La question de la succession d'Espagne se pose en raison de la santé fragile du roi d'Espagne Charles II de Habsbourg. Ce dernier est épileptique, hérédosyphilitique et stérile. Charles II use sa santé à vouloir donner un héritier à la couronne d'Espagne. Donc dès l'ascension de Charles II en 1665, l'Europe entière pense que le roi d'Espagne est à la fin de sa vie, et elle se demande à qui, faute d'héritier direct, ira le considérable héritage du royaume. En effet, l'héritage comprend la péninsule ibérique, à l'exception du Portugal, les îles Baléares, la Sardaigne, le Milanais, le marquisat de Finale, les présides de Toscane, le royaume des Deux-Siciles, les Pays-Bas dits espagnols, les présides de la côte du Maroc, les îles des Canaries, le Mexique, l'Amérique centrale, les grandes Antilles et l'Amérique du sud à l'exception du Brésil. Cet héritage suscite toutes les convoitises. Toutes les familles d'Europe sont intéressées à la succession d'Espagne.
(...) Le 1er novembre 1700, Charles II meurt sans successeur. Charles II a légué sa couronne par testament à Philippe, duc d'Anjou, petit-fils du roi de France Louis XIV. (...) Le 9 novembre 1700, la nouvelle du décès de Charles II et du testament en faveur du duc d'Anjou parvient officiellement à Fontainebleau où se tient la cour. Un conseil d'en Haut spécial se réunit le jour même pour savoir s'il faut accepter ou refuser le testament espagnol.
(...) Quels sont les enjeux de l'acceptation du testament espagnol dans la politique intérieure française et dans la politique extérieure du royaume à l'échelle européenne ? (...)
[...] Le principe de frontières naturelles au XVIIème siècle est comme capital. Les frontières naturelles du royaume français seraient comprises entre l'Atlantique, les Pyrénées, la Méditerranée, les Alpes, le Jura, le Rhin. Ce qui explique le préoccupation constante d'annexer le duché de Lorraine et le duché de Savoie. Tout l'enjeu est d'accroître la puissance du royaume sans rompre l'ordre européen qui est un principe international récent, institué à partir du Ryswick de 1697. Car accepter l'héritage espagnol, c'est inévitablement rompre le dernier traité de partage conclu et par conséquent provoquer une guerre en Europe. [...]
[...] [ ] de profiter à l'avenir de son union avec elle [l'Espagne] pour le commerce des Indes ; par conséquent recueillir des fruits de cette union [ ] (l.56/57). De plus, accepter le testament espagnol, c'est ouvrir de nouvelles routes commerciales avec l'outre-mer qui augmenteraient les profits du royaume de France et diminueraient ceux de l'Angleterre et des Provinces. [ ] la diminution du commerce et de l'accroissement des colonies des Anglais et des Hollandais aux Indes ferait un tel intérêt commun qu'il dominerait tous les autres [ ] (l.95 à 97). [...]
[...] Un conseil d'en Haut spécial se réunit le jour même pour savoir s'il faut accepter ou refuser le testament espagnol. Louis de Rouvroy, duc de Saint-Simon (1675-1755), membre de la noblesse française, est célèbre pour ses Mémoires qui racontent par le menu la vie à la Cour aux temps du roi Louis XIV et de la Régence. Il commence à écrire ses futurs Mémoires en juillet 1694. A partir de 1699, Saint-Simon constitue des dossiers documentaires, complétés de notes personnelles. [...]
[...] Accepter le testament, c'est également agir, comme le rappelle le Grand Dauphin, au nom de l'intérêt dynastique. Ce n'est pas agrandir la France territorialement mais conférer la prééminence à la maison de Bourbon et satisfaire les intérêts dynastiques du roi et de son fils. Cet intérêt est très présent à l'esprit de Louis XIV qui veut imposer à tout prix la puissance française à l'Europe entière. Les débats posent diverses questions sur le plan européen et sur le plan national. [...]
[...] Ce dernier est, en effet, par sa mère Anne d'Autriche, petit-fils du roi Philippe III d'Espagne, donc cousin germain de Charles II. De plus, Louis XIV a épousé Marie-Thérèse, sœur aînée de Charles II. Marie-Thérèse a pourtant renoncé à ses droits à la succession à la couronne d'Espagne lors du Traité des Pyrénées en 1659. Les français contestent cette renonciation car elle avait pour condition le versement d'une dot jamais acquittée. Charles II a choisi Philippe d'Anjou, car il a suivi l'avis du conseil d'État espagnol et l'avis du pape Innocent XII. [...]
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