Concile de Trente, Alain Tallon, Paolo Sarpi, nouvelle Europe catholique, Réforme tridentine, colloque de Ratisbonne, humanisme érasmien
Alain Tallon se penche ici sur le Concile de Trente. Evènement pourtant méprisé par ses contemporains, il a une grande importance historique en devenant la « charte » de la nouvelle Europe catholique. C'est aussi un moment charnière, héritier des aspirations à la réforme, dernier concile de la Chrétienté, mais aussi premier concile des Temps modernes, faisant face à la division confessionnelle. Il nous a laissé une impressionnante ampleur documentaire qui montre que les princes, les ecclésiastiques, les théologiens, et même une certaine« opinion publique » s'y sont intéressés.
Il a aussi une épaisseur historiographique que nous rappelle A Tallon, rythmée par les questions que chaque époque lui pose. Depuis son premier historien, le Vénitien Paolo Sarpi (Histoire du Concile de Trente, Londres, 1619). Mais du quatrième centenaire de l'ouverture (1945), et de son souci de reconstitution des détails des événements conciliaires, dans un mélange de positivisme, de providentialisme et de triomphalisme romain, on est passé à des interrogations plus larges. Dès 1963, un colloque marqué par Hubert Jedin et sa monumentale Histoire du Concile de Trente, de nouvelles questions apparaissent sur l'éthique économique, l'oecuménisme, l'application locale des décisions conciliaires.
[...] Il meurt en novembre. Le nouveau pape Jules III s'appuie alors sur l'empereur pour lancer la deuxième période du concile. C'est vite l'impasse autant dans le dialogue avec les protestants vaincus et présents (octobre 1551 : réaffirmation de la transsubstantiation) que sur les mesures disciplinaires. La guerre de Maurice de Saxe menace le concile qui vote sa suspension le 28 avril 1552. C'est la fin de la phase impériale. Il réapparaît en raison de la crise politique et religieuse de la France après 1559. [...]
[...] Diversité sociale d'abord. Dans les suites (composées de clercs, mais aussi de laïcs, plusieurs centaines voire plusieurs milliers de personnes au total en dernière période) qui accompagnent les prélats, on trouve celle d'Ugo Boncompagni (futur Grégoire XIII), du diocèse de Vesti dans les Pouilles qui n'a que 7 compagnons, quand Hercule Gonzague en a 160 et Guise 80. Cet afflux, semblable à une grande cour laïque avec la présence des ambassadeurs, provoque une forte hausse de prix dans une ville de moins de habitants. [...]
[...] Ils doivent être réguliers pour obtenir une aide efficace de la grâce dans le combat quotidien : d'où la nécessité post- tridentine de la fréquente communion. Les pères conciliaires maintiennent leur nombre à 7 (protestants : en insistant sur l'eucharistie et la transsubstantiation (XIII° session octobre 1551) ; de même que le sacrifice de la messe, réitérant celui de la Croix (XXII° session septembre 1562 ; protestants : un seul sacrifice). Ce concile est avant tout une réponse à Luther ; il néglige le pluralisme théologique de la réforme. [...]
[...] Paul III est à la fois un pape de la Renaissance (mécène ; il offre Parme à son fils) et moderne Il comprend que la papauté doit prendre la tête de la réforme et devenir le père commun de la Chrétienté par une neutralité dans les conflits entre princes. Le schisme anglais de 1534 joue certainement un rôle dans ce retournement. Le concile est donc convoqué le 2 juin 1536 par la bulle Ad Dominici gregis curam, pour le 23 mai 1537 à Mantoue. Il ne s'ouvre finalement que le 13 décembre 1545 à Trente, avec 35 participants seulement. C'est une conjoncture favorable qui permet alors son ouverture : François Ier et Charles V s'apprêtent à la guerre avec des puissances protestantes qu'ils n'ont plus besoin de ménager. [...]
[...] Calvin publie en 1547 un Antidote, le luthérien Martin Chenitz un Examen concilii tridentini, monumentale réponse théologique et scripturaire aux décrets. p : Force d'un sentiment anti-luthérien prédominant sur tout autre : l'humaniste Gentian Hervet rapporte à ses confrères qu'à Paris, un théologien veut supprimer les Épîtres de Paul, puisque Luther affirme qu'elles lui donnent raison. p : Tensions dans l'Église selon Paolo Sarpi. Selon Eustache du Bellay, le nouveau est la doctrine de l'absolutisme pontifical, et non de vieilles et respectables théories ecclésiologiques (conciliarisme, épiscopalisme) mises désormais sur le même plan que l'hérésie. [...]
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