Ayant pour seules sources les écrits philosophiques du XVIIIe siècle tels Montesquieu, Voltaire et Rousseau auxquels il consacre la première partie de son ouvrage, Bernard Groethuysen, tout au long de son essai, cherche à démontrer que la Révolution Française a sa philosophie propre, bien qu'inspirée par l'héritage des Lumières. Il cherche, dans son sixième chapitre, à prouver que la notion de droit est le ciment du moteur du mouvement révolutionnaire ; Parti de ce postulat de base, il va montrer comment le concept abstrait et pluriel de la notion de droit va devenir réalité à travers la Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen, parcourant l'évolution de la pensée révolutionnaire.
[...] La seule égalité qui est ainsi reconnue c'est l'égalité en droit, puisque de la même façon que tous les hommes sont égaux devant la loi naturelle, les citoyens doivent être égaux devant la loi de la société, l'Etat trouve alors son rôle : protéger et garantir les droits de chacun et ainsi devenir l'arbitre entre les hommes en fixant les limites de la liberté de chacun. L'état de société que reconstruit le mouvement révolutionnaire se base donc, selon Groethuysen, sur une reproduction de l'état de Nature. [...]
[...] Cette position pose d'emblée une série de problèmes : en premier lieu les résultats dépendent de deux facteurs incertains : l'état des archives et l'objectivité du chercheur, d'autre part, les archives peuvent tout aussi bien légitimer le despotisme que la République. Enfin, puisque les droits vont de pair avec les devoirs, il semble difficile de revenir à une situation passée lorsqu'on veut bâtir l'avenir sur la notion de Justice, d'autant plus que ces situations passées vont devoir être imposées de nouveau et rien ne prouve qu'elles dureront après la révolution. [...]
[...] Les droits naturels sont l'expression, chez l'homme, de la Loi naturelle, celle qui donne un sens à la création. Partant de ce constat, Bernard Groethuysen affirme que le droit naturel doit être perçut selon une conception téléologique, comme il l'exprime : elle est la "conscience d'être en harmonie avec un tout, avec la nature, d'appartenir en tant qu'homme à cette nature ; c'est le bonheur de retrouver toujours en chacun le sens qu'à le tout." La Nature a un sens, que l'homme partage en tant que membre de cette Nature, cependant le détachement de la Nature, de sa nature, opéré par l'Homme devient contre-nature, seul le retour aux droits naturels dans un état de société non basé sur l'individualisme et le rapport de dépendance peut permettre à l'homme de retrouver son but originel et ainsi renouer avec la Nature, avec sa nature. [...]
[...] Non." La Révolution Française, en cherchant le retour aux droits naturels, trouve sa légitimité dans la nature universelle de l'homme qu'elle défend, d'où l'universalité de sa lutte, de sa Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen. Il faut retrouver la nature de l'homme et la laisser s'exprimer dans l'état de société grâce au droit, dans la tradition de Rousseau : l'homme est libre et l'égal d'autrui. Seul l'homme juridique est naturel en société, quelle que soit la conception que l'on ait de l'homme, il est sujet aux lois, et donc au droit. [...]
[...] En parallèle des recherches pour le droit positif, on recherche alors "dans les archives éternelles de la Justice et de la Raison", seuls les droits naturels sont imprescriptibles, indestructibles, universels à tous les hommes, à toute Nation et en tout temps. Petit à petit, les droits naturels prennent le dessus, notamment grâce au soutien apporté par les philosophes, sur les droits positifs jugés trop malléables par la volonté. Cette situation est le point de départ de la réflexion de l'auteur. L'axe de recherche et l'essence des droits étant fixés, il faut trouver les droits reconnus comme naturels, deux notionsapparues sont la plume des philosophes, s'imposent : la liberté et l'égalité. [...]
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