Un livre peut être considéré comme fondateur sur les études de la Grande Peur : le livre de Georges Lefebvre, La Grande Peur, 1932 (considéré comme un classique dès sa sortie). Après cette somme remarquable, presque plus aucune étude ! Avant lui, on est resté dans l'idée que l'événement qui secoua la France de la fin Juillet à la début Août 1789 s'était déclenché à peu près partout en même temps et qu'il avait été consciemment fomenté par des éléments appartenant ou bien à la noblesse ou bien aux patriotes. Ce n'est qu'au terme de son étude que Lefebvre a pu démontrer que la Peur n'était pas un phénomène simultané, mais qu'elle consistait plutôt en une série de paniques en réactions en chaîne provenant de 5 ou 6 sources et qui se déroulaient pendant une période de 3 semaines.
Mais si cette peur à pris, c'est que l'état psychologique des français représentait un « terreau fertile », c'est du moins ce que tenta de démontrer Lefebvre (rumeur d'attaques de brigands, crise de subsistance, peur envers les étrangers et vagabonds, mendiants, vagues d'émeutes locales et espoir suscité par la tenue des Etats Généraux …). La Grande Peur selon lui fut la somme de multiple « mini-paniques locales ». Cependant il ne pense pas que la somme de ces facteurs puissent à eux même expliquer l'ampleur des évènements de fin Juillet. Il réfléchit à un « multiplicateur » d'effet qui selon lui serait la peur du « complot aristocratique », la conviction que ces groupes de nobles embauchaient les brigands. Sans ces rumeurs du complot aristocratique « la Grande Peur serait difficilement concevable » (cf Lefebvre p. 58-60).
Six ans plus tard dans son Quatre-Vingt Neuf, Lefebvre renforce son hypothèse et prétend que cette rumeur du complot peut être considéré comme fondamentale à la politisation de la France rurale ainsi qu'à l'achèvement de la « 4ème étape » des origines de la révolution, la radicalisation de la paysannerie. Cette affirmation qui n'était au départ qu'hypothèse, fut largement acceptée par les historiens (Soboul, Furet…).
[...] Les causes sont essentiellement liées à la famine. D'un côté, la Grande Peur est une crainte d'ennemis extérieurs et inconnus, de l'autre les insurrections étaient poussées par le sentiment que des individus internes étaient responsables de leurs souffrances. Le problème c'est que les députés de l'Assemblée firent un amalgame complet entre les deux lorsqu'ils reçurent les premiers témoignages. Cet amalgame eut une influence sur la nuit du 4 août. La thèse du complot aristocratique supprimée des causes de la GP, comment alors expliquer ce mouvement ? [...]
[...] La venue de troupes autour de Paris et le renvoi de Necker mirent le feu aux poudres ( idée de conspiration pour mettre un terme à la révolution ; donc le soulèvement du 11 juillet peut être considéré comme une réponse à ces rumeurs de complot. Idée renforcée par l'émigration des premiers nobles qui, croyait-on, pouvaient faire des alliances avec les puissances étrangères et revenir en France. Les rumeurs couraient alors bon train (là c'est les Anglais qui tente de débarquer, là c'est les ministres qui font augmenter le prix du grain La peur est à son paroxysme le 21 juillet. [...]
[...] comment cette peur s'est propagée en Province ? Les moyens de communication étaient restreints, les nouvelles se propageaient avec confusion, les journaux y étaient mal distribués. Seuls les députés pouvaient rapidement informer les comités locaux. Mais dans les correspondances qui nous sont parvenues, presque aucune allusion n'est faite quant aux complots, ou du moins pas avant fin juillet. Donc influence trop tardive si l'on regarde les évènements de la GP en province. Donc ici l'hypothèse de Lefebvre est contestable, à cause d'une insuffisance de documentation. [...]
[...] Cependant, après étude des documents, la connexion entre brigands et nobles ne fut pas immédiate. Au moment où la population se rendit compte qu'aucun brigand ne s'était présenté, les gens pensèrent massivement qu'on leur avait joué une mauvaise plaisanterie. Mais qui ? C'est à ce moment-là que l'on songea à la noblesse. Dans certains cas, les paysans se firent violents envers les seigneurs accusés de trahison ( dans le Vivarais, par exemple, les paysans attaquent et brûlent les châteaux. Mais un cas exceptionnel. [...]
[...] L'auteur pense que l'élément déclencheur fut la peur non pas d'un complot, mais au contraire d'une anarchie imminente. Alors que se développe un enthousiasme lié à cette révolution naissante, des peurs voient le jour, des doutes, des incertitudes quant au résultat qui sera obtenu. Les premiers mouvements de population donnèrent alors l'impression à beaucoup de gens d'un certain effondrement de l'autorité : peur d'une dérive anarchique ! D'ailleurs, les brigands incarnent dans les témoignages ce chaos, car ils détruisent, ils pillent, ils brûlent. [...]
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