À la fin du XVe siècle, Venise connaît son apogée, tant sur le plan commercial que sur le plan politique. En 1500, elle est une importante agglomération, un port, une puissance marchande et un centre économique, la capitale d'un domaine colonial et d'un Etat de Terre-Ferme. C'est une cité riche et puissante. Elle fascine les étrangers, et impressionne par la stabilité de ses institutions. Dans l'élégance de son bâti jeté au dessus des eaux de la lagune, dans son ordre serein et dans son exemplaire unité, Venise est la cité parfaite. Ainsi Philippe de Commynes la décrit-il dans ses Mémoires, à la suite du premier voyage qu'il y fit entre octobre 1494 et juin 1495. Ainsi Jacopo de Barbari la représente-t-il dans sa fameuse vue à vol d'oiseau de 1500 (...). Tant le texte de Commynes que la représentation topographique de Jacopo de Barbari nous entraînent dans le portrait d'une ville exemplaire : Venise ne se voit pas, elle assemble des images que chaque spectateur peut s'approprier. Tous deux mettent en exergue la gestion de l'espace citadin par le pouvoir politique. Ainsi soulèvent-ils la question de la volonté de l'autorité de façonner le territoire de la ville comme la projection de son propre sens du pouvoir, l'image d'une cité céleste est alors inhérente au projet urbain.
[...] Tous deux mettent en exergue la gestion de l'espace citadin par le pouvoir politique. Ainsi soulèvent-ils la question de la volonté de l'autorité de façonner le territoire de la ville comme la projection de son propre sens du pouvoir, l'image d'une cité céleste est alors inhérente au projet urbain. C'est pourquoi nous verrons dans un premier temps l'urbanisme vénitien, puis la puissance de la ville qui s'en dégage, et enfin nous nous intéresserons à la richesse de la Sérénissime. La fascination qu'exerce Venise du fait de sa situation si particulière apparaît dès les premières lignes du texte de Philippe de Commynes qui décrit longuement son arrivée dans la ville en insistant sur le parcours fluvial et maritime qu'il a emprunté. [...]
[...] Il est organisé pour la construction et l'armement des galères, il se présente de manière linéaire, le long d'un canal qui conduit sur le bassin de San Marco. Il est subdivisé en trois parties : l'Arsenal vecchio, l'Arsenal nuovo, et l'Arsenal nuovissimo qui n'est pas achevé au moment où Commynes le visite et quand Jacopo réalise la vue. Le fait que Commynes, en qualité d'ambassadeur, le visite n'a rien d'anodin. L'Arsenal contribue à l'image de Venise, et on le montre, comme on le fait pour les églises et les reliques, il est libre d'accès à tous. [...]
[...] La puissance de Venise se caractérise par sa mainmise sur le commerce méditerranéen, et par l'empire qu'elle dirige. Toutefois, Commynes relève une particularité notable : aucun d'entre eux ne va à la guerre sur la terre ferme ( ) toute la guerre sur mer est conduite par leurs gentilshommes, en tant que chefs et capitaines En effet, la société vénitienne refuse de s'impliquer dans la guerre, les aristocrates ne servent que sur mer. Ceci a un effet considérable sur la stabilité des institutions puisque la crainte de voir les nobles s'engager individuellement dans les affaires militaires et arborer des prétentions incompatibles avec l'esprit traditionnel de la noblesse les a conduit à établir une structure officielle qui conserve l'armée à distance et sous contrôle. [...]
[...] Sur le plan de Jacopo de Barbari, on le distingue parfaitement à droite du détail de la Piazza San Marco. Le palais ducal est en effet un foisonnement de richesses, que Commynes décrit très précisément : c'est un beau palais, richement meublé, dont la façade est entièrement en marbre bien taillé, et les bords des pierres revêtus d'or sur une largeur de peut-être un pouce Le luxe de ce palais répond au pouvoir de la noblesse vénitienne. Le doge y a son logement, d'où il peut écouter la messe dite dans la chapelle Saint-Marc qui est la plus belle et la plus riche chapelle du monde, même si elle n'a que le nom de chapelle Commynes fait montre d'une pointe d'ironie ici, car pour un édifice aussi somptueux, le nom de chapelle, qui évoque d'ordinaire des proportions et une décoration modestes, le terme de chapelle apparaît inapproprié. [...]
[...] Calabi, “Città ed edilizia pubblica nel dominio veneziano da mare : modelli, significato civile, linguaggio archittetonico”, in D'une ville à l'autre : structures matérielle et organisation de l'espace dans les villes européennes (XIIIème-XVIème siècle), Rome, Ecole Française de Rome E. Crouzet-Pavan, Espaces, pouvoirs et société à Venise à la fin du Moyen- Âge, Rome, Ecole Française de Rome et Istituto storico italiano per il Medioevo E. Crouzet-Pavan, Venise : une invention de la ville XIIIème-XVème siècles, Seyssel, Champ-Vallon E. Crouzet-Pavan, Venise triomphante : les horizons d'un mythe, Paris, Albin Michel E. Crouzet-Pavan (éd.), Pouvoir et édilité au Moyen-Âge : les grands chantiers dans l'Italie communale et seigneuriale, Rome, Ecole Française de Rome F. [...]
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