L'Europe des XVIIIème et XIXème siècles a connu une histoire mouvementée faite de révolutions politiques et industrielles. C'est pourquoi une approche en termes de ruptures est séduisante. Pourtant, les indéniables changements ne peuvent s'expliquer complètement sans une mise en perspective débordant la courte période traditionnellement retenue.
L'approche en terme de rupture est séduisante.
Elle correspond en effet à la vision historique traditionnelle qui met en avant les « révolutions politiques », elle fut utilisée par les sociologues au XIXème siècle pour comprendre l'avènement de la société industrielle capitaliste et les économistes cherchent à travers elle, le facteur déclenchant de la révolution industrielle. Mais attention, cette approche comporte des risques en laissant la porte ouverte aux prophéties les plus diverses !
[...] Mais il redoute alors la façon dont chacun saura occuper son temps libre. Le rapport Meadows publié en français en 1972 sous le titre de Halte à la croissance prophétisait que celle-ci atteindrait ses limites au cours du XXIe siècle. Rifkin prophétise La fin du travail (1995) l'emploi est en voie de disparition risquant d'aboutir à une société de violence et d'inégalités. La thèse de déversement est selon cet auteur dépassée. Ainsi, la tentation est grande de présenter le XIXe siècle en Europe comme une période de rupture qui rompt définitivement avec une ère rurale, agricole et traditionnelle, pour s'affranchir d'un destin contraint par la quête des subsistances et accéder à la civilisation industrielle menant à l'abondance. [...]
[...] Les aspirations libérales sont souvent doublées par les aspirations nationales. Pour comprendre le changement social Lors de ces périodes troublées, le changement social est un sujet d'étude qui s'impose aux sociologues, et on remarque plusieurs grands précurseurs qui adoptent une vision historiciste en soulignant la césure entre sociétés moderne et traditionnelle. Auguste Comte lorsqu'il décrit le progrès des connaissances humaines à travers les états théologique, métaphysique et positif s'inscrit dans une démarche discontinue et prophétique caractéristique de la problématique de la rupture. [...]
[...] La révolution industrielle a-t-elle constitué une rupture dans l'histoire des pays européens ? L'Europe des XVIIIe et XIXe siècles a connu une histoire mouvementée faite de révolutions politiques et industrielles. C'est pourquoi une approche en termes de ruptures est séduisante. Pourtant, les indéniables changements ne peuvent s'expliquer complètement sans une mise en perspective débordant la courte période traditionnellement retenue. I. L'approche en terme de rupture est séduisante Elle correspond en effet à la vision historique traditionnelle qui met en avant les révolutions politiques elle fut utilisée par les sociologues au XIXe siècle pour comprendre l'avènement de la société industrielle capitaliste et les économistes cherchent à travers elle, le facteur déclenchant de la révolution industrielle. [...]
[...] La proto-industrialisation se développe dès la fin du XVIIe siècle dans les Flandres mais aussi dans plusieurs régions de Grande-Bretagne, France, Suisse, Italie du Nord La vision braudélienne relativise le terme de rupture La vie matérielle est sous le signe de la routine. L'économique et le matériel se transforment imperceptiblement du XVe au XVIIIe siècle. Braudel dans Civilisation matérielle, économie et capitalisme (1979) présente une vision dialectique de l'évolution économique, en insistant sur l'inertie de la vie matérielle qui peut côtoyer des révolutions faisant reculer la ligne entre le possible et l'impossible. [...]
[...] Pourtant on ne peut oublier que l'Europe a une vieille histoire et que tout n'est pas parti de rien. D'une part, d'autres périodes ont connu des progrès rapides ce qui nous amène à considérer que l'industrialisation déborde largement le XIXe siècle, d'autre part aussi spectaculaires soient-ils, les changements intervenus en Europe à cette époque doivent être relativisés en longue période. II. Pourtant, l'Europe a une histoire ancienne et tout n'est pas parti de rien D'autres périodes ont connu des progrès L'historien Georges Duby parle de révolution agricole médiévale en 1954, Lopez de révolution commerciale du Moyen Age et Jean Gimpel de révolution industrielle au Moyen Age. [...]
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