le chantage. La critique est d'autant plus vive, qu'il s'agit, pour les officiers royaux, de se faire reconnaître socialement comme une noblesse de robe, qui a une autorité judiciaire et une utilité, dans une société dont le droit est largement bafoué par les principes aristocratiques. [...]
[...] Ces deux héritages forment la tradition et sont en fait le fondement du savoir. A l'opposé, il est intéressant de remarquer le rejet de la culture de cour (théâtre, romans), synonyme de frivolité, contraire à l'image du magistrat que se fait Omer Talon. Mais Omer Talon ne peut se comprendre indépendamment du milieu social, familial et professionnel, dans lequel il évolue et qui lui a permis d'exercer son office. Au temps Omer Talon, un individu n'est rien, seule la famille existe. [...]
[...] En fait, je pense que le livre est tout à fait pertinent quant aux conclusions que Cornette tire, le seul problème réside dans le fait que l'auteur énonce des structures méthodiques dans lesquelles il ne s'enferme pas: premièrement, son histoire personnelle débouche sur des conclusions générales, et ensuite ses conclusions ne sont pas seulement le fruit du témoignage particulier. Cornette a également recours à d'autres sources: par exemple les registres criminels lors des Grands Jours de Poitiers, ou bien tous les écrits concernant les théories politiques sur la raison d'Etat, la servitude volontaire, ou la monarchie tempérée, qui sont réellement les éléments de base pour l'auteur, afin de connaître le contexte général. [...]
[...] Omer Talon préfère peut-être se réfugier dans la conception du magistrat idéal qu'il s'est forgée. Omer Talon choisit la neutralité, le service impersonnel (détachement du magistrat de tout lien affectif ou de fidélité), la théorie de la servitude nécessaire. Après avoir approché la personne d'Omer Talon, Cornette examine la pratique effective du droit par les magistrats, à occasion des Grands Jours de Poitiers. II. La pratique effective du droit par les magistrats A partir de là Cornette s'éloigne quelque peu de son principal objectif, qui est d'étudier la personne d'Omer Talon, pour privilégier l'analyse des structures et de la pratique judiciaire au XVIIe siècle. [...]
[...] Pour Omer Talon, l'apparence du pouvoir est tout aussi importante que son essence. C'est pourquoi on voit bien dans ses textes, le soulèvement parlementaire lorsque le roi introduit de nouvelles procédures ("novelletés") pour affirmer son autorité selon la raison d'Etat, face à un Parlement garant des traditions. En fait, le cérémonial, comme on l'a également vu au cours des Grands Jours, exprime l'essentiel du système de conventions qui définit et fonde l'autorité publique. A travers les Mémoires la dialectique et le changement de l'autorité s'exprime par le jeu de la couverture ou non de la tête. [...]
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