Plusieurs siècles durant, les armées de Mehmed II, de Soliman I, ou de Murad IV ont conquis d'énormes territoires et tenus en échec les forces des empires et des royaumes européens.
A l'aube du XIXe siècle cependant, cette dynamique est pratiquement renversée, et l'Empire ottoman doit faire face à la montée en puissance des états européens. Aguerris par des décennies de guerres, se basant sur des frontières solides et une industrie florissante en pleine mutation, les états chrétiens de la vieille Europe inquiètent le sultan. La menace est d'autant plus grande que l'autorité de celui-ci décroit et que le prestige de la dynastie ottomane au sein des provinces arabes de l'Empire vacille.
Face à cette double menace, le sultanat se repose notamment sur un art qu'il a appris à maitriser à la perfection : la guerre. Mais il trouve en face de lui des armées entrainées, aguerries, à la hiérarchie structurée et munies d'équipement modernes. Les défaites se suivent et se ressemblent tandis que les interventions européennes au sein des affaires internes de l'Empire se multiplient. Encouragées par ces signes extérieurs de faiblesses, les provinces occidentales déclenchent le signal de la lutte pour l'indépendance. La Sublime Porte se trouve alors dans l'impasse. Le pouvoir a besoin d'une armée forte, capable de ramener l'ordre à l'intérieur des frontières de l'Empire comme à l'extérieur.
[...] Cette innovation passera pour l'une des plus importantes de tout le mouvement réformiste. Désormais, les soldats seront recrutés directement au sein des régions qu'ils sont censés défendre, et seul une situation de menace exceptionnelle les obligeraient à partir combattre sur d'autres fronts. Un firman de 1843 fonde pour la première fois dans l'histoire ottomane des commandements provinciaux et crée du même coup cinq armées chargées de défendre la capitale, la Thrace orientale, la Roumélie, l'Anatolie et les provinces arabes. Une sixième armée, basée à Bagdad, verra le jour en 1848 et recevra la défense du Hedjaz et de l'Irak. [...]
[...] C'est de ce milieu-là que surgira le mouvement politico-militaire des jeunes-turcs Les réformes de L'armée impériale ottomane 2012 Ces officiers-techniciens d'origine étrangère étaient bien souvent couverts d'honneurs et de privilèges, même si leurs agissements au sein de l'armée étaient étroitement contrôlés par le sultan. Ainsi, dès son arrivée à Istanbul, le colonel Von Kaehler fut promu général de brigade (livâ) et devint Pacha, puis aide de camp du sultan. Lorsqu'il décéda en 1885, il était maréchal (muchîr). Ce titre n'était toutefois accordé que de manière très exceptionnelle dans l'Empire ottoman. [...]
[...] Les corps influents de l'Etat sont cette fois-ci favorables aux réformes. Le 12 juin 1826, une première décision impériale donne lieu à la création d'un nouveau corps d'armée : les echkindjiyan, formés par des janissaires de la capitale et destinés à former le noyau de la nouvelle armée impériale. Les exercices et les obligations qui l'accompagnent sont inspirés des techniques européennes, mais le sultan se garde bien de les présenter comme tel. En effet, Mahmud II présente son projet comme une restauration de l'ordre militaire au temps de Soliman le Magnifique et qualifie ses nouveaux soldats de musulmans modernes Ce rappel de l'âge d'or et cette caractérisation religieuse ne peuvent qu'enthousiasmer les conservateurs les plus récalcitrants au sujet des réformes. [...]
[...] L'affaire du Maroc, qui laissa le champ libre à la France dans tout le Maghreb, poussa l'Italie à agir. La dernière province ottomane en Afrique du Nord était quasiment sans défense. La milice existant du temps d'Abdul-Hamîd avait été dispersée après 1908, quand des troupes avaient été retirées pour faire face aux troubles du Yémen. La guerre est déclarée le 29 septembre 1911, après l'expiration de l'ultimatum remis par les autorités italiennes. Les premières troupes débarquent le en Tripolitaine 4 octobre. En quelques semaines, elles s'emparent de toute la zone côtière sans rencontrer de sérieuse résistance. [...]
[...] Une véritable armée européenne ! L'influence européenne Les innovations technologiques Le XIXe siècle vit le début de l'industrie militaire moderne. On passa progressivement des petits artisans spécialisés dans la fabrication d'une telle arme avec tel outil aux grosses entreprises avec une fabrication standardisée et à la chaine entrainant ainsi l'interchangeabilité des pièces et une plus grande fiabilité de l'armement. La recherche militaire se développa également au sein de plusieurs pays. Une idée ingénieuse était sans cesse reprise et expérimentée par une firme concurrente en dépit du nombre de brevets déposés. [...]
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