Depuis le XIe siècle, Venise s'est affirmée comme le nœud des échanges avec l'Orient. Les Vénitiens se sont révélés d'habiles diplomates, des marchands astucieux et des chrétiens non-conformistes. La conjugaison de ces éléments a permis à la Sérénissime d'étendre son empire commercial en Méditerranée, jusqu'à ses confins orientaux, au plus près des marchés du Levant. Ses possessions et le système d'escales aux points stratégiques des routes commerciales prenaient la Méditerranée en écharpe, et les garanties et concessions qui étaient accordés aux Vénitiens permettaient d'affaiblir les positions des villes maritimes rivales, telles Gênes et Pise. Étirée sur la mer, la guirlande de bases et de comptoirs fournissait d'abord les relais indispensables au grand commerce. Ces postes jalonnaient la route maritime vers Constantinople et commandaient celles vers la Syrie et l'Égypte. L'activité commerciale de Venise était donc une donnée essentielle pour comprendre l'économie de la Méditerranée moderne (...).
[...] Venise et Istanbul deviennent des ennemis complémentaires selon l'expression de Fernand Braudel : malgré leurs différences et leur rivalité, leurs intérêts les obligent à vivre ensemble, et d'autant plus lorsque s'étend la conquête ottomane. En 1475, lorsque les Turcs se sont emparés de Caffa en Crimée, l'accès à la mer Noire semblait clos pour le commerce vénitien. De même lorsqu'en 1516 et 1517, avec l'occupation de la Syrie et de l'Egypte, principales destinations des convois pour les épices, les Turcs avaient la possibilité d'en fermer l'accès aux marchands vénitiens, ce qu'ils ne firent pas puisque ce transit leur permettait de tirer des profits conséquents. [...]
[...] Il permettait d'héberger les marchands allemands, comme son nom l'indique fondique des Almans doc. mais ce terme avait un sens bien plus vaste puisqu'il s'appliquait également aux Autrichiens et aux Hongrois, à tous les habitants du Saint-Empire, en définitive. Les marchands avaient pour obligation d'y résider, ils devaient passer par la médiation vénitienne pour toutes leurs affaires et faire enregistrer et dédouaner toutes les marchandises importées et destinées à l'exportation et réinvestir l'argent de leurs ventes dans des marchandises vénitiennes. [...]
[...] D'ailleurs, le voyageur français (doc. le relate, il écrit que c'est la chose la plus magnifique que nous ayons point vue en notre voyage Le commerce était en effet très bien organisé et planifié par la République de Venise, avec des rotations des flottes à dates données et en convois. Un élément qui prenait toute son importance lorsque l'on sait l'insécurité qui régnait alors sur les mers. Les bateaux marchands étaient donc ainsi non seulement protégés par des bateaux militaires mais étaient équipés eux-mêmes pour affronter l'ennemi. [...]
[...] Une partie des navires gagne Tripoli de Barbarie puis Tunis pour en rapporter de l'ivoire, des peaux et de la poudre d'or, puis ils se dirigent vers Alexandrie. La plus grande partie du convoi prend la route de la Syrie en s'arrêtant à Modon, place vénitienne d'importance. Une autre escale est prévue en Crète puis à Chypre, et on constate d'ailleurs que tel n'est plus le cas en 1534, alors que l'île est toujours vénitienne jusqu'en 1571, avant de rejoindre Alep et Damas, principaux ports des marchandises venues d'Extrême-Orient. [...]
[...] Le document 3a est d'ailleurs assez explicite quant à cette crise, puisqu'il montre le nombre de galee da mercato attribuées aux enchères par décennie et en fonction de leur destination, Beyrouth ou Alexandrie. Il apparaît que le nombre est indubitablement en baisse entre 1500 et 1515, au plus fort de la crise, mais il en demeure quand même près de la moitié. D'autre part, le texte de Girolamo Priuli précise que dans la ville, il n'y avait qu'une très petite quantité de toutes les espèces de sorte que leur prix ne pouvait pas baisser Ce trafic reprit aux alentours de 1550, dans son ancienne étendue. [...]
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