L'extrait étudié, ici, est issu de l'une des œuvres majeures de Louis-Sébastien MERCIER (1740-1814), le Tableau de Paris. Débuté en 1781, cet ouvrage est considéré comme un document irremplaçable et un témoignage pittoresque des mœurs de l'époque. Il lui valut d'ailleurs des risques de condamnations judiciaires dans sa ville natale qu'était Paris, d'où plusieurs années d'exil en Normandie pour continuer son ouvrage. Au total, ce ne sont pas moins de 1000 chapitres qui composèrent l'intégralité publiée en 1788.
Ici, ce texte est une description de la situation parisienne des années 1780 et notamment de la situation d'approvisionnement dans la capitale. En effet, le XVIIIème siècle, en France, fut une période de bouleversements économiques et sociaux majeurs, notamment concernant la subsistance du peuple français. L'essor des échanges commerciaux, l'amélioration des techniques de transports et de la productivité agricole, et enfin une relative augmentation démographique ont permis à la société française dont sa capitale Paris, d'évoluer et de s'engager vers la modernisation.
Aussi, l'auteur a choisi ici de nous exposer la photographie instantanée de Paris, des ses atouts, de ses habitants et de la condition de vie qui y règne. Bien que ce texte puisse être contesté au niveau de son entière véracité, découvrons ensemble l'importance de ce texte à travers la problématique suivante :
De quelles manières Louis-Sébastien MERCIER et sa description de la situation parisienne, nous éclairent-t-ils sur l'importance, le rôle et les enjeux de la subsistance de Paris face au royaume, en cette fin de XVIIIème siècle ?
Au-delà de l'analyse qualitative et quantitative de l'approvisionnement parisien, nous étudierons la place centrale qu'occupe Paris dans le royaume, avant enfin d'examiner plus en détails les enjeux que cette situation hors norme produit.
[...] Dans ce texte, l'intérêt géographique de Paris dans son approvisionnement est, comme nous allons le voir, très clairement établi. Ainsi, l'auteur valorise la place de Paris au milieux de l'Ile-de- France, entre la Normandie, la Picardie et la Flandre ligne 26-27. Une capitale bien entourée donc mais aussi très bien desservie avec pas moins de cinq rivières navigables ligne 28. Ceci n'est pas sans conséquence. En effet, jusqu'à la généralisation des chemins de fer et donc notamment au XVIIIème siècle, l'approvisionnement de Paris fut tributaire, d'une part, d'un réseau routier très médiocre si médiocre que le texte de Louis- Sébastien Mercier n'en fait même pas mention et d'un autre part d'un réseau fluvial d'une importance majeure dans la vie de la cité. [...]
[...] Ce phénomène est constaté dans le dernier paragraphe du texte. L'auteur souligne, ligne 57, une augmentation de personnes, une population parisienne atteignant âmes ligne 59. Il décrit également une extension des limites de la ville et des faubourgs ligne 55. Paris grossit à l'image et grâce à sa consommation. Elle attire et favorise l'arrivée de nouveaux habitants par la stabilité et l'accessibilité alimentaire qu'elle procure des enjeux économiques Comme nous l'avons vu précédemment, Paris tire son approvisionnement de tout le royaume, de toutes les manufactures ligne 40. [...]
[...] Par sa nature, l'approvisionnement touche en premier lieu les consommateurs, c'est-à-dire les habitants de Paris. Dans le texte, deux enjeux majeurs sont présents : Le 1er : une fracture sociale entre riches et pauvres. En effet, ligne 18, l'auteur met à l'index riches gaspillant ce qui nourrirait pauvres Ceci nous explicite clairement le fossé présent entre les classes dites aisées et les classes dites populaires. Sans revenir sur la quantité et la qualité des consommations même, qui obligatoirement dépend des revenus et des moyens des habitants (beaucoup de pain et de porc pour les pauvres du bœuf et des mets variés pour les riches), notons que le texte dénonce la consommation de masse de Paris, amplifiée par habitudes de consommation des classes sociales aisées, ne savant se restreindre et gaspillant Alors que le pauvre est qualifié ligne 14 de sobre de personne raisonnable, le riche est au contraire perçu comme une personne toujours avide de consommer, ne se refusant aucun caprice et surtout ne se souciant aucunement de la pauvreté autour de lui. [...]
[...] Bien que le texte n'en fasse pas mention explicitement, d'autres documents témoignent de ce phénomène : Exemple d'un agriculteur limousin du siècle des Lumières que je cite : la vente des bœufs gras à Paris était pour ainsi dire le seul canal qui nous soit offert pour repomper l'argent des impôts On peut estimer que, vers 1780, les dépenses alimentaires faisaient sortir de Paris , par an, près de 130 millions de livres environ, soit une somme équivalent au tiers des impôts levés chaque année par la monarchie. A l'inverse, l'approvisionnement de Paris est aussi une manne financière pour la monarchie. En effet, il est évident que tous les produits venant vers Paris sont soumis à des taxes. L'Etat peut ainsi percevoir des impôts indirects sur toutes les marchandises : l'équivalent de frais de douanes et autres. C'est donc également un apport considérable de finances vers la capitale et pour la monarchie. [...]
[...] En effet, ce texte met en scène ce caractère politique de la gestion de l'approvisionnement. L'étude du texte montre bien cette caractéristique : des calculs fautifs ligne 61, une impossibilité d'avoir des certificats qui aient une certaine justesse ligne 11. Il existe des difficultés, des obstructions politiques envers les analyses mais aussi la gestion même de l'approvisionnement parisien. Il faut mettre en évidence le fait que, Paris et ses denrées, sont de très grands intérêts pour les responsables financiers du royaume. [...]
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