Ce livre relate un épisode peu connu jusque-là de l'Histoire : la conversion de plein gré ou subie de milliers d'Européens à l'Islam en Afrique du Nord et dans tout l'Empire Ottoman. Les auteurs y étudient et y analysent le rôle de ceux qu'on appelait les renégats dans le monde musulman, les conditions de leur capture, de leur reniement volontaire ou de force, leur carrière, leur intégration, les circonstances de leur retour dans la Chrétienté (lui aussi volontaire ou non) et leur réintégration dans le monde chrétien. Les Chrétiens d'Allah se construit en trois grandes parties : la première se constitue de six histoires individuelles, de six récits réguliers montrant la spécificité de chaque renégat et en même temps leur destin croisé, puisque chaque histoire peut avoir été vécue par d'autres du moins dans les grandes lignes. La deuxième partie s'appuie sur l'étude de 1 550 individus formant les dossiers d'Archives auxquels ont accès les auteurs, et d'après lesquels ils émettent des hypothèses, tirent des conclusions permettant de mieux comprendre l'Histoire de ces renégats. La troisième partie tente de poser le problème de la double appartenance de ces Européens néo-musulmans au sein des pays islamiques mais aussi à leur retour en terre chrétienne. Il est à noter que le corpus sur lequel s'appuie cette étude est avant tout d'origine judiciaire et provient des archives des tribunaux inquisitoriaux qui jugeaient les renégats de retour en Chrétienté, et dans une moindre mesure des chroniques des contemporains. L'étude est limitée à la période de 1550 à 1700.
[...] Une telle réflexion est difficile surtout que pour l'interprétation, il faut faire appel à l'étude de perceptions : or il reste difficile de savoir si le retour en terre chrétienne est sincère ou non, tout comme les déclarations des renégats qui sont souvent guidés par la peur de la sentence. Les auteurs en ont bien conscience, c'est pourquoi ils préfèrent parfois, plutôt que de tirer des conclusions, proposer des hypothèses ou des interprétations qui ne sont pas irréductibles. Bibliographie sur le sujet BENNASSAR Bartolomé et Lucille, Les Chrétiens d'Allah, l'histoire extraordinaire des renégats XVI-XVIIe siècles, Perrin DAVIS Robert C., Christian Slavers, Muslim Masters. Slavery in the Mediterranean. [...]
[...] Ils furent utilisés à tous les échelons du fonctionnement de l'Etat et notamment pour devenir janissaires (corps d'élite de l'armée turque). Les femmes des pays occupés étaient quelques- unes à passer en terre chrétienne de gré ou de force, mais moins nombreuses que les hommes. Esclaves, épouses, concubines étaient les rôles qu'on leur destinait, le mariage étant un bon facteur d'intégration, avec des unions longues et stables dont naissent de nombreux enfants. Peu d'entre elles sont revenues, à part quelques espérances de rachat ou de retour en famille. [...]
[...] Son accusation se fonde, en plus et à l'aide de témoins, sur les nombreuses omissions faites par le renégat lors de son récit de vie et celui des circonstances de son retour, car contrairement à ce qu'il affirme, il semble que c'est contre son gré et non volontairement qu'il est revenu en terre chrétienne. Il est condamné à dix ans de galères, après réconciliation avec l'Eglise. Gutierre Pantoja Hidalgo de Ségovie, enlevé très jeune et de noble naissance, fut envoyé comme esclave du sultan, au sérail de Constantinople. [...]
[...] Ce témoignage nous apprend beaucoup sur le fonctionnement du sérail et les possibilités d'ascension sociale pour les jeunes renégats au service du Grand Turc. Le sérail sert à éduquer et discipliner les esclaves du sultan. Il renia très vite, fut circoncis et habillé comme un Turc Il y resta 12 ans durant lesquels il suivit les préceptes musulmans. Au terme de sa formation il devint gentilhomme de la suite du Grand Turc. Gutierre s'est très bien inséré dans la société musulmane et est entré par la voie royale du sérail dans l'aristocratie du sultan. [...]
[...] Pour l'Europe occidentale, les enfants sur les bateaux ou aidant les soldats couraient de plus grands risques quant à la possibilité d'une capture. Les musulmans refusaient le plus souvent les négociations de rachat car ceux-ci représentaient pour eux un certain avenir. Les enfants de l'Europe orientale ont dû faire face à des razzias à grandes échelles. Leur résistance à la conversion était très courte. Certains exercèrent des métiers pour le compte de leurs maîtres, d'autres furent élevés comme un membre de la famille. [...]
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