Le sort des hommes après la mort a toujours été une question fondamentale pour les sociétés. L'occident médiéval est imprégné par la religion chrétienne, c'est elle qui répond à ses interrogations. Jusqu'au 12ème siècle, la théorie dominante est celle de l'Apocalypse : à la fin des temps, les âmes seront confrontées au tribunal de Dieu. La religion chrétienne reste floue sur la période qui sépare la mort individuelle de la résurrection générale. A partir du 13ème siècle, l'idée de l'errance des âmes pendant cet intervalle devient insupportable. La création du Purgatoire permet de combler ce vide. Il est difficile de dater l'apparition et l'évolution d'une croyance, des mentalités et des sensibilités, mais le Purgatoire s'épanouit dans l'occident médiéval dans la seconde moitié du 12ème siècle et connaît un rapide succès le siècle suivant, malgré quelques résistances. Cette croyance fut définie par les théologiens mais ce n'est qu'au 15ème siècle qu'elle est définitivement institutionnalisée par l'Eglise. Le Purgatoire est défini comme un lieu d'expiation dans lequel les âmes après la mort sont soit purifiées des péchés véniels, soit subissent la punition temporaire que le pécheur doit indurer après la rémission des péchés mortels. Mais la création du Purgatoire répond avant tout à une demande sociale des masses et son succès est à mettre en relation avec les bouleversements des mentalités en cette fin de Moyen Age.
Dans une société assaillie par les « malheurs du temps » (Jean Delumeau) que sont la peste, la famine et la guerre, et donc imprégnée par la mort, la place du salut éternel est capitale. La possibilité de purger ses fautes, rassure la communauté chrétienne. Le Purgatoire doit donc en partie être analysé comme le résultat des bouleversements de la société et des mutations mentales qui les accompagnent. Cependant, ce troisième lieu génère à son tour de nouvelles mutations. Dans une société très imprégnée par la religion, changer la géographie de l'au-delà signifie modifier le temps de l'après-vie : une révolution mentale s'opère. De quelles manières expliquer la naissance et le rapide succès du concept de Purgatoire ? Ce lieu est théorisé et intégré dans le dogme chrétien répond aux bouleversements de la société, et génère lui-même des mutations.
[...] Ce lieu où l'on subit cette peine n'est pas du tout déterminé ( ) Saint Bernard, un cistercien, affirme un Enfer inférieur et un Enfer intermédiaire où a lieu la purgation de tous les péchés que l'on a négligé d'acquitter sur Terre. L'évêque Pierre Lombard, un séculier parisien (mort en 1160), distingue les péchés qui sont remis après cette vie Il traite des réceptacles des âmes et des suffrages pour les défunts. Ces suffrages sont donnés par la messe, l'aumône, les prières et le jeun. Il opère également à un rapprochement entre les pas tout à fait bons et les pas tout à fait mauvais. [...]
[...] Est-ce au ciel ? Est-ce en Enfer ? Il est difficile de dater précisément la croyance en le Purgatoire, mais les années entre 1170 et 1220, marquent l'apparition du terme Purgatorium employé par Pierre le Mangeur, qui reçoit à la fin du siècle la caution d'Innocent III. Les premiers théologiens du Purgatoire sont Pierre le Chantre et Simon de Tournai. Il y a une redéfinition des lieux de l'au-delà qui sont à présent au nombre de trois : l'Enfer, le Paradis, le Purgatoire. [...]
[...] C'est un accès à l'au delà ; les hommes peuvent y descendre une nuit durant laquelle ils subissent les peines du Purgatoire : si ils y résistent, ils iront au Paradis plus tard, dans le cas contraire ils descendent aux Enfers immédiatement et ils ne reviennent pas. Le succès de la littérature hagiographique témoigne de la popularité du Purgatoire. En effet, les saints peuvent jouer un rôle d'intercesseurs tels que Sainte Lutgarde ; de nombreux morts lui apparaissent et lui demandent de l'aide. [...]
[...] L'Eglise justifie et fonde son pouvoir grâce au Purgatoire. Au 13ème siècle, les canonistes et les théologiens notent que les âmes du Purgatoire relèvent du for commun de Dieu et de l'Eglise, alors qu'avant elles relevaient uniquement du for divin. Ainsi, le Pape se voit reconnaître un droit personnel de décision sur l'application des indulgences aux âmes du Purgatoire. Boniface VIII usera de ce droit lors du jubilé de 1300, en accordant aux pèlerins de Rome ainsi qu'aux âmes du Purgatoire, l'indulgence plénière. [...]
[...] La création du Purgatoire permet de combler ce vide. Il est difficile de dater l'apparition et l'évolution d'une croyance, des mentalités et des sensibilités, mais le Purgatoire s'épanouit dans l'occident médiéval dans la seconde moitié du 12ème siècle et connaît un rapide succès le siècle suivant, malgré quelques résistances. Cette croyance fut définie par les théologiens mais ce n'est qu'au 15ème siècle qu'elle est définitivement institutionnalisée par l'Eglise. Le Purgatoire est défini comme un lieu d'expiation dans lequel les âmes après la mort sont soi purifiées des péchés véniels, soi subissent la punition temporaire que le pécheur doit indurer après la rémission des péchés mortels. [...]
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