Dans son livre "Historia general de las cosas de Nueva Espana", Sahagun introduit son chapitre sur "Xipe Totec" en traduisant le nom de la divinité par l'écorché ("Que abla del dios llamado Xipe Totec, que quiere decir desollado"). Sahagun n'a pas tort, en effet, Xipe vient du terme nahuatl xipeuh : écorcher, peler. Mais le terme totec n'est pas traduit par Sahagun, c'est un titre divin qu'il est possible de traduire par Notre Seigneur. Le nom exact de Xipe Totec est donc Notre Seigneur l'écorché.
[...] Durant les cérémonies, ils offrent au prêtre incarnant le dieu des ornements en or. L'or est l'excrément du soleil, qui est associé au Tezcatlipoca rouge, lui- même une incarnation de Xipe Totec. La personnalité de Xipé Totec apparait donc comme multiple et complexe, il est à la fois un dieu guerrier, représentant le renouveau de la nature, et est aussi associé au soleil. Sa fête se déroulant au cours des vingtaines tlacaxipeoaliztli et tozoztontli est l'une des fêtes principales du calendrier rituel. [...]
[...] Durant ces rituels le maïs est omniprésent sous toutes ses formes. Lors des danses suivant les sacrifices, les prêtres portent des colliers et ornements de maïs vert, les xipeme parcourant la ville reçoivent de la part des habitants des galettes de maïs, ces habitants se frottent ensuite le corps avec des feuilles de maïs une fois les porteurs de peau partis, et les «parrains», leurs parents, ainsi que les xipeme se frottent le corps de farine de maïs puis se baignent une fois les peaux enterrées, dans un acte purificateur. [...]
[...] Pendant que les Xipeme parcours la ville, les victimes prestigieuses (guerriers de haut rang ou ayant fait preuve de bravoure au combat) sont, après avoir veillé avec leurs «parrains» et s'être fait tondre, attachés par une corde à une pierre ronde est doivent affronter en combat singulier deux guerriers aigles et deux guerriers jaguars. Un bâton de bois orné de plumes leur est donné en guise d'arme. Si le captif parvient à se défendre contre les quatre guerriers, il en affronte un cinquième dont la particularité est d'être gaucher. [...]
[...] Le rituel de l'écorchement peut symboliser aussi le travail de dépeçage du maïs. Les combats entre les captifs prestigieux et les guerriers aigles et jaguars, ainsi que les simulacres de bataille entre xipeme et guerriers peuvent symboliser la guerre permettant de capturer les victimes sacrificielles qui de leur sang nourrissent et fertilisent la terre, tout comme les peaux des sacrifiés qui, une fois enterrées, font pousser le maïs semé par-dessus. Les fleurs apportées au yopico peuvent aussi être une métaphore du printemps, les fêtes de tlacaxipeoaliztli et tozoztontli se déroulant de la fin du mois février au début du mois d'avril. [...]
[...] Puis, à minuit leurs cheveux sont coupés à la manière d'une tonsure. Le lendemain ils sont amenés au sommet du temple de Uitzilopochtlli afin d'y être sacrifiés. Ils boivent du pulque («vino de la tierra») en se tournant successivement vers les quatre points cardinaux, puis leur cœur extrait de leur poitrine et leur sang recueilli dans une calebasse sont offerts au soleil. Les corps sont dépecés puis cuisinés avec du maïs afin d'être consommés par les parents des «parrains», leurs amis et supérieurs (Ce est appelé tlacatlaolli qui veut dire nourriture de jeûne. [...]
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