Commentaire de texte : Guibert de Nogent, De Vita Sue, éd. G. Bourgin, Paris, Picard, 1907 : « Les premiers chartreux »

Résumé du document

Le XIème siècle fut marqué par un vaste mouvement réformateur. Appelée « Reforme Grégorienne », du nom de Grégoire VII, pontife de 1073 à 1085, cette réforme eut pour but de remodeler une Eglise trop souvent aux mains des laïcs. Mais ces changements ne furent possibles que grâce à un élan spirituel important, au sein du clergé séculier, régulier, comme au sein des laïcs, qui aspiraient eux aussi à un clergé de meilleure qualité. L'ordre des chartreux que nous allons ici étudier, répondit à sa manière aux aspirations du temps. St Bruno apporta une solution à des questions qui marquaient profondément la société, si imprégnée de religion chrétienne. C'est pourquoi nous pouvons nous interroger, en étudiant ce texte sur les premiers chartreux, sur ces réponses aux aspirations du temps. Nous pouvons aussi nous demander ce qui fait l'originalité de l'ordre des chartreux, en quoi fut-il différent des autres et en quoi fut-il proche d »autres qui vinrent peu de temps après, comme l'ordre des cisterciens. Pour tenter de répondre à ces questions, nous étudierons dans un premier temps l'organisation de l'ordre des chartreux puis, dans un second temps, les aspirations spirituelles de l'ordre.

Extraits

[...] Pour tenter de répondre à ces questions, nous étudierons dans un premier temps l'organisation de l'ordre des chartreux puis, dans un second temps, les aspirations spirituelles de l'ordre. L'Eglise médiévale est partagée entre clergé régulier et séculier et il existe, au sein du clergé régulier, plusieurs modes de vies et plusieurs règles. Le mode de vie cénobitique est celui qui prédomine, suivant l'exemple de Cluny, fondée en 909 et rayonnant au XIème siècle. Pourtant, à la vie en communauté, beaucoup préfèrent l'érémitisme, la fuite, seul, du monde. [...]

[...] Il s'inscrit dans le cadre d'une Eglise qui doit, et qui souhaite, répondre à une foi plus profonde et plus sincère des laïcs. Ce texte se présente comme une description de l'ordre à travers une sorte d'autobiographie de l'auteur. L'enthousiasme de ce dernier explique peut- être quelques incohérences (comme celle des livres) et quelques doutes, exprimés même par l'abbé aux lignes 27 et 28, au sujet des messes entendues seulement le dimanche et lors des fêtes solennelles. Ainsi, même si ce texte pourrait être une bonne source au sujet des chartreux, peut-être en devons-nous nuancer la portée, devant l'enthousiasme de l'auteur. [...]

[...] Nous remarquons ici que l'auteur Guibert de Nogent, contemporain de l'ordre, respecte et félicite ce choix, ce qui peut laisser entendre un certain succès de l'ordre. Bruno fut d'ailleurs sanctifié après sa mort. Ce succès se traduit peut-être aussi par des donations refusées qui apparaissent dans le texte aux lignes 24 et 25 ils n'acceptent de quiconque ni or ni argent, ni objets sacrés Pour conclure, nous pouvons dire que l'ordre fondé par Bruno est bien la concrétisation de nouvelles aspirations. [...]

[...] Commentaire de texte: Guibert de Nogent, De Vita Sue, éd. G. Bourgin, Paris, Picard, 1907: Les premiers chartreux Le XIème siècle fut marqué par un vaste mouvement réformateur. Appelée Reforme Grégorienne du nom de Grégoire VII, pontife de 1073 à 1085, cette réforme eut pour but de remodeler une Eglise trop souvent aux mains des laïcs. Mais ces changements ne furent possibles que grâce à un élan spirituel important, au sein du clergé séculier, régulier, comme au sein des laïcs, qui aspiraient eux aussi à un clergé de meilleure qualité. [...]

[...] Pourtant, même si les Chartreux choisissent cette vie isolée et dure, ils n'ont pas pour objectif de travailler la terre pour se nourrir (comme le firent les cisterciens) et ils reposent néanmoins sur le procureur [qui] leur remet leurs provisions ce que nuance le choix d'une vie complètement isolée. Le travail des chartreux est d'ailleurs d'ordre spirituel et non manuel, puisqu'ils s'illustrent dans la bibliothèque très riche (l.38). Leur choix de vie est néanmoins suffisamment différent pour que l'auteur, Guibert de Nogent, abbé lui-même, relève ces différences. [...]