La sorcellerie est un phénomène que l'on peut prendre de diverses manières et qui a fait l'objet d'une immense bibliographie au fil des siècles.
Elle est présente dans toutes les sociétés, elle se modèle sur elles. Elle fonctionne comme pouvoir, ou illusion de pouvoir, en référence à la façon dont une société conçoit et vit le pouvoir à tous les niveaux, du village à l'Etat. De plus, elle se meut dans le sacré au sens le plus général du terme.
Mais, ce phénomène, en Europe et plus spécialement en France, de la fin du Moyen-Age au début du XVIIème siècle, doit être étudié comme un phénomène total et pas seulement politique ou religieux, comme un symptôme de mutation dans la société de cette époque. La deuxième moitié du XVIIème siècle a été témoin de la mutation des mentalités face à la sorcellerie. Le début de ce siècle fut marqué par une chasse aux sorcières massive, alors qu'à la fin du siècle, on assista à une relative indifférence face à ces sorcières considérées alors comme des hystériques inoffensives.
D'emblée, se posent à nous les questions : Qu'est-ce qui est à l'origine de l'exclusion des sorciers et sorcières de la société, et, qu'est-ce qui a provoqué le changement de mentalités du XVIIème siècle ?
[...] Le doute s'installe: a-t on condamné des innocents? Que doivent faire les juges ? Un besoin très fort de renouveau se fait sentir. On a besoin de nouvelles théories sur la sorcellerie, et de nouvelles lois. Et puis, les mentalités ont changé . En 1657, le pape fait paraître la célèbre bulle Proformandis, qui met en garde contre les erreurs et abus dans les procès de sorcellerie. A partir de cette époque, on pense la sorcellerie en termes d'hallucination, d'esprit dérangé, mais plus en termes de démonologie. [...]
[...] III La fin des buchers Le grand nombre des suspects de diabolisme par dénonciation finit par déborder la justice au milieu du XVIIème siècle. Elle n'a plus assez de juges pour suivre les affaires, alors on libère les suspects. On finit par chasser des prisons sans jugement plus de la moitié des accusés. Ces façons de faire n'apaisent pas les esprits et n'apparaît pas comme une bonne justice. Sont impliquées trop de personnes de niveau social différent (roturiers, paysans, bourgeois, religieuses et curés), ce qui génère un malaise dans la société. [...]
[...] Ce n'est plus un crime mais un délit. Cet édit reflète la mutation de l'état d'esprit des juges du Parlement de Paris qui, sous l'influence du rationalisme cartésien, cessent de croire aux sorcières et les considèrent plutôt comme des folles que comme des criminelles ou des marginales. La chasse aux sorcières est donc irrémédiablement terminée en France. En Conclusion, les sorcières démoniaques ont été inventées comme une sorte de périphérie, de marge, comme un groupe de référence portant exactement l'inverse des valeurs de l'Etat et de la société en train de se construire au XVIIème siècle. [...]
[...] Le démon l'a choisie pour accomplir ses desseins funestes. Les femmes, créatures imbéciles, c'est-à-dire sans âme, sont sensibles aux atteintes du démon. Haine, vengeance, envie, désespoir, telles sont les motivations de la femme qui se donne au démon et devient une sorcière. Les sorcières sont, en général, des femmes ordinaires, paysannes pour la plupart et vieilles, mais n'importe quelle femme peut être sorcière, pas seulement les hystériques. Toute femme est suspecte de commerce avec le diable. Les mythes concernant la femme au XVIIème siècle viennent de Pline dont un texte qualifiait la femme de calamité publique faisant pourrir les plantes, hurler les chiens, périr les animaux quand elle a ses règles, principe de corruption. [...]
[...] Il faut donc débusquer les sorcières. La nouveauté qui provoque la chasse aux sorcières entre 1560 et 1660 provient de l'idée que les sorcières constituent une secte, une minorité indécelable. Un édit promulgué en 1595 par Philippe II d'Espagne définit la chasse aux sorcières. En France, pas d'édit royal mais on utilise les mêmes règles et ce pendant un siècle, en gros de 1580 à 1680. A la fin du XVIème siècle, la coagulation de la doctrine produite par l'Eglise arrive aux juges. [...]
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