Une université, en 1500, n'a rien de parfaitement évident, et pour en établir une carte, encore faut-il s'accorder sur une définition qui permette de distinguer les établissements supérieurs qui peuvent effectivement être qualifiés d'universités. Il s'agit tout d'abord d'une définition juridique, qui s'est fixée au milieu du XIIIème siècle, dans le droit canonique. L'université médiévale était en effet fondamentalement ecclésiastique, et même si quelques rois et empereurs du Moyen Âge ont pu essayer de fonder sur leur sol une université, celle-ci nécessitait une confirmation pontificale. À l'époque médiévale, l'université était un studium generale, c'est-à-dire un établissement d'enseignement supérieur dont les membres jouissaient de privilèges confirmés par le pape et dont les diplômes étaient également conférés au nom du souverain pontife, et par conséquent, valables dans toute la Chrétienté. Au tournant du XVIème siècle, les premières évolutions se font sentir, les fondations se multiplient, l'esprit change. L'idée d'université renvoyait aussi à ce qui était la raison d'être de cette institution, c'est à dire à un certain modèle intellectuel. En 1500, on dénombre soixante-trois institutions qualifiées d'universités, et leur dynamisme était incontestable. Il convient de ne pas faire de raccourcis, l'existence de tels établissement ne signifie pas pour autant qu'il existait un esprit universitaire unique à travers l'Europe, et assimiler l'université au courant humaniste n'aurait aucun sens. En effet, chacune d'entre elles avait sa personnalité propre, fruit de son histoire, de ses institutions, de ses traditions d'enseignement, de sa composition sociale, de son insertion dans le maillage régional et national. Il est, de fait, extrêmement difficile d'avoir une approche globale tant la diversité était de mise. Mais par delà la multiplicité des cas particuliers, on peut dégager quelques principes organisateurs qui permettraient de présenter l'ensemble des universités des villes méditerranéennes, auxquelles nous allons plus particulièrement nous attacher, comme constituant un ou plusieurs réseau(x) cohérents(s).
[...] Le kaléidoscope du récit cervantin fait alterner les étudiants chevaliers, les étudiants courtisans, les étudiants gueux ou gitans ou encore les faux étudiants cachant des identités inavouables. Au tournant des XVIème et XVIIème siècles, le courant picaresque s'est affirmé en Espagne avec une vitalité remarquable et ces figures littéraires, bien souvent plaisantes, se sont très vite exportées à travers l'Europe, nourrissant chez bien des lecteurs, des préjugés tenaces. Toutefois, il ne faut pas se fier à ces figures littéraires et leur donner une valeur historique. Les étudiants à l'époque moderne étaient issus essentiellement de la bourgeoisie, puis, à partir de 1600, de la noblesse également. [...]
[...] Dans cette logique, les universités des villes de Méditerranée apparaissaient comme une véritable vitrine. Bibliographie Ouvrages généraux : BRIOIST, Pascal, La Renaissance 1470-1570, Paris, Atlante CAMPBELL, Gordon (dir.), The Oxford Dictionnary of the Renaissance, Oxford, Oxford University Press DELUMEAU, Jean, La Civilisation de la Renaissance, Paris, Arthaud Ouvrages spécialisés : ANDREA, Romano, I poteri politici e il mondo universitario, XIII-XX secolo : atti del convegno internazionale di Madrid, 28-30 agosto 1990, Soveria Mannelli, Rubbettino,1994 BIDAUX, Michel, Les échanges entre les universités européennes à la Renaissance, Genève, Droz CHARTIER, Roger (dir.), Les Universités européennes du XVIème au XVIIIème siècle : Bohême, Espagne, Etats italiens, pays germaniques, Pologne, Provinces-Unies, Paris, Editions de l'EHESS DE RIDDER-SYMOENS, Hilde (dir.) A History of the University in Europe Volume II, Universities in the early modern Europe : 1500-1800, Cambridge, Cambridge University Press DOMINIQUE, Julia (dir.), Les Universités européennes du XVIème au XVIIIème siècle : histoire sociale des populations étudiantes, Paris, Editions de l'EHESS GARIN, Eugenio, L'Education de l'homme moderne 1400-1600, Paris, Hachette GILLI, Patrick, Les Universités et la ville au Moyen Âge : cohabitation et tension, Boston, Brill GRENDLER, Paul Frederick, Renaissance Education Between Religion and Politics, Aldershot, Ashgate GRENDLER, Paul Frederick, Encyclopedia of the Renaissance, New York, C. [...]
[...] Les Universités des villes de Méditerranées à la Renaissance I. L'université dans la ville A. Le réseau universitaire B. Les villes universitaires C. La présence étudiante dans la ville II. La mobilité : les universités comme lieux d'échanges A. Les pérégrinations académiques B. [...]
[...] Cela se traduisait par le contrôle des enseignements, une surveillance accrue, des visites des établissements et des décrets émis par les autorités. Toutefois, le peu de centralisation qui caractérisait les prémices de l'Etat moderne permettait aux universités d'éluder voire d'ignorer les ordonnances gouvernementales. En pratique, la liberté de l'institution universitaire aux XVIème et XVIIème siècles était bien plus importante qu'elle ne le serait au XIXème par exemple. Et même si parfois, la revendication de l'autorité menait à un conflit contre le système universitaire traditionnel, corporatiste et privilégié, généralement, un compromis était trouvé. [...]
[...] Des bâtiments ecclésiastiques où se déroulaient les enseignements de l'université médiévale ont été acquis pour édifier des structures qui répondraient aux besoins de l'université. La construction des Escuelas Mayores, le bâtiment emblématique de l'université, des Escuelas Menores et de l'Hospital del Estudio ce dernier bâtiment servait à recevoir les étudiants malades pour les soigner, le bâtiment médiéval était devenu insuffisant transforma radicalement le quartier ouest de la ville, derrière les cathédrales, lui conférant son aspect définitif, et formant ainsi les premiers éléments d'un campus universitaire au cœur de la ville. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture