Dans la première partie, l'enfantement est reconsidéré selon la conception d'une vie soumise aux cycles naturels, et répondant à la nature, sans laquelle on ne peut comprendre le sens de tous les rituels qui l'entourent. J. Gélis présente les grandes lignes de cette conception dans le premier chapitre (p.23).
On peut la fonder sur la « doctrine des signatures ».
Cette théorie remonte à l'antiquité, et est ainsi redécouverte à la renaissance : elle rejoint Hypocrate pour qui l'homme est « un exemplaire de l'univers » ; « les eaux sont à la terre ce que la sève est à l'arbre et le sang à l'homme » : on retrouve la théorie aristotélicienne.
C'est le fondement de cet univers du magisme, et de la pensée analogique dans lesquels baignaient les gens de l'époque : il existe des correspondances entre la vie humaine, le corps humain d'une part, et les cycles naturels, la terre d'autre part ; tout, dans la nature, se répond, « tout est “comme”... »
Ainsi les hommes ont-ils la volonté de décoder ce cosmos, d'y comprendre ce qui les concerne et d'agir sur elle : ils lisent le « langage de la nature », dans les mondes végétal, minéral et animal, insérant ainsi les phénomènes dans un monde symbolique.
[...] La vie de la femme tourne autour de la naissance : règles, grossesses, accouchement reviennent cycliquement. L'apparition des règles est un épanouissement du corps, leur disparition marque le début de la vieillesse. Lorsqu'elles n'apparaissent pas, ou que la femme ne peut procréer, elle porte atteinte à l'œuvre de Dieu, qui a indissociablement lié féminité et fécondité, pour le renouvellement du monde : un couple sans fruit est une aberration, il est déjà comme mort, puisqu'il n'a pas d'avenir Les femmes stériles (environ 10% des femmes) étaient donc laissées pour compte, et humiliées (voire p 38) On comprend alors toute l'importance des rites de fécondité, qui ne concernaient pas que les femmes stériles : la pression de la communauté et l'angoisse d'en être marginalisée étaient telles, que tout était fait, jusqu'à la première nuit du mariage, pour pouvoir porter un enfant. [...]
[...] 396] L'Eglise entreprit évidemment de lutter, en s'associant à la justice, contre la pratique abortive. Toutefois, le majeur problème qui se posait était celui de l'animation: à partir de quel moment s'effectuait la synthèse corps/âme? A quel moment pouvait-on considérer que l'avortement était un infanticide? Jusqu'au XVIIème siècle, l'Eglise occidentale avait estimé que l'animation était différée; cela minimisait donc l'importance de l'avortement avant l'animation. Afin de remédier à cela, à partir de la fin du XVIIème siècle, l'Eglise décréta que l'animation était immédiate, rendant toute tentative abortive synonyme d'infanticide. [...]
[...] Des rites à résonance païenne étaient parfois effectués en secret en parallèle du baptême, telle la roulade du nouveau né sur l'autel, afin de lui garantir une bonne mobilité et de prévenir d'éventuelles blessures. Finalement, le dernier passage de l'enfant, celui de l'entrée dans le cycle de la famille, se faisait à travers le don du prénom. Les noms choisis étaient en général ceux de saints (à cause de l'insistance de l'Eglise), et également ceux des ancêtres, car cela marquait ainsi la régénération de la lignée. Ce patrimoine familial était aussi un symbole d'autochtonie à une région. [...]
[...] Fiche de lecture : L'Arbre et le fruit , la naissance dans l'Occident moderne XVIe-XIXe siècle PREMIERE PARTIE : AU RYTHME DE LA TERRE Dans la première partie, l'enfantement est reconsidéré selon la conception d'une vie soumise aux cycles naturels, et répondant à la nature, sans laquelle on ne peut comprendre le sens de tous les rituels qui l'entourent. J. Gélis présent les grandes lignes de cette conception dans le premier chapitre (p.23). On peut la fonder sur la doctrine des signatures Cette théorie remonte à l'antiquité, et est ainsi redécouverte à la renaissance : elle rejoint Hypocrate pour qui l'homme est un exemplaire de l'univers ; les eaux sont à la terre ce que la sève est à l'arbre et le sang à l'homme : on retrouve la théorie aristotélicienne. [...]
[...] La mort de l'enfant ou de la mère, si elle faisait partie du quotidien, restait un drame. Pour la mère, perdre son enfant était une expérience traumatisante, et le nouveau-né ayant perdu sa mère voyait sa survie fortement compromise. Le refus de l'enfant: éviter la grossesse ou se débarrasser du fruit non désiré Il existait à l'époque moderne plusieurs moyens de contraceptions, plus ou moins superstitieux ou pratiques, afin d'éviter l'engrossement On peut citer la continence sexuelle, le retrait sexuel (ou étreinte incomplète), le recul de l'âge au mariage, l'espacement entre chaque naissance, le rapport sexuel pendant les règles, l'utilisation de condom ou de pommade spermicide (dans le milieu de la prostitution), et encore la pratique d'une messe dite sèche (messe des relevailles détournée afin de limiter la fécondité de la semence de l'époux). [...]
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