La Révolution française est-elle le fruit des Lumières ?

Résumé du document

Avant de commencer notre exposé, commençons par évoquer deux dates symboliques : le 11 juillet 1791 et le 11 octobre 1794. C'est durant ces deux journées que furent transférés les corps de Voltaire et Rousseau au Panthéon. Cette panthéonisation qui fit grande impression (mise en scène grandiose...), constitue un moment fort dans l'histoire des fêtes révolutionnaires. Cette commémoration est symbolique puisqu'elle précède de deux jours seulement une double commémoration, celle de la prise de la Bastille ainsi que celle de la Fédération de 1790. Ces deux évènements mettent en image l'unité profonde entre deux combats pour la liberté selon les mots Bronislaw Baczko, celui du siècle éclairé et celui de la Nation régénérée. A travers, ces deux cérémonies, la Révolution rendait hommage et justice à ses précurseurs et inspirateurs. Les deux commémorations mettaient en perspective une double représentation, celle de la Révolution et celle des Lumières. En rendant hommage aux Lumières, la Révolution appelait les Voltaire et les Rousseau, comme témoins afin qu'ils se reconnaissent dans l'œuvre qu'elle avait accomplie. Les révolutionnaires ont donc voulu créer une convergence entre eux et les Lumières.

Extraits

[...] Ce qui l'intéresse plus, c'est de savoir comment des hommes sont devenus révolutionnaires. Dans le même registre, Chartier va s'interroger sur le processus de transmutation de l'esprit en pratique. Car, finalement, tout l'intérêt est là, comment passe t-on des idées aux actions ? Bibliographie F.Furet, Penser la Révolution, Gallimard F.Furet et M.Ozouf, Dictionnaire critique de la Révolution française, Flammarion J.Solé, La Révolution en questions, Seuil J.Tulard, J-F. Fayard, A. Fierro, Histoire et dictionnaire de la Révolution française, Laffont R.Chartier, Les origines culturelles de la Révolution française, Seuil A. [...]

[...] Selon Soboul ou Vevelle, la période révolutionnaire marquerait l'émergence de la bourgeoisie capitaliste. Le déclenchement de la Révolution serait donc le fruit de la lutte des classes entre l'aristocratie et la bourgeoisie. Si l'on suit l'explication marxiste, c'est donc la lutte de classes qui est le facteur crucial du déclenchement des évènements. Lefebvre écrit que la cause fondamentale de la Révolution n'était pas autre chose que l'ascension de la bourgeoisie. Les Lumières n'auraient eu finalement qu'un rôle secondaire, elles seraient le produit intellectuel de la bourgeoisie. [...]

[...] Le peuple en paraissait assez éloigné. Par la suite, nous en sommes arrivés à recentrer le débat sur deux courants historiographiques exposant deux interprétations différentes des origines de la Révolution : le courant d'inspiration marxiste et le modèle révisionniste. Même si la théorie explicative révisionniste semble encore très influente aujourd'hui, on voit émerger depuis quelques années des auteurs qui s'écartent de ces schémas traditionnels comme Chartier ou Tackett et qui proposent une autre approche de l'évènement révolutionnaire. Ils vont essayer de refaire de la Révolution une énigme. [...]

[...] Selon Solé, ce fût au sein de cette littérature de la boue que se prépara une explosion révolutionnaire plus que dans les écrits des Lumières. Cette littérature d'après ses mots retenait une grossière propagande dirigée contre la Monarchie et l'Eglise. (Récits sur les maîtresses de Louis XV et les débauches du clergé) Pour conclure cette première partie, on peut suivant le constat fait par Bronislaw Baczko dire que tout mythe est porteur de sa propre vérité et que la Révolution a utilisé à sa guise l'héritage des Lumières. [...]

[...] Doyle dans son étude sur les origines de la Révolution, ressort cette analyse en reprenant l'étude de Taylor. Pour ce dernier, les cahiers de doléance du Tiers-Etat n'ont aucune référence aux Lumières. A l'opposé, ceux de la noblesse y sont imprégnés. Il démontre comment au cours du XVIIIème siècle, une bonne partie de la noblesse s'était converti aux idéaux des Lumières. La recherche historiographique de ces cahiers de doléances met en avant une hostilité profonde à l'Ancien Régime avec un désir de créer un Etat libéral. [...]