La Cornouaille et notamment Quimper vivent une fin de XVIe siècle difficile. En effet, la région est touchée par les conflits religieux entre catholiques et protestants, mais aussi par la famine, la peste, ainsi que par les loups. Cela va donc engendrer de graves misères sur les situations humaines, économiques et démographiques de la région. Jean Moreau, né en 1552 à Quimper, est alors chanoine de Cornouaille. Il est aussi l'auteur de « Mémoires du chanoine Jean Moreau sur les guerres de la ligue en Bretagne », dont nous avons ici un extrait, de l'édition de Waquet, où il conte les événements ayant eu lieu à Quimper et sa région. Il est important de noter qu'il est ligueur, et qu'il est donc pro-catholique. Il voit donc dans les fléaux qui touchent la Bretagne, la punition providentielle des vices qu'engendre l'opulence. Il critique alors l'ensemble de la société, aussi bien la débauche et l'impiété de la noblesse, que l'avarice et de l'ambition du clergé, qui s'oppose aux vœux religieux qu'ils sont censés avoir passé, mais il critique aussi les paysans, enrichis et arrogants qui peuvent, par moment délaisser leur croyance catholique. Il est donc un témoin contemporain de l'embarras dans lequel se trouve la région à l'aube du XVIIe siècle, ce qui donne une réelle force à ce document, même si le fait qu'il soit clerc, puisse déformer la réalité de ses dires, en temps de guerre de religion. Quelle valeur devons nous donner à ce document, qui nous présente les difficultés subies par Quimper et sa région vers la fin du XVIe siecle ? Nous commencerons par étudier les causes premières de ces difficultés, puis nous nous pencherons sur l'arrivée de deux fléaux singuliers : la peste et les loups, et nous conclurons par tenter de comprendre quel est le but supposé de ce document, en plus de celui de conter les événements.
[...] Bien que l'épidémie débutât toujours dans les quartiers portuaires pauvres et insalubres, on réalisa très vite que la mort frappait sans distinction sociale ou sexuelle et l'égalité devant la mort devint le thème des danses macabres dans lesquelles nobles et manants, laïcs et clercs se tiennent par la main en une ronde infernale entraînée par des squelettes. Là, cela contredit un peu l'autre . e. Les Loups : L'incarnation habile du mal On remarque que le problème des loups est prépondérant dans le texte. Cela est peut-être dû au fait qu'ils soient personnifiés ou qu'ils étaient perçus comme, à l'origine, évitables. En effet, on remarque tout d'abord leur arrivée, après la guerre et la famine, une fois qu'une partie de la population est déjà décédée. [...]
[...] Par la peur, il veut donc attirer ou ré attirer les catholiques, contre lesquels Dieu est irrité (11). On peut aussi évoquer la culture macabre très présente à cette époque et qui est caractérisée, par tous les événements précédemment évoqués. De plus, autant le chanoine personnifie les loups et la peste, autant il animalise les hommes, comme nous le prouvent les lignes 49 à 63, où il évoque la perte du bétail qui rend difficile le travail de la terre et qui favorise l'arrivée rapide de la famine. [...]
[...] Nous avons donc ici, un éventuel élément déclencheur, car la guerre et les pillages essentiellement liés aux soucis religieux, ont ravagé la Cornouaille et le reste de la Bretagne, tant en ce qui concerne les terres, qu'en ce qui concerne les hommes (La Fontenelle à Pont Croix et Penmarch Quatre années terribles vont s'en suivre. La famine, la peste et les loups s'attaquent à la Cornouaille et c'est précisément ce que nous développerons plus tard. Voila pourquoi 1597, est perçue comme une année de Paix, pour la Bretagne, car on remarque un ralentissement des conflits entre catholiques et protestants, avec notamment le ralentissement des exactions de la Fontenelle, qui s'arrête définitivement en 1598. On se rapproche aussi de l'édit de Nantes du 13 avril 1598 tout se calme au fur et à mesure. [...]
[...] Cela montre à quel point le peuple est crédule, mais aussi à quel point le loup leur semble si sagace et si dévastateur, qu'il ne peut être qu'un être humain ressuscité par la faveur divine. Les loups donnent aussi l'impression au peuple, d'être des sorciers (101 à 106) mangeurs d'enfants non baptisés (qui iront donc dans les limbes), et attaquant de préférence les femmes enceintes (108 à 116). On comprend alors l'importance du surnaturel et du mythe à l'époque dans un monde rural fermé, très imprégné de religiosité. La perspicacité de ce fléau est aussi marquée, par de multiples fois, l'association d'attaque de loup et de gorge. [...]
[...] Il n'est cependant pas risqué de se laisser dire que les plus pauvres sont les plus touchés. En effet, cela se comprend aisément, ce sont eux les premiers touchés par les difficultés de récolter les céréales, du fait du manque de bétail déjà évoqué (lignes 49 à car se sont eux les premiers touchés par les guerres et le brigandage. Lorsqu'ils tentent de fuir vers les villes, ce problème de subsistance les poursuit, et met en difficulté, d'autres citadins, car la crise de subsistance se généralise, comme nous le prouvent les lignes 5 à 8. [...]
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