Lorsque la jeune Victoria accède au trône du Royaume-Uni en 1837, le pays est encore profondément marqué par son passé aristocratique. La société britannique est une société de classes très hiérarchisée, dominée par l'aristocratie foncière et la haute bourgeoisie, tandis que l'écrasante majorité de la population appartient à une lower class pauvre et sans aucun pouvoir de décision.
La vie politique est très traditionnelle puisque le droit de vote, malgré la réforme électorale de 1832, est réservé aux notables, tandis que les partis politiques ne sont que des groupes d'intérêts peu structurés et divisés. Ainsi, bien que le régime britannique soit parlementaire, le peuple britannique n'est pas souverain. Le règne de Victoria, qui dure de 1837 à 1901, est le plus long et le plus prestigieux de l'histoire britannique, si bien que l'on parle du « Royaume-Uni de Victoria ».
Cette expression reflète la réelle emprise de la tradition monarchique sur la société, et semble difficilement compatible avec l'idée de démocratie. Pourtant, il semble que durant cette ère de prestige monarchique, la démocratie parvient à s'imposer petit à petit au Royaume-Uni.
Comment la démocratie britannique évolue-t-elle durant l'ère victorienne ? Quels sont ses progrès et ses limites ? Peut-on dire que le Royaume-Uni que laisse Victoria est démocratique ?
[...] L'abolition du serment chrétien en 1858 permet aux Juifs de siéger au Parlement, tandis que ce droit est offert aux athées en 1885. Cependant, malgré les réformes religieuses, l'Etat ne devient pas pour autant laïc et l'Eglise anglicane reste l'Eglise établie et officielle. Enfin, l'avènement de la liberté syndicale permet une importante démocratisation de la société victorienne. L'existence légale des trade- unions est officiellement reconnue par Gladstone en 1871 (même s'ils existent effectivement depuis les années 1820). On leur interdit les piquets de grève, mais Disraeli les autorise en 1875. [...]
[...] Peut-on dire que le Royaume-Uni que laisse Victoria est démocratique ? Pour apprécier l'état de la démocratie dans le Royaume-Uni de Victoria, il est nécessaire d'étudier son évolution au cours du règne dans différents domaines de la vie politique. En effet, la démocratie repose à la fois sur le suffrage universel, sur des institutions démocratiques, ainsi que sur la reconnaissance de libertés publiques et de l'égalité juridique. I. Vers le suffrage universel L'une des évolutions marquantes du Royaume-Uni sous Victoria est l'extension progressive du suffrage, qui permet d'élargir considérablement le corps électoral. [...]
[...] Le cabinet ministériel s'appuie sur une majorité solide à la Chambre. En effet, la discipline de vote est désormais la règle, le député est fidèle aux consignes de son parti lors du vote. En face, l'opposition n'a plus seulement un rôle de contestation mais de proposition : régulièrement, des réunions informelles se tiennent autour du leader, qui seront à l'origine plus tard du Shadow Cabinet. Ainsi, la stabilité ministérielle s'installe, et les deux partis alternent au pouvoir. Le régime parlementaire victorien est incarné par des personnalités politiques habiles et compétentes. [...]
[...] De plus, la loi considérait le couple comme étant une seule entité juridique, une seule personne morale (ainsi la femme mariée ne pouvait être condamnée pour des infractions telles que le vol ou le cambriolage si elle avait agi sur ordre de son mari). L'époux, responsable de sa femme, avait l'obligation de la protéger. Les femmes mariées ne connaissaient alors pas de droit de propriété sur leurs biens, et le mari, en cas de divorce récupérait l'ensemble. De même, la garde des enfants lui revenait, et celui-ci pouvait même demander l'interdiction à la mère de les voir. [...]
[...] Les syndicats manifestent pour réclamer des réformes, et deviennent ainsi des acteurs majeurs de la démocratie britannique. Ils s'organiseront peu à peu en mouvement politique socialiste. B. La recherche d'une plus grande justice sociale Sous Victoria, libéraux et conservateurs s'accordent pour rechercher une plus grande justice sociale, et de grandes mesures sont prises par les différents gouvernements, à commencer par la démocratisation des organes d'Etat. En 1853, un rapport sur la fonction publique préconise le recrutement dans la fonction publique par concours et non par cooptation ; les bases d'une administration moderne sont ainsi jetées. [...]
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