L'un des thèmes principaux de L'Ancien régime et la révolution est la centralisation en France en 1789, puisque Tocqueville la décrit et l'étudie comme un facteur de la révolution. La centralisation est donc antérieure à la révolution selon l'auteur et son propos est de montrer comment la France d'avant 1789 s'organisait, sujet en général assez mal connu, pour déceler les causes structurelles (livre II) mais aussi immédiates (livre III) de la révolution française. Il a étudié pour cela en profondeur le fonctionnement, les vices, les bases sociales et politiques de la centralisation, mais surtout il s'est intéressé à comment elle a pu mener, parmi d'autres causes, à la révolution
[...] Dans chaque province ou pays d'élection, est envoyé un ministre. C'est de lui que dépend directement l'intendant, qui dirige la vie administrative au niveau de la province : il fait son rapport régulièrement au gouvernement central, on l'appelle le commissaire départi puisqu'il est l'exécutant de la volonté du conseil en province. (Nous verrons par la suite qu'au fil du temps, ses rapports deviennent de plus en plus détaillés, le gouvernement décidant de contrôler tous les domaines de la vie en province, comme par exemple les techniques agricoles.) Au niveau du canton enfin, le subdélégué est soumis de la même manière à l'intendant. [...]
[...] Ainsi, Tocqueville parle d'un nouvel asservissement des paysans, malgré le fait qu'ils sont libérés des contraintes du système féodal et qu'ils sont devenus propriétaires ; en effet ils se retrouvent totalement coupés des autres classes, et les campagnes sont désertées par les classes qui y vivaient auparavant. La passion de la propriété foncière a disparu au profit de celle de la vénalité des charges. Désormais, si un paysan acquiert un peu de bien il envoie ses enfants à la ville et leur achète une charge. Ce processus de désertification des campagnes est donc une conséquence directe de la centralisation qui isole les ruraux en leur imposant le gouvernement central comme unique relais du pouvoir. [...]
[...] En effet, elle changeait tout des coutumes et des usages, et mit une grande confusion dans le gouvernement administratif. Au moment de la révolution, cette centralisation qui avait trop oppressé les Français fut détruite. Tocqueville explique cela par une haine violente des inégalités et le goût de la liberté. Cependant lorsque le désir de libertés se fut amoindri, il apparut clairement que la centralisation était la forme de gouvernement qui convenait le mieux à un pouvoir fort, voire despotique, qui avait l'obsession de l'égalité. [...]
[...] Ils réclament, pour certains, le droit de la nation à voter l'impôt, la garantie individuelle, et donc, dénoncent le despotisme. Ainsi le clergé ou du moins une partie de celui-ci, montre en 1789 un certain esprit d'indépendance et l'on pourrait croire qu'il est assez proche des paysans, cependant à la fin du 18e siècle, ils sont encore séparés par l'inégalité devant l'impôt. Pour ce qui est de la bourgeoisie, elle est décrite comme une classe qui n'avait jamais été plus divisée intérieurement par de petites rivalités de privilèges, par cette passion des offices sans cesse rachetés et perdus, qui tente par tous les moyens de maintenir ses privilèges au détriment des classes inférieures pour ne pas être confondue avec celles-ci. [...]
[...] Tocqueville montre donc que les différentes classes sont devenues étrangères les unes aux autres, et que cela est une conséquence majeure de la centralisation qui précéda la révolution, car, en divisant les hommes par l'impôt et le droit de travailler, le gouvernement s'offrait la possibilité de mieux les gouverner et de ne jamais se retrouver confronté à une coalition prête à défendre ses intérêts contre le gouvernement. Après avoir dressé cette sorte de typologie des classes, il est intéressant de se demander ce que recouvre chez Tocqueville la notion de classe. On comprend donc que dans le livre II que l'auteur utilise beaucoup la notion de classe, mais il est difficile de comprendre ce qu'elle regroupe, car ce n'est ni un groupe économique ni un ordre. C'est un ensemble d'individus qui partagent la même fonction sociale déterminée par le jeu des institutions. [...]
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