Sous Louis XV comme sous Louis XVI, la stratégie de la marine n'est pas élaborée par un état-major général (lieutenants généraux, Grands de la Cour ou simples capitaines formulent des propositions, envoient des mémoires au ministre).
Deux hommes semblent avoir une plus grande influence :
- Vergennes : ne croit pas au succès de la France sans l'Espagne ; les renseignements que lui fournissent ses espions en Angleterre témoignent d'une nette supériorité matérielle anglaise. Deux stratégies découlent de cette analyse : vaincre très rapidement l'Angleterre grâce à un effet de surprise ou attendre l'entré de l'Espagne dans ce conflit
- Sartine : nommé secrétaire d'Etat à la Marine le 24 août 1774, il pressent qu'une guerre de revanche contre l'Angleterre est inévitable. Cela nécessite une réelle préparation.
[...] Ce dernier a acquis la certitude que la Marine française peut gagner et qu'il lui faut donner de bonnes instructions et de nouveaux chefs nouveaux chefs : Barras pour reprendre l'escadre commandée par Des Touches depuis la mort de Ternay, Suffren pour relancer l'initiative aux Indes ; De Grasse pour les Antilles) Il va extérieurement manifester son attachement aux opérations avec les Espagnols. La protection des convois demeure un objectif essentiel. La pression des événements : la bataille d'Ouessant (27 juillet 1778) Les instructions complémentaires envoyées fin juin au comte d'Orvilliers lui signalent l'arrivée prochaine d'un convoi anglais très important pour l'économie anglaise et pour financer son effort de guerre venant de la Jamaïque. Ayant appris la sortie prochaine de la flotte de Brest forte de 29 vaisseaux, Keppel rentre à Portsmouth chercher des renforts. [...]
[...] Le 5 juillet, d'Estaing renforcé par l'escadre de la Motte-Picquet s'empare de l'île de la Grenade, une des meilleures îles à sucre des possessions anglaises. Certes d'Estaing s'est principalement attaqué à des îles d'importance secondaire. Néanmoins ces opérations ne sont pas sans conséquences : il oblige les Anglais à immobiliser de fortes garnisons dans les îles et à retirer des vaisseaux du théâtre nord-américain ce qui allège la pression des troupes anglaises sur les Insurgents. L'année 1778 a été très favorable pour la France, la marine n'a subi aucune perte en vaisseaux. L'année 1779 se présente plus mal. [...]
[...] La stratégie de la guerre d'usure va progressivement être mal comprise par l'opinion publique (elle devient synonyme d'enlisement). Necker critiquant habilement les méthodes financières de Sartine obtient sa disgrâce et son remplacement par Castries. Conclusion : La bataille de la Chesapeake, apogée de l'initiative individuelle ou succès de la stratégie périphérique ? L'étude de la stratégie du marquis de Castries (secrétaire d'Etat à la Marine et aux Colonies à partir d'octobre 1780) ne paraît pas révéler de profondes modifications par rapport à celle de Sartine (la répartition des vaisseaux sur les différents théâtre d'opérations change peu). [...]
[...] Comme en 1778, Ternay est bloqué mais les troupes de Rochambeau sont à terre et peuvent commencer à aider celles de Washington.L'effectif des vaisseaux français est insuffisant (trop de navires rester en Europe). Dans la nuit du 8 et 9 août, l'armée combinée s'empare d'un convoi de soixante-sept navires venant de la Jamaïque et de Saint-Christophe. Confirmant ce succès, le convoi de Guichen arrive sans encombre à Cadix le 6 octobre. L'année 1780 apparaît comme l'année de l'équilibre des forces sur le plan des escadres et des combats navals. Dans le domaine des convois et de la guerre de course, il en va tout autrement. [...]
[...] Face au meilleur amiral anglais : Rodney, il livre le 17 avril et 17 mai trois combats que l'on peut considérer comme des chefs d'œuvres de la tactique navale classique. Il apparaît que deux flottes égales, sont condamnées au match nul. L'offensive est prévue aux Etats-Unis. Elle repose sur l'escadre Ternay et l'armée de Rochambeau.1780 commence mal pour les Insurgents qui éprouvent une suite de revers. Retardé par les vents, Ternay appareille de Brest le 2 mai. Sartine tire les leçons de l'expédition de la manche. Le 20 juin, l'expédition engage un combat contre une escadre anglaise et cinq vaisseaux. [...]
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