La question sociale, de 1789 à 1914

Thèmes abordés

Question sociale, question ouvrière, bourgeoisie, prolétariat, monde ouvrier

Résumé du document

Il semble d'abord important de délimiter le sujet afin d'en extraire « la substantifique moelle ». Robert Castel donne dans ses Métamorphoses de la question sociale, la définition suivante de la question sociale: « La question sociale est une aporie fondamentale sur laquelle une société expérimente l'énigme de sa cohésion et tente de conjurer le risque de sa fracture. Elle est un défi qui interroge, remet en question [sa capacité] à exister comme un ensemble lié par des relations d'interdépendance. » C'est donc les relations entre les diverses strates sociales que se propose d'interroger cette « question sociale ».

Ce devoir s'interrogera sur le sens qu'elle prend durant la période qui nous occupe : dans quelles mesures la question sociale s'est-elle pleinement réalisée dans la période allant de 1789 à 1914?

Extraits

[...] Néanmoins, on assiste à une amélioration de la condition ouvrière, avec, partout en Europe des lois garantissant une plus grande sécurité en cas d'accident du travail comme la loi de 1898 en France ou les assurances sociales bismarckiennes des années 1880. Parallèlement, le mouvement syndical s'enracine dans les sociétés européennes où on constate une reconnaissance de plus en plus grande des mouvements ouvriers. En France la loi Ollivier de 1864 instaure le droit de grève. Elle est suivie en 1884 par la loi Waldeck-Rousseau qui reconnaît et autorise l'existence des syndicats. [...]

[...] Le mouvement social, mis en marche par les débuts de la Révolution française se poursuit avec celle-ci. En effet, la République mise en place en France le 22 septembre 1792 est censée consolider les acquis sociaux de la Révolution. En fait, même si la Convention, déclarant l'instauration de la Terreur affirme Le gouvernement provisoire de la France sera révolutionnaire jusqu'à la paix. la poursuite de la Révolution va connaître des obstacles de taille comme la période du directoire durant laquelle le suffrage censitaire, pourtant remplacé en 1794 par le suffrage universel masculin, est restauré, le régime dirigé par une aristocratie propriétaire se présentant sous la forme d'un triumvirat (Reubell, Barras, La Révellière Lépeaux) et les principes de la Déclaration des droits de l'homme quelque peu oubliés. [...]

[...] Il faut commencer par se demander comment a évolué la question sociale définie dans notre première partie sous l'effet de ses manifestations. En effet, la disparition de la société d'Ancien Régime n'a pas entraîné la disparition d'une élite dirigeante, comme l'exprime très bien Balzac : il n'y a plus de noblesse, il n'y a plus qu'une aristocratie. En effet, après les chocs qu'a connus la société du XIXème siècle, les traces de l'Ancien Régime ont à peu près toutes disparu. [...]

[...] On observe néanmoins un déplacement de la question sociale avec l'industrialisation du début du siècle. Karl Marx y voit la formation d'une nouvelle classe sociale, le prolétariat, réduit à vendre sa force de travail à un patron qui le paye en prélevant sur la plus-value réalisée par son propre travail. De plus, la multiplication des machines impose des cadences de plus en plus rapides aux ouvriers. C'est pourquoi se développe dans les années 1810 en Angleterre le luddisme Des ouvriers cassent les machines infernales qui leur imposent un rythme de travail trop élevé et surtout les en privent. [...]

[...] Ce renversement total de l'ordre sociétal avec la fin des ordres et de la domination aristocratique sur les artisans, paysans, bourgeois et autres membres du feu Tiers-Etat est à la fois une conséquence et une reformulation de la question sociale : l'organisation sociétale de l'Ancien Régime a éclaté à cause de son manque de cohésion et se pose maintenant la question de savoir par quoi elle sera remplacée. La Déclaration de 1789 pose quand à elle les bases d'une société égalitaire et libérale avec l'affirmation dans son article 1 que les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits. Les distinctions sociales ne peuvent être fondées que sur l'utilité commune. [...]