Les années 1930 sont un peu particulières pour la France et pour les relations qu'elle entretient avec ses colonies. Les séquelles de la Première Guerre mondiale se font encore sentir, la crise économique commence à sévir, et l'Empire colonial est constitué, mais déjà en chahut (par la guerre du Rif notamment).
Les colonies ont toujours représenté le lieu des enjeux, lieu de lutte avec l'Angleterre, lieu des enjeux économiques et commerciaux, cependant un certain glissement vers l'enjeu politique est observable. On peut dès lors se demander quelles sont les représentations iconographiques des colonies dans cette période d'entre-deux guerres, et quelles sont leur finalité ?
Ce corpus est composé d'une affiche d'un film français de Rex Ingram intitulé Baroud, sorti en 1931, et deux affiches de propagandes réalisées par André Galland en 1932. La différence de supports témoigne donc d'une finalité différente, toutefois ces 3 affiches s'appuient sur des codes, sur des représentations stéréotypées mises en place dès le début de la colonisation et qui sont restées dans l'imaginaire français.
[...] Le processus de communisation a eu lieu, l'idéologie s'est enracinée dans les mentalités. Ici, le message transmis est plus difficile, il est moins évident à comprendre, texte et image ne se confondent pas au service du sens. L'affiche représente une masse d'hommes réunis, avec deux plans, les acteurs principaux du premier plan (les 7 hommes identifiables) et la foule rassemblée. Il s'agit en quelque sorte d'un brassage culturel, différentes nations sont représentées par des traits physionomiques stéréotypés et des vêtements traditionnels, on en identifie trois principaux : Asie, Afrique Noire, Afrique du Nord ( qui sont des colonies françaises) Ils sont tous rassemblés donc, pour une sorte de marche assurée qui évoque une confrontation violente : ces hommes ont un air agressif (visages crispés, bouches ouvertes comme si criaient slogans, attitude de mouvement, traits tirés. [...]
[...] La représentation physique et morale s'accompagne d'une dualité constante qui marque un rapport de force, il existe un double jeu de miroir : civilisé-sauvage, histoire-nature, droit-coutume, nation-tribu, soldat- rebelle, religion-superstition La culture étrangère est représentée, mais elle met forcément, de manière explicite ou implicite la culture française dans une position de supériorité. C'est ainsi que nait le mythe de la mission civilisatrice le colon doit apporter la civilisation, il doit aider le pays à se développer. Une place particulière est également donnée à la femme : elle assure la liaison entre le monde oriental et occidental, c'est par la femme indigène que passe la civilisation, elle devient une source de désir pour les occidentaux que les orientaux leur cachent avec un costume féminin strict. [...]
[...] La guerre du rif a permis au mouvement communiste d'avoir plus d'emprise sur la colonisation. Il se manifeste de plus en plus comme anti-colonial, dans une lutte anti-impérialiste, et même au moment de l'exposition, les communistes organisent une contre-expo, mais qui rencontre peu de succès. André Galland travaille durant l'entre-deux-guerres avec le centre de propagande des républicains nationaux (le CPRN), qui est une droite modérée et qui se rend compte de la nécessité de politisation par la propagande. Le CPRN se revendique de plus en plus anti-communiste, qui l'analyse comme une véritable menace, et qui utilise la propagande pour le décrédibiliser. [...]
[...] Il reprend la tradition cinématographique coloniale. En effet, deux genres : le reportage documentaire et la fiction qui contribuent à la conceptualisation d'un imaginaire, à une sorte d'initiation à la France coloniale, ludique et romanesque, c'est le cas de Baroud. Résumé du film : tout d'abord, titre, mot arabe signifiant poudrière à canon et plus généralement combat Histoire de deux amis sergents spahis (soldats des troupes françaises), un Marocain, Si Ahmed et un Français, André Duval. Duval tombe amoureux de sa sœur Zinah, et bafoue ainsi l'honneur de la famille, donc elle est condamnée à mort selon la loi. [...]
[...] La société de l'image permet de mettre sous de bons ton les relations France-colonies, et particulièrement avec le Maghreb. Cependant, celles-ci sont ambigües, les hommes ne sont pas tous sur un pied d'égalité, le Français est au dessus de tout et la représentation des colonies passe par des clichés souvent péjoratifs, voire dévalorisants, pour les Arabes. I. Des débuts de cassure A. La montée du communisme C'est le thème commun aux deux affiches : le mot communistes est écrit dans les deux affiches et ses symboles y sont représentés, le drapeau ainsi que la couleur rouge, seule couleur à se démarquer du noir et du blanc (dans les originaux). [...]
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