Au XVIIe siècle, la France connaît une dépression tragique qui n'a pas cessé pendant un bon siècle depuis 1630-1640 jusqu'aux années correspondantes du XVIIIe siècle. C'est sans doute la prospérité du long XVIe siècle qui a rendu si sensibles les ralentissements de l'activité marchande dès les premières décennies du XVIIe siècle. Ainsi, pendant le règne de Louis XIII, les révoltes, les soulèvements de caractère endémique ont été un fait permanent et essentiel de l'histoire intérieure du royaume. Provoqués par la crue de l'impôt, la venue d'un traitant, la création de nouveautés nécessitées par l'état de guerre, ils ne cessèrent de se répéter pour atteindre un paroxysme dans la période 1630-1640. Dans ce contexte, des mouvements à la fois ruraux et urbains prirent des dimensions inquiétantes : révolte des Croquants de Rouergue, Périgord et Saintonge de 1637.
Parmi ceux-ci, la révolte des Nu-pieds de 1639 qui fait l'objet de notre travail eut un retentissement particulier par son ampleur, sans doute, mais surtout par l'éclat de sanctions qui furent prises pour le réprimer. Notre étude des Nu-pieds est basée sur un extrait des Mémoires du président Bigot de Monville sur la sédition des Nu-pieds et l'interdiction du parlement de Normandie en 1639. Ces mémoires tenus par un témoin contemporain occupent une place importante car Bigot de Monville était un des présidents du Parlement de Rouen et il fournit des détails importants sur le soulèvement de Rouen et les représailles qui suivirent. Ces mémoires ne sont pas exemptés de subjectivité : en premier lieu l'auteur règle ses comptes avec son ennemi politique, le premier président de Rouen, dont il démontre sans cesse les erreurs et conteste inlassablement la ligne de conduite.
Ses causes et ses buts étaient spécifiquement antifiscaux, bien que pendant son évolution des orientations plus larges aient été discernées nous poussant à nous de mander si la sédition des Nu-pieds de Rouen s'inscrit elle dans un mouvement vaste et complexe qui mobilise différents acteurs et dessine un front d'une province contre un Etat ou une révolte purement antifiscale qui s'enferme dans ses propres limites ?
[...] Une lutte plus organisée contre le système fiscal et en même temps contre l'administration provinciale, remplaça la justice sommaire dont agents des finances et suspects faisaient les frais. Cette orientation place au premier plan, le problème de la direction pratique des masses insurgées, de leur organisation. L'organisation et les dirigeants des insurrections Bigot de Monville parle de Jean Nu-pied on publia que Jean Nu-pieds était M. Jean Morel, vicaire de St Saturnin souffrir Qui était ce Jean Nu-pieds qui fut reconnu comme le chef de la révolte ? Les textes restent contradictoires. Certains affirment que le personnage de Jean Nu-pieds n'est qu'une fiction. [...]
[...] Dans le grand nombre de séditions des années vingt à quarante du XVIIe siècle, le soulèvement des Nu-pieds est assez typique. Ce ne fut pas un mouvement ni exclusivement plébéien, ni exclusivement paysan, mais une union des deux. Ses causes et ses buts étaient spécifiquement antifiscaux, bien que pendant son évolution des orientations plus larges aient été discernées nous poussant à nous demander si la sédition des Nu-pieds de Rouen s'inscrit dans un mouvement vaste et complexe qui mobilise différents acteurs et dessine un front d'une province contre un Etat ou une révolte purement antifiscale qui s'enferme dans ses propres limites. [...]
[...] Les retards apportés dans le paiement des gages furent un sujet constant de plaintes de la part des officiers. Au retard dans le paiement des gages dont les officiers se plaignaient vivement, s'ajouta le bail de l'annuel de 1638, que Bigot de Monville dénonçait comme une des mesures particulièrement graves de la période. La guerre, obligeant à faire des dépenses considérables, amena à prendre des dispositions nouvelles qui accroissaient considérablement les charges des officiers. D'autre part, ce tableau de Bigot de Monville, pour exact qu'il soit, reste incomplet. [...]
[...] Les meneurs se recommandent de Jean Nu-pieds. Malgré cela, les liens réels entre les deux foyers séditieux n'existent guère. Point d'émissaires d'un point à l'autre, pas d'effort pour un mouvement d'ensemble : les placards de Jean Nu-pieds ne sont pas affichés à Rouen. Pas de chefs communs, pas d'impulsion unique. La révolte de Rouen, révolte strictement urbaine s'enferme dans ses propres limites comme les révoltes des années précédentes dont elle ne diffère guère sur ce plan. En Basse-Normandie, nous avions affaire à une armée organisée avec des structures : troupes constituées en brigades encadrées par des chefs et dirigées par une sorte d'Etat-major ; recrutement méthodique qui grossit peu à peu les effectifs. [...]
[...] Pour mettre un terme à ces abus, il est décidé de créer dans chaque ville et bourg un contrôleur visiteur héréditaire des teintures, des draperies et étoffes de laine, pour faire visite de toutes les teintureries, boutiques et magasins et ce que les teintures soient bien et loyalement faites. Les teinturiers ont désormais interdiction de vendre aucune marchandise avant que celles-ci n'aient été visitées à peine de 500 livres d'amende. Non seulement les marchandises françaises doivent être contrôlées, mais aussi celles qui sont de provenance étrangère. La visite s'accompagnait de levée de taxes. [...]
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