Tocqueville écrit, dans L'Ancien Régime et la Révolution, « Croire que les sociétés démocratiques sont naturellement hostiles à la religion est commettre une grande erreur : rien dans le christianisme, ni même dans le catholicisme n'est absolument contraire à l'esprit de ces sociétés et plusieurs choses y sont très favorables ». Il explique ici en quoi les rapports entre la Révolution démocratique inspirée des Lumières et opérée en France de 1789 à 1799 et le catholicisme, personnifié par le clergé français et le Pape, contrairement aux idées reçus, n'ont pas toujours été si opposés qu'on a pu le croire. Cependant, contrairement à l'idée de Tocqueville, de nombreux membres du clergé, qui avaient peur de voir l'Église perdre son rôle d'institution moralisatrice, ont rejeté vivement les principes révolutionnaires. De plus ces relations conflictuelles sont marquées déjà avec les Lumières, mouvement intellectuel à la base de la Révolution française, qui voulait replacer l'homme et non Dieu au centre de la société.
La révolution française marque-t-elle réellement une rupture brutale dans les institutions et dans la pratique de la religion catholique ?
[...] L'Église réfractaire est tolérée jusqu'en 1792 où elle est déclarée ennemie de l'État. Beaucoup seront expulsés de France mais il y aura aussi de nombreux martyrs parmi les prêtres réfractaires et le clergé régulier (les religieux). En septembre 1792, on massacre des ecclésiastiques, l'état civil est enlevé au clergé pour être confié aux mairies, le divorce est autorisé : on n'a quasiment plus besoin de recourir à l'Église pour la vie civile. Le pape Pie VI condamne les principes de la révolution française en mars 1791, refusant la possibilité d'une liberté indépendante de Dieu, ce qui revient aussi à une condamnation de la Déclaration des Droits de l'Homme qui accorde à l'homme des droits indépendamment de Dieu Le pape demande la rétractation de tous ceux qui ont juré : c'est le schisme. [...]
[...] La révolution française marque-t-elle réellement une rupture brutale dans les institutions et dans la pratique de la religion catholique ? Il s'agira dans un premier temps de mettre en exergue les éléments de la rupture entre la révolution et la religion catholique puis de montrer les limites de cette rupture en définissant leurs influences mutuelles (II). Catholicisme et Révolution : des relations conflictuelles Rupture du Catholicisme avec la Révolution L'œuvre révolutionnaire pratique très tôt de profondes réformes organisationnelles de la religion catholique en France. [...]
[...] Après cinq années de Consulat, il se fait sacrer Empereur. On assiste à la reconstruction d'un décorum monarchique et à un renouvellement de la symbolique du pouvoir excluant totalement les principes religieux de l'Ancien Régime. En effet, le rôle réservé au Pape, dont la venue a été longuement négociée, indique que Napoléon n'entend pas être le serviteur de l'Eglise : il reçoit la bénédiction pontificale, mais il ne communie pas et se pare lui-même de la couronne. Église catholique et État cohabitent, mais la France est définitivement laïque. [...]
[...] Le tiers récidive dans son appel aux deux autres ordres à se réunir. Il multiplie les démarches auprès des curés. En effet leur cause est commune, le tiers état et bas clergé contre l'aristocratie laïque et cléricale. Le 19 juin, ils sont 127 curés à avoir rejoint le tiers ; le 22 juin lorsque l'Assemblée nationale s'installe en l'église Saint- Louis députés du clergé sont présents. Malgré l'injonction de Louis XVI aux trois ordres de se séparer, le 24 juin 150 prêtres rejoignent le tiers. [...]
[...] Cette mutation religieuse du XVIIIème siècle peut aussi s'expliquer par une diffusion spectaculaire de la pratique et des théories scientifiques (mode des cabinets de science, découvertes de Copernic et de Galilée sur l'héliocentrisme et le mouvement des planètes, révolution cartésienne, redécouverte de l'atome par Lavoisier en 1784, etc.) dont la vision du monde commence, de manière encore très marginale mais significative, à supplanter les grilles de lectures et les superstitions catholiques. II) Des influences mutuelles limitant l'image de la rupture Le rôle du clergé dans la révolution Le clergé catholique a eu très grande influence durant la révolution. [...]
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