Fondateur de la grandeur française, ce fut un politique réaliste dont les attaches religieuses et monarchiques ne paraissent que secondes.
Homme de son siècle, il croit que le pouvoir monarchique issu de Dieu est la condition essentielle de la puissance du pays, sous réserve que le roi sache se faire obéir à l'intérieur et redouter au dehors: c'est la raison d'Etat
[...] L'état des forces connu par l'adversaire joue donc autant que les batailles elles-mêmes, et l'habileté des gouvernants dans ces pratiques sera décisive pour l'issue des affrontements. La puissance vient de la réputation. Une bonne opinion d'un nom fait plus d'effets que des armées. Ce nom peut même être plus important que la fortune si le Prince qui le porte respecte les principes déjà édictés. La réputation vient quant à elle du caractère religieux du Prince envers lui-même puis envers Dieu: il se doit d'être véritable en ses paroles et en ses promesses. [...]
[...] C'est parce qu'il est roi que le Prince pourra devenir souverain. Serait-ce une façon pour le seigneur Cardinal de minimiser l'ascendant et la place qu'il prit de son vivant sur le roi et dans les affaires de l'Etat ? Il semblerait que non, car ce serait renier le but même de son oeuvre qui est d'abord de le faire entrer dans l'histoire. On pourrait donc penser que lors, de la rédaction de son testament en 1642, malade et physiquement très diminué, sa pensée prendrait le pas sur sa volonté d'auto magnificence, et qu'il exprimerait sa réelle conception du pouvoir qu'il voudrait laisser entier et fort à une monarchie française dont il eut toujours la plus haute opinion. [...]
[...] Comme l'humilité est le meilleur fondement de l'autorité chrétienne, l'obéissance est le plus solide fondement de la sujétion nécessaire au fleurissement de l'Etat: or la sujétion ne peut perdurer sous un règne dénué de raison et de Justice. En effet, la nature humaine n'est pas spontanément disposée à s'assujettir à quelque chose ou à quelqu'un qu'elle ne comprend pas et dont elle ne partage pas le raisonnement. Le Prince doit donc capter l'amour de ses sujets par des actions justes et sages, cet amour lui assurant l'obéissance nécessaire au soutien de son trône. L'intérêt public doit être l'unique fin des gouvernants. [...]
[...] Richelieu est l'un des premiers à dissocier la notion d'Etat de celle de dirigeant. Si Louis XIV pourra dire quelques années plus tard l'Etat c'est moi c'est parce qu'il s'éloignera radicalement de la pensée du Cardinal selon laquelle le pouvoir n'appartient pas à celui qui ne l'exerce que pour le temps d'une vie, laissant derrière lui le nom de France tel qu'il aura pu le modeler. La prévoyance est une stricte nécessité. Si pour le médecin prévenir la maladie vaut mieux que la guérir, il en est de même pour l'Etat. [...]
[...] Possédant une haute idée de la monarchie française, il sait se mettre en lumière dans les circonstances importantes, comme à l'occasion des Etats généraux de 1614 qui lui donna l'opportunité de mettre en valeur ses talents d'orateur, ce qui lui valu d'être nommé aumônier de la reine mère Marie de Médicis qui, malgré la majorité du roi Louis XIII, exerçait encore le pouvoir. C'est grâce à elle qu'il entra au Conseil en 1616. Il en sortit cependant en même temps qu'elle, disgraciés tout les deux lorsque le roi fit abattre Concini, rétablissant ainsi son autorité personnelle. Son retour au Conseil fut favorisé par le travail qu'il accomplit afin de tendre à la réconciliation de la mère et du fils. Sous le chapeau de Cardinal, il devint principal ministre en 1624 et le resta jusqu'à sa mort. [...]
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