Pendant la première moitié du XVIIe siècle s'achève la mise en place des Etats territoriaux en Europe et la stabilisation des relations extérieures qui en découle débouche sur la notion d'équilibre européen. Cette phase est, d'après G. Pagès, « la dernière d'une crise qui s'étend sur plusieurs siècles et qui marque le passage des temps médiévaux aux temps modernes ».
La paix d'Augsbourg (1555) avait mis fin à la guerre entre l'empereur et les princes allemands luthériens ; elle avait permis de fixer les frontières religieuses, rétabli les princes dépossédés par Charles Quint, consolidé l'existence de la Diète avec ses sections (électeurs, princes, villes libres) et finalement maintenu le principe de l'élection de l'empereur, tout en reconnaissant les droits des Habsbourg à l'hérédité. L'équilibre religieux et politique qui en était sorti reste précaire.
L'adoption du calvinisme par des princes, dont l'électeur Palatin et l'électeur de Brandebourg, pose un problème de statut : la paix d'Augsbourg, en effet, ne reconnaît que le luthéranisme. La poursuite des sécularisations de biens ecclésiastiques par les bénéficiers qui changent de religion est une violation de la clause du réservat ecclésiastique. On constate que des chapitres en partie composés de protestants élisent des protestants comme évêques : ils perçoivent les fruits du bénéfice sans, bien entendu, exercer les fonctions religieuses. Le fils de Christian IV, roi du Danemark, est par exemple évêque administrateur de Verden, d'Halberstadt et coadjuteur, avec future succession, de Brême et d'Osnabrück. Le prince électeur de Saxe contrôle les évêchés de Mersebourg, Meissen et Naumbourg. Les catholiques s'efforcent d'empêcher l'élection de protestants par les chapitres en présentant des candidats et en s'efforçant de reprendre la majorité dans les chapitres. Léopold-Guillaume, fils de l'empereur, est élu à Passau et à Strasbourg.
[...] En Alsace, la situation est très confuse : le pays est tenu par les Espagnols (Brisach), les Suédois (Colmar, Sélestat), les Français (Haguenau, Saverne) et les Lorrains. B. L'entrée en guerre de la France Le 19 mai 1635, le roi de France envoie son héraut d'armes à Bruxelles pour déclarer la guerre au roi d'Espagne. En septembre 1635, l'empereur déclare la guerre au roi de France à cause de son intervention en Franche-Comté, fief du roi d'Espagne mais de mouvance impériale. [...]
[...] Les Suédois sont écrasés à Nordlingen septembre 1634). L'électeur de Saxe se retire de la coalition anti- impériale par le traité de Prague (30 mars 1635) il accepte de reconnaître la dignité électorale de la Bavière ; l'empereur suspend l'application de l'édit de restitution. III/ La guerre générale (1635-1648) A. La politique française La diplomatie française suit avec attention la guerre en Allemagne et intervient chaque fois qu'il est possible de gêner la politique impériale ou d'empêcher les Habsbourg de Madrid de réaliser un gain. [...]
[...] Le premier souverain à intervenir est Christian IV, roi du Danemark. Au titre de duc de Holstein, il siège à la Diète germanique et est membre du cercle de Basse-Saxe, qui vient de faire la paix avec l'empereur en 1623. Souverain d'une dynastie protestante, il est un des chefs naturels du parti luthérien ; d'autre part, un de ses fils, Frédéric, est administrateur des évêchés de Verden, Halberstadt et coadjuteur de Brême et d'Osnabrück. Christian IV ne tient donc pas à voir remise en vigueur la clause du réservat ecclésiastique. [...]
[...] Caractères des relations extérieures A. Les ambitions nationales Dans la première moitié du XVIIe siècle se confirme une des tendances de la politique extérieure : la consolidation des Etats nationaux crée des situations d'interdépendances entre ces Etats. Les intérêts de chacun apparaissent complémentaires ou opposés et suscitent la création de coalition d'intérêts ou leur éclatement. A peu près partout il devient possible de distinguer une stratégie dans les politiques extérieures menées par les Etats. Ces stratégies sont encore très liées au système monarchique : le souverain veut affirmer sa gloire aux yeux de l'Europe, s'égaler aux héros antiques, affirmer sa popularité et défendre les droits et héritages de sa maison. [...]
[...] La guerre terrestre par ailleurs, son prolongement maritime. Chaque année, entre 1635 et 1648, se place une campagne durant laquelle, entre mai et octobre, chaque belligérant essaie de réaliser des plans de campagne, expression d'une stratégie plus vaste et à plus long terme. L'année 1635 montre parfaitement les déploiements d'armées. Les Français ont des troupes en Valteline, dans la plaine du Pô, aux Pays-Bas espagnols, en Franche-Comté, en Alsace, à Trèves, en Pays Basque, et en Roussillon. Les flottes sont à la mer : en Méditerranée où les Espagnols se sont emparés des îles de Lérins et en Atlantique où les Français combattent les flottes de La Corogne et de Cadix. [...]
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