La souveraineté selon Jean Bodin
Jean Bodin, né en 1529 à Angers et fils d'un tailleur, reçoit, dans sa jeunesse, une formation au couvent des Carmes à Angers où il est reçu novice, puis à Paris, où il suit les cours de l'université et du Collège de France, s'imprégnant aussi bien de la scolastique médiévale que de l'humanisme de la Renaissance. En revanche, il semble certain qu'il ait étudié et enseigné le droit romain à l'université de Toulouse dans les années 1550. Il gagne Paris en 1561, alors que commence en France la terrible période des guerres de Religion, et y exerce comme avocat.
Il est connu en tant que jurisconsulte, philosophe et théoricien politique français, qui influença l'histoire intellectuelle de l'Europe par la formulation de ses théories économiques et de ses principes du « bon gouvernement ». Il est considéré comme l'introducteur du concept moderne de souveraineté. Sur certains points, il se fit l'avocat d'une plus grande tolérance religieuse, soumise à une plus grande autorité royale.
C'est en dans le contexte du bon gouvernement qu'il écrit tout d'abord rédige sa première oeuvre importante, le « Methodus ad facilem historiarum cognitionem » (la Méthode de l'Histoire littéralement "Méthode pour un apprentissage aisé de l'histoire"),puis Les Six Livres de la République (en 6 livres, Paris, 1576), qu'il traduisit lui-même en latin : il y traite son sujet assez complètement, et se prononce pour une monarchie tempérée. On a quelquefois, mais avec exagération, comparé cet ouvrage à l''Esprit des lois de Montesquieu. Cette comparaison montre à quel point le livre peut être fondateur dans son domaine : le droit constitutionnel. A travers ces livres Bodin essaye d'expliquer, argumenter et démontrer un terme très récent pour l'époque : la souveraineté. C'est à travers les 6 livres de la république qu'il exprime comment elle fonctionne et par qui elle doit être assumé et surtout comment.
[...] Le prince souverain ne peut avoir de juge souverain : la souveraineté est donc indivisible et incommunicable. C'est pourquoi Bodin pense que la première marque de souveraineté consiste à donner loi à tous en général et à chacun en particulier ( ) sans le consentement de plus grand, ni de pareil, ni de moindre qu'est Le roi établit donc un droit gouvernement sans qu'il soit possible de le contester. Droit gouvernement qui s'applique à tous, excepté au souverain lui même. [...]
[...] Définition bodinienne de la souveraineté : une nouveauté politique. Si Jean Bodin offre la première véritable théorisation du concept de souveraineté, il n'a pas inventé cette notion qu'il emprunte au droit romain. Alors que le mot se diffusera uniquement au XVIème siècle, la notion de souveraineté est pourtant présente dès le XIIème siècle. En effet, avec l'affaiblissement du Saint-Empire romain-germanique au début du XIIème siècle, apparaît l'idée que le roi serait, dans les limites de son royaume, le titulaire d'un pouvoir indépendant et supérieur à tous les autres pouvoirs. [...]
[...] Limites au pouvoir royal et à la théorie de Bodin. La supériorité des lois divines et naturelles Il s'agit d'établir la théorie de l'indivisibilité de la souveraineté, même si celle-ci est imitation de la souveraineté de Dieu sur le monde. Les lois divines sont justes, le Roi est à l'image de Dieu, donc les lois du Roi sont justes. Bodin s'accorde pour que certaines lois soient aux dessus du souverain lui-même, ces lois dictant les grands principes qu'aucun homme ne pourrait contester. [...]
[...] Des limites au pouvoir souverain qui rendent la théorie de Bodin bancale. Ce qui est vrai dans les limitations supposées de la souveraineté par la loi naturelle l'est aussi de la limitation par la coutume, car, seule la volonté royale donne force aux coutumes, gist au pouvoir du prince souverain. Voilà donc quant à la première marque de la souveraineté, qui est le pouvoir de donner loy ou commande à tous en général, et à chacun en particulier : qui est incommunicable aux abjects. [...]
[...] La théorie politique de Jean Bodin place donc la souveraineté comme principe fondamental de l'État : elle n'est plus pensée comme un attribut du puissant, mais comme l'essence même de l'État. Mais dans la réalité, comment le souverain exerce-t-il cette souveraineté ? B. Un seul souverain distinct du peuple. La souveraineté est la puissance absolue et perpétuelle d'une République République étant entendue ici non pas au sens moderne qui l'opposerait au régime monarchique, mais au sens classique de Res publica, c'est-à-dire l'État. [...]
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