La majeure partie des recherches d'Yves-Marie Bercé, historien et archiviste français, a concerné les mentalités du peuple ainsi que les phénomènes de violence populaire à partir du XVIe siècle. Aussi propose-t-il dans ce livre de dégager, à travers la définition puis la description des fêtes populaires, les raisons de l'intrusion de la violence dans ces phénomènes sociaux.
Apanage des jeunes gens, ces fêtes, sans cesse modifiées, avaient une valeur politique, religieuse et agraire. Caractères principaux des sociétés des XVIe et XVIIe siècles, l'insécurité, traduite par la dévotion et compensée par l'abondance de nourriture, ainsi que la hiérarchie fixiste, représentée par les parades sociales, ressortaient de ces coutumes populaires.
Mais il convient d'estomper quelques lieux communs. Tout d'abord, la majorité des composants des fêtes n'était pas déterminée par les époques précédentes, mais venait de se mettre en place sous Louis XV et Louis XVI. Le mythe de l'ancienneté est donc à revoir. Ensuite, il n'y avait pas de retour fixe et daté des fêtes chaque année ; celles-ci variaient selon les bonnes années, où l'on trouvait le temps et le coeur à festoyer, et les mauvaises années, où la famine, la guerre ou les épidémies causaient une rupture, une pause. Enfin, en présupposant que les fêtes n'avaient pas de coloration politique, il paraît peu cohérent d'expliquer la présence de révoltes contre le pouvoir au sein de ces réjouissances. Il n'y a donc pas de science de la fête.
Par conséquent, comment le désordre et l'émeute pouvaient se glisser dans les fêtes, et comment la longue désagrégation de ces mêmes fêtes est-elle intervenue ? Il convient tout d'abord de décrire les fêtes et leur lien avec la violence, avant de dégager des points communs à travers un catalogue de fêtes changées en révolte, pour enfin expliquer la suppression progressive des coutumes populaires dues à l'intervention de la politique (...)
[...] D'autre part, les foires, marchés et tout événement furent alors interdits le dimanche, interdiction qui fut longue à s'appliquer : les mentalités populaires ne pouvaient pas changer en une génération. Les Grands Jours d'Auvergne et de Clermont marquèrent la prise de conscience du gouvernement de l'écart entre le clergé réformé et la morale -religieuse ou non- populaire (voir détails p.170 + doc p.211 : cour, faisant droit sur les conclusions du procureur général du roy ordonne conformément aux ordonnances que les danses publiques et les fêtes baladoires seront et demeureront supprimées La persécution des fêtes baladoires : Outre leur caractère profane, les fêtes baladoires étaient supprimées par des arrêts en 1665-1667 (détails p.171) en raison de la violence engendrée. [...]
[...] Cependant ces fêtes politiques ne se maintinrent pas car pour la masse populaire elles ne reflétaient en rien leurs traditions. Alors que dans le milieu rural, plusieurs coutumes dépérissaient, certaines, telles que les charivaris et l'utilisation de l'effigie d'un bouc émissaire, étaient reprises à des fins politiques. La politique est sans doute l'élément déclencheur qui va entraîner la disparition progressive des fêtes La fin des triomphes citadins : Quatre modèles de fêtes citadines : Ces triomphes servaient à montrer la puissance de la communauté, tout en la vénérant. [...]
[...] Lorsque le choix des boucs émissaires est systématique et récurrent, on peut soupçonner la présence de propagande (propagande protestante quand les boucs émissaires de la fête sont le Pape ou le clergé parasite La propagande est généralement religieuse ; dans les villes catholiques, on perçoit la volonté d'exhiber la piété à travers ces fêtes, qui sont l'occasion de montrer l'enthousiasme des foules pour le catholicisme, et dans les cités reformées, les fêtes sont marquées par la satire des caractéristiques du catholicisme. Le rire et la fête constituent donc de véritables instruments pour faire passer des messages subversifs. Les mariages de la fête et de la révolte : Des éclats de violence spontanés et irréfléchis pouvaient avoir lieu quand survenait un phénomène de compréhension intuitive de la propagande. [...]
[...] La jeunesse commençant à déserter les villages, on s'explique mieux la baisse des contestations dont ils étaient les principaux acteurs. La disparition des contestations fut un facteur central du lent dépérissement des assemblées populaires. Pour mettre fin à toutes les idées reçues, les traditions populaires, même si elles présentent des constantes, n'ont jamais été invariables et ne sont jamais provenues d'un passé immémorial Ces coutumes et fêtes ont progressivement disparu à cause de l'action des autorités religieuses et politiques, notamment pendant la période de la Révolution. [...]
[...] Il suffisait donc d'insister, dans une requête pour le rétablissement d'une fête, sur le lien de ces rites avec la prospérité d'un lieu (p.123). La politique n'est pas le seul facteur de la lente disparition des coutumes populaires, la religion y tient un rôle central La religion populaire persécutée : La religion dans laquelle baignaient les fêtes était familière, chargée d'espérances, sentimentale et captivante. Mais après les réformes du XVII, ces tendances de l'Eglise furent jugées scandaleuses, ce qui entraîna la critique et la suppression des coutumes et des fêtes. [...]
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