Le canon 10 du 4ème concile de Latran, en 1215 demande au clergé de faire œuvre d'éducation des consciences et de prêcher aux masses, et, à partir de la seconde décennie du XIIIème siècle, il y a des milliers de prédicateurs, plus majoritairement des moines mendiants. Des manuels ad status sont rédigés pour apprendre au prédicateur comment adapter son sermon à la catégorie sociale à laquelle il s'adresse puisqu'on ne prêche pas de la même manière à des nobles ou à des paysans. Humbert de Romans, moine mendiant, est un des plus célèbres prédicateurs de l'époque.
Il naît à Romans, dans le Dauphiné, en 1200. Il étudie à Paris et y devient maître des arts, puis il y entre chez les Dominicains en 1225. Lecteur, puis prieur au couvent de Lyon, il devient 5ème maître de l'Ordre dès 1254. En 1263 il démissionne pour se consacrer à ses écrits dans lesquels il communique ce qu'il a expérimenté dans le ministère et la prédication.
De eruditione praedicatorum, écrit entre 1266 et sa mort en 1277, est un ouvrage en deux tomes dont le 2ème donne des exemples de prédication adaptés à l'auditoire. L'extrait que nous avons décrit les villageoises pauvres, travailleuses et paysannes et démontre pourquoi il n'est pas nécessaire, la plupart du temps, de prêcher pour elles. A travers cette démonstration, Humbert de Romans énonce les traits fondamentaux de l'image que l'Eglise a de la femme pauvre qui travaille et qui, pour lui, justifient cette mise à l'écart.
Nous étudierons en premier lieu le caractère de la simple femme pour Humbert de Romans, puis la femme simple comme pécheresse et enfin le rapport étroit entre ruralité et superstition.
[...] Il les dit plus loin peu sensibles à la parole de Dieu (ligne 27). Elles n'ont pas de préoccupations spirituelles comme peuvent en avoir les femmes riches et éduquées, qui sont plus détachées des choses matérielles et à qui on prêche. Humbert de Romans veut montrer que ce serait en réalité de la volonté même des femmes pauvres de ne pas leur prêcher puisqu'elles n'écoutent pas et que, finalement, ça ne les intéresse pas. La simple femme et les figures féminines bibliques Pour mieux dresser un portrait de la villageoise pauvre ou pour ajouter du poids à son argumentation, Humbert de Romans les compare à des figures féminines qui ne peuvent être contestées puisqu'elles sont issues de la Bible. [...]
[...] Elles n'observent pas le silence auquel les femmes sont tenues en marque de soumission, en particulier dans les assemblées publiques. Au lieu d'écouter l'enseignement religieux que le prédicateur leur apporte, elles vénèrent des images et des objets saints. Lignes 27 à 29 : au moment du sermon, ou elles parlent, ou disent leurs prières, ou sont à genoux devant les images, ou prennent de l'eau bénite Elles ont une pratique presque superstitieuse de la religion et correspondent à l'image que l'Eglise peut avoir des religions païennes. [...]
[...] Par leurs croyances, elles s'éloignent du salut et elles s'inscrivent dans l'exacte continuité du Péché Originel. La deuxième femme est une païenne, une cananéenne dont l'évangéliste Mathieu raconte l'histoire dans le Nouveau Testament. Sa fille est malade et pour obtenir sa guérison, la cananéenne demande son aide à Jésus, reconnaissant donc implicitement sa qualité de fils de Dieu malgré sa différence de profession. Humbert de Romans place les villageoises pauvres dans la situation inverse. Alors que la païenne se tourne vers Dieu, les femmes superstitieuses qui sont pourtant chrétiennes, s'en détournent. [...]
[...] La prédication n'a donc pas d'utilité pour elles. Conclusion L'idéologie chrétienne visant à se détacher de tout ce qui a trait au corps afin d'assurer le salut de son âme amène à un certain mépris des travailleurs manuels et de ceux dont la vie est rythmée par des préoccupations matérielles, mépris encore aggravé lorsqu'il s'agit d'une femme. Au XVème siècle, Christine de Pisan place d'ailleurs les femmes travailleuses et les paysannes au bas de l'échelle sociale, après les domestiques et les prostituées. [...]
[...] Humbert de Romans, moine mendiant, est un des plus célèbres prédicateurs de l'époque. Il naît à Romans, dans le Dauphiné, en 1200. Il étudie à Paris et y devient maître des arts, puis il y entre chez les Dominicains en 1225. Lecteur, puis prieur au couvent de Lyon, il devient 5ème maître de l'Ordre dès 1254. En 1263 il démissionne pour se consacrer à ses écrits dans lesquels il communique ce qu'il a expérimenté dans le ministère et la prédication. [...]
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