Droite en France, paysage politique, légitimistes, orléanistes, bonapartistes, ralliés, progressistes, nationalistes
« Droite, gauche, la distinction est de beaucoup la plus vivante pour la masse de l'électorat français » écrivait Emmanuel Berl. Si l'homme de droite apparaît aujourd'hui encore si complexe et réfractaire à la définition, c'est que la droite porte la trace de remaniements successifs, legs d'une histoire bicentenaire. La question se formule donc ainsi : n'y a-t-il eu qu'une seule et même droite ? On peut en effet reconnaître la permanence d'un système de valeurs à la définition délicate (attachement à l'ordre établi, conservatisme social), mais observer en parallèle l'existence d'importantes contradictions doctrinales entre les époques et les tendances. C'est donc un portrait complexe et aux multiples facettes de la droite de 1870 à 1914 qu'il faut établir, dans un période où ses différentes tendances ne se différencient pas seulement idéologiquement, mais aussi par leur acceptation ou leur refus du régime républicain (ces critères même évoluent, il faut le dire).
[...] Sur le plan religieux, ils se distinguent des Légitimistes par une tendance au compromis, voire à l'anticléricalisme. D'un point de vue social, ils sont souvent conservateurs, et libéraux dans le domaine économique. Les Bonapartistes sont avant tout des nationalistes : leur idéal est d'affirmer la puissance de la France en Europe et dans le monde. Ils sont attachés à un pouvoir fort mais tirant sa légitimité du peuple (césarisme démocratique). Pour eux l'Etat doit être centralisé et garant de l'intérêt général. Il doit également jouer un rôle dans l'économie. [...]
[...] Tenant moins à des principes fermes qu'à la sauvegarde des libertés économiques et politiques, ils sont souvent peu préoccupés des problèmes sociaux , peu cléricaux mais opposés aux excès de l'anticléricalisme (ils voient dans l'Eglise une institution gardienne de la stabilité sociale Cela est loin d'être vrai pour tous les progressistes puisque la moitié d'entre eux se rallient à Waldeck. Ici, c'est une grande différence entre les orléanistes et les progressistes. Ces derniers pensent que l'anticléricalisme est excessif et prive la République de soutien. Cela ne va guère plus loin). Enfin, ils disposent du soutient des milieux d'affaires. Les ressemblances entre les nationalistes de 1899 et les Bonapartistes sont très nettes : thèmes et méthodes s'apparentent. Partageant un goût pour l'autorité, ils apparaissent souvent antiparlementaires. Du Bonapartisme, ils héritent également la violence verbale et l'incitation à l'action directe. [...]
[...] Ainsi, entre 1870 et 1914, les diverses tendances de droite se distinguent entre elles par des traditions politiques différentes et complexes, ayant en propre un système de pensée, un tempérament et une clientèle. Cependant, au delà de différences idéologiques, c'est leur adhésion ou leur rejet du régime républicain parlementaire qui marque une véritable rupture entre ces formations. Pour autant, il ne faut pas perdre de vue que la droite est une position relative dans le système des forces politiques et dans un débat dont l'objet et les enjeux varient au cours du temps, déplaçant ainsi le centre de gravité du champ politique. [...]
[...] En 1899, une nouvelle coalition apparaît qui juxtapose trois nouvelles tendances : Ralliés, Progressistes et Nationalistes. Sans établir de filiation directe, on peut dire que certains grands thèmes et leur positionnement les unes par rapport aux autres semblent en partie hérités des droites traditionnelles de 1870 (thèse de René Rémond). La filiation apparaît assez évidente entre les Ralliés et les Légitimistes de 1870 : on reconnaît les mêmes figures emblématiques (Mun, Castellane, Montfort) et de nombreuses idées communes (cependant, certains ralliés comme Piou viennent de l'orléanisme). [...]
[...] Sa première irruption sur la scène politique s'opère avec le boulangisme. Ce mouvement l'origine non partisan proche du radicalisme, voire d'un certain socialisme- obtient l'appui de l'électorat conservateur, catholique, royaliste ou bonapartiste. Après la victoire du parti républicain anticlérical, auquel des juifs se sont ralliés, un antisémitisme virulent se développe chez les catholiques conservateurs (Ligue Antisémitique Française). Dans toutes ces polémiques, francs-maçons et juifs sont étroitement associés. Maurice Barrès réalise le premier la synthèse entre traditionalisme et nationalisme. Le nationalisme apparaît dès lors comme une tentative de rupture avec l'ordre établi, une force de contestation, voire de réaction. [...]
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