Cette révolte a lieu dans une région frontalière et tampon, le Iaïk, à l'est de la Volga. Elle a pu rassembler jusqu'à 4 millions d'habitants. Les rebelles sont des cosaques, des fugitifs militaires, paysans ou politiques, des peuples locaux : Bachkires, Tartares, Kalmouks (populations nomades, généralement musulmanes qui en général ont subi une sévère répression dans les années 1735 – 1765), des victimes du servage : serfs paysans ou serfs d'usine.
La grande révolte de 1773 – 1775 s'inscrit dans un contexte de tension grandissante au sein des communautés cosaques, à mesure que s'étendait inexorablement sur eux le pouvoir « régulateur » de l'Etat russe. Elle fut déclenchée par l'apparition d'un chef potentiel, le cosaque du Don déserteur, Émélian Pougatchev, après 5 années de guerre, de peste, de hausse des prix, de services et de levées de plus en plus écrasantes. Beaucoup des sujets de mécontentements cosaques avaient été exprimés par les cahiers et les doléances de leurs députés à la commission législative, confirmés par l'agitation continuelle qui suivit, entre la fin des années 60 et celle des années 70. Répression sévère (amende collective, travaux forcés, knout…) de toutes les mutineries, séditions et oppositions en tous genre au gouvernement russe. Dans une telle situation, le bruit qu'un autre tsar vivait qui ferait droit aux revendications des mécontentements, ne pouvait qu'éveiller des échos.
[...] La rébellion se propageait de village en village. Les forces de Pougatchev progressaient de ville en ville, laissant derrière elle une jonchée de destruction. Le caractère primitif de la région et de ceux qui prenait part à cette guerre sociale, dans un camp, comme dans l'autre, rendait les affrontements de plus en plus féroce. Le spectacle de nobles pendus, la tête, les mains et les pieds coupés, poussaient les forces de l'ordre à une répression tout aussi sauvage. De Kazan, Pougatchev et sa bande allèrent à Penza, puis à Saratov, un des centres urbains les plus importants sur la basse Volga, capitale administrative des colons étrangers. [...]
[...] Toujours dans un souci d'authenticité, mais reflétant la seule conception du pouvoir légitime que les cosaques puissent comprendre, Pierre III publiait des oukases rédigés autant que possible dans le jargon russe de la fin du XVIIIème. Certains même étaient imprimés et bardés de cachets. L'idéal du service de l'Etat Pougatchev ne promet jamais l'abolition de servage, des impôts ou de l'enrôlement. Il met en avant au contraire l'importance du service de l'Etat. La liberté doit être mise au service du tsar, de Etat contre les ennemis de l'État que représentent les nobles, les proprios Il s'agit d'une lutte pour le rétablissement des prérogatives royales. [...]
[...] Une révolte tournée vers le passé Une conception des rapports avec le tsar qui rappelle l'Ancien Régime Rapports directs, personnels, immédiats (au sens étymologique) entre le roi et ses sujets, qui nient l'utilité et l'efficacité d'intermédiaires, que ce soit l'administration, les propriétaires ou la noblesse. Ces catégories sociales sont au contraire des écrans entre le roi et son peuple, qui accaparent et détournent la puissance impériale à leur profit. Pougatchev va même jusqu'à en appeler au massacre des nobles. Il s'agit donc bien de révolte anti-nobiliaires et anti-propriétaires. Au contraire pour Catherine II, la noblesse est un intermédiaire indispensable à l'exercice du pouvoir. Elle la défend donc. [...]
[...] L'extension du mouvement Soulèvement, extensions, victoires Soulèvement des cosaques du Iaïk. Pougatchev décide de marcher sur Orenbourg, centre administratif militaire qui domine le Iaïk. Il arriva devant la ville le 5 octobre 1773 avec plus de hommes et 20 à 30 canons, et installe un siège. Pendant ce temps, la nouvelle de l'apparition d'un nouveau Pierre III était enfin arrivée à Saint-Pétersbourg. De loin, il semblait que ce soit une affaire locale sans ampleur, et 3 petites expéditions punitives furent envoyées. [...]
[...] La révolte des cosaques et la guerre des paysans I. Naissance et fondements du mouvement : 3 A. La situation des marches de l'empire : 3 B. Le problème du servage : 3 C. Les programmes de Pougatchev : 3 D. La figure du Tsar : 4 II. L'extension du mouvement : 4 A. Soulèvement, extensions, victoires : 4 B. Réactions de Catherine II, expéditions punitives : 4 C. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture