Au XVIe siècle, la découverte des terres du nouveau continent est bien amorcée et laisse place à un phénomène nouveau : la conquista. Cette entreprise, qui n'est plus l'affaire de marins mais bien le fait de soldats, marque la prise de possession et la souveraineté sur un territoire déterminé. La conquête répond à un processus bien défini et ne peut être exécutée sans l'aval d'un souverain. Cette entreprise, à l'origine privée, vise la terre et agit par étapes successives avec l'occupation puis la soumission du territoire annexé. La conquête du Mexique ne déroge pas à la règle de la compania, comme en témoigne ce document de nature épistolaire rédigé par le conquistador Hernàn Cortes le 30 octobre 1520.
Né en 1485 à Medellin dans la province d'Estrémadura, Hernàn Cortés est le fils de l'hidalgo Martin Cortés De Manrog. Cette appartenance à la petite noblesse espagnole lui permet de suivre des études à l'université de Salamanque (1499-1500), d'où il ressort avec le titre de bachelier ès lois. Il apprend le métier de notaire à Valladolide mais il se passionne pour l'aventure et les armes. Cette passion le pousse à prendre la route de l'Amérique afin d'y faire fortune. Tout jeune conquistador, il participe à la pacification d'Hispaniola, ce qui lui veut de recevoir une encomienda et la charge de notaire public. Mais c'est la conquête de Cuba qui le fait connaître et qui pousse Diego Velázquez, gouverneur de Saint- Domingue, à le nommer capitaine de la nouvelle expédition qu'il prépare après avoir obtenu l'accord des moines hiéronymites. Ainsi, Cortés se retrouve au commandement de onze navires dont la mission est de retrouver des naufragés mais surtout de faire la conquête de toutes les terres découvertes et de soumettre les habitants au roi d'Espagne. En février 1519, il débarque sur les côtes du Yucatan et décide de conquérir les terres mexicaines contre l'avis de Velázquez.
Cette entreprise dure plusieurs années au cours desquelles Cortés laisse de nombreux écrits afin de rendre compte à son souverain de toutes ses actions, comme le prouvent ces extraits épistolaires tirés du corpus cartas de relacion adressé à l'empereur Charles Quint. Ce corpus regroupe cinq lettres rédigées entre 1519 et 1526. Celle dont le document est extrait est la lettre numéro deux, écrite le 30 octobre 1520 et fut imprimée pour la première fois à Séville en 1522. Elle décrit la montée des conquistadores vers Tenochtitlan, l'empire aztèque, la ville même de Tenochtitlan, l'empereur Montezuma et se termine par un appel au secours. Les extraits traités relatent l'arrivée de Cortés et de son armée dans la capitale aztèque ainsi que le serment de fidélité prêté par Montézuma envers l'empereur Charles Quint.
Les faits relatés se déroulent dans le contexte des conquêtes du territoire aztèques qui ont suivi sa découverte en 1517 par Juan Grijalba. Cette conquête s'inscrit également dans un contexte plus large qui est celui des grandes expéditions pour coloniser les territoires de plus en plus à l'ouest afin d'y découvrir de nouveaux filons aurifères après la déception des premières conquêtes qui se sont avérées bien moins enrichissantes que ce que l'on avait escompté. Les conquistadores décident donc de s'emparer des terres afin de répondre aux nouveaux besoins et surtout aux envies que les grandes découvertes avaient engendrées. Toujours guidées par la bannière de Dieu et surtout celle du roi, les compagnies se multiplient et partent soumettre de nouveaux sujets pour le service de Charles Quint roi d'Espagne devenu empereur en 1519. Cette extension vise dans un premier temps les terres afin d'agrandir le domaine de la couronne d'Espagne. Ces entreprises, bien que privées, devaient être justifiées auprès de l'empereur, ce dont témoignent les nombreux écrits laissés par les conquistadores qui espéraient ainsi une reconnaissance pour service rendu à sa majesté. Ces lettres de Cortés ne dérogent pas à cette règle et constituent un témoignage direct fait par l'un des acteurs principaux de la conquête.
Dans quelles mesures, cette lettre d'Hernàn Cortés à l'empereur Charles Quint illustre-elle le phénomène de la conquista espagnole ?
Afin de répondre à cette question, il convient de prendre en compte trois aspects essentiels du texte avec, dans un premier temps, l'arrivée de Cortés à Tenochtitlan ; le choc des cultures, puis dans un second temps, savoir si cette conquête est pacifique, et enfin, dans un troisième temps, la soumission d'un nouvel empire au service de Charles Quint.
[...] Ils semblent en admiration devant la beauté de la ville ainsi que devant le style raffiné de l'architecture. L'auteur évoque la grande avenue par laquelle l'armée espagnole fait son entrée dans la ville (ligne 3).Il s'agit là de la rue principale de Tenochtitlan ou Chaussée du midi qui traversait la ville d'un bout l'autre et se prolongeait sur plusieurs miles et permettait ainsi de voire l'autre coté de la cité. Cette Chaussée du midi était ponctuée de temples et de grandes maisons certainement les maisons des habitants les plus nobles. [...]
[...] Cet acte de prise de possession se fait dans un cadre très codifié, très officiel, la soumission elle-même répond à un déroulement organisé. (l.71 à 74) Tous ensemble et chacun en particulier le serment de fidélité est collectif puis c'est individuellement que l'on s'engage, comme dans un serment d'allégeance européen. La volonté des espagnols est de transposer les coutumes européennes sur des peuples nouveaux, soit par la force soit par la persuasion. Cet acte notarié officiel élaboré en faveur du souverain d'Espagne résulte d'un serment de fidélité mais cette allégeance est-elle volontaire ? [...]
[...] Les plus riches et les plus hauts dignitaires accueillent Cortés aux cotés de Montezuma. L'auteur reconnaît l'existence de cette organisation en mentionnant le titre de Montezuma et insiste sur sa position centrale (ligne dans le cortège d'accueil pour mettre en avant l'importance du personnage au sein de cette société, même s'il témoigne par la suite d'une certaine familiarité envers l'empereur aztèque afin de souligner la supériorité de Charles Quint. Ce peuple semble donc civilisé et habitué à une forme de domination. [...]
[...] La beauté des présents reçus par Cortés prouve que le capitaine est accueilli comme une personne de haut rang, ainsi que le fait que Montezuma l'installe à la place qui lui est normalement réservée dans le palais l'estrade qui avait été faite pour lui (lignes 20-32) (ligne 51-65). Mais un autre événement permet l'accueil des espagnols puis la soumission des Aztèques. Il prend racine dans les croyances ancestrales de ce peuple : il s'agit de la légende de Quetzalcoatl. Elle tient une place primordiale dans la conquête du Mexique et elle est mentionnée à deux reprises dans le texte lorsque Cortés rapporte à Charles Quint les paroles de l'empereur Aztèque (lignes 21-31) (lignes 51- 65). [...]
[...] Ces réticences sont surtout le fait de Montezuma qui est un empereur méfiant, qui malgré sa fonction d'augure, émet des doutes sur la divinité des espagnols. C'est à cause de cette méfiance que le parcours des espagnols est connu de l'Empereur comme en témoigne le discours prononcé lors de l'accueil des conquistadores à 30). Montezuma évoque les fatigues du chemin et différents combats que vous avez livrés et 34). La route à travers les terres aztèques est longue de Vera Cruz, où les espagnols ont accostés, à Tenochtitlan. [...]
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