Pays des confins, sans délimitation naturelle, l'Ukraine a longtemps été une ligne de partage floue, un carrefour, entre les mondes slavo-chrétien et tatar musulman, puis entre la Pologne catholique et la Russie orthodoxe, et enfin aujourd'hui, entre l'Union européenne et l'ensemble Est de l'Europe.
Il sera question ici de l'influence historique exercée par la Pologne d'une part, et par l'ensemble russe d'autre part sur l'Ukraine. Ce point est d'importance car jouant un rôle dans la tentative actuelle de construction de l'identité nationale ukrainienne mais aussi dans la question des relations de l'Ukraine à l'Union européenne. Il ne s'agit pas ici de faire un compte rendu exhaustif de l'histoire des territoires aujourd'hui ukrainiens, mais de mettre en évidence deux relations historiques liant d'une part l'Ukraine à la Pologne, et de là, à l'ensemble européen, et d'autre part l'Ukraine à la Russie. Ces liens qui ont pu varier dans le temps, passant de la domination à la coopération ou à la cooptation, sont aujourd'hui des facteurs explicatifs des relations entre l'Ukraine, l'Union européenne et la Russie. Ce caractère explicatif n'est pas à sens unique, ainsi, l'on peut dire avec Frédéric Zalewski qu'un même passé peut donner lieu à des utilisations très différentes dans les relations internationales. Cependant, pour en comprendre l'utilisation, ce passé doit être étudié.
[...] Ainsi les années 1920 virent la mise en œuvre de la NEP qui fut accompagnée d'une politique relativement souple des nationalités. Le principe d'égalité entre les peuples au sein de la fédération soviétique fut affirmé. Une politique de promotion des langues et des cultures nationales fut menée, elle permit notamment à l'ukrainien d'obtenir un statut de langue littéraire et administrative. L'enseignement fut également l'un des domaines où l'ukrainisation fut mise en œuvre. L'idée étant que l'analphabétisme devait être vaincu et les idées socialistes popularisées à l'aide de la langue maternelle. [...]
[...] p. 2-13-052689-6 ; LEPESANT, Gilles, L'Ukraine dans la nouvelle Europe, Paris : CNRS Editions p. Collection Espaces et Milieux. 2-271-06284-5 ; RIABTCHOUK Mykola, De la Petite-Russie à l'Ukraine, Paris Budapest Torino : L'Harmattan Collection présence ukrainienne p. 2-7475- 5134-2 ; KAPPELER, Andreas, et all., Petite histoire de l'Ukraine, Paris : Institut d'études slaves Collection cultures et sociétés de l'Est. 224p. 7204-0319-9 ; KAPPELER, Andreas, La Russie empire multiethnique, Paris : Institut d'études slaves Collection cultures et sociétés de l'Est. 415p. [...]
[...] La faute de la crise ayant accompagnée ce nouveau programme économique fut rejetée sur la direction ukrainienne du parti. De grandes purges furent donc menées au sein du parti communiste d'Ukraine en 1933. Le résultat de ces purges et de cette politique économique fut d'annuler tout le phénomène de naissance d'une élite ukrainienne des années 1920. On retrouve cet enchaînement après la Seconde Guerre mondiale. À partir de 1953 et la mort de Staline, l'URSS connut une période relativement libérale. [...]
[...] La Pologne poursuivait, en effet, une politique de polonisation en Galicie orientale. Enfin, durant la Seconde Guerre mondiale, partisans polonais et ukrainiens se livrèrent à de nombreuses exactions, dans un climat de nationalisme exacerbé, dans les régions de Galicie orientale et de Volynie. En 1947, le gouvernement polonais, en réponse à la guérilla menée par l'Armée insurrectionnelle ukrainienne conçut, sous le nom d'opération Vistule, un plan de déportation et de dispersion dans les régions occidentales de la Pologne de la population ukrainienne de la région de Rzeszów. [...]
[...] Dès lors, l'ensemble des régions ukrainiennes connut une forte polonisation. De même qu'en Galicie, la noblesse fut fortement poussée à intégrer la religion et la culture polonaise. Se mit en place une véritable division socio-ethnique en Ukraine avec d'une part une noblesse catholique et utilisant le polonais, et d'autre part une population ukrainienne paysanne, orthodoxe ou gréco-catholique, coupée de ses propres élites et privée de sa liberté personnelle. Cette division de la société était alors l'un des éléments explicatifs le plus important de l'antagonisme polono-ukrainien. [...]
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