Public, artistes, Europe, XVIII, siècle
«En tant qu'artistes, nous sommes à la merci du public » affirmait Normand Reid, ancré dès lors dans un contexte singulier la relation public artiste. La qualité excellente ou médiocre des œuvres d'art à une époque est un fait de société, leur abondance ou leur disette l'est également. L'art traduit et représente la société qu'il gouverne et fait de son public, l'essence de son être. Plus qu'un besoin pécuniaire, le public apporte à l'art ce que la peinture apporte à la toile, il existe un lien intrinsèque et immuable entre l'art et le public, si l'art peut apparaitre comme un moyen d'expression, il ne peut se véhiculer que part le regard d'autrui. On peut appréhender le rapport de l'artiste au public de deux façons distinctes. La première étape consiste à examiner les besoins artistiques des sociétés, autrement dit des clientèles des artistes, du monarque qui fait décorer son château au paysan qui achète à un colporteur une humble image de piété. Pour des motifs différents, politiques, spirituels, etc… par ostentation ou simple plaisir personnel, l'un et l'autre embellissent leur cadre de vie l'art est omniprésent autour de tout homme. Une autre étape consiste à se placer du côté de l'artiste, célèbre ou obscur, et de l'artisan d'art, de l'architecte au fabriquant de gravure populaire et à examiner ce qui les mène à leur métier, la place qu'ils cherchent à occuper dans la société et la place que la société leur accorde. Suite à cette présentation, nous pouvons dès lors nous interroger sur les liens qui unissent L'artiste à son public en Europe au XVIIIe siècle.
Il convient donc de délimiter cette étude dans l'espace et le temps sans négliger les niveaux de culture. Les limites géographiques de L'Europe n'ont ici pas grand sens car l'influence de l'orient s'étend encore à cette époque assez largement aux parties européennes des Empires russe et Turc. Cependant, on peut constater une imprégnation de la civilisation chrétienne, tant orientale, qu'occidentale qui reste partout profonde. On a souvent vanté l'unité présenté par l'Europe des lumières. Voltaire voit dans l'Europe « un espèce de grande république partagée entre plusieurs états […] tous correspondant les uns avec les autres, tous ayant un même fond de religion, tous ayant les mêmes principes de droits publique et de politique inconnus des autres parties du monde ». On retrouve ici une conscience d'un héritage commun : un fonds d'idées chrétiennes, l'humanisme antique et l'individualisme éveillé par la Renaissance, l'esprit scientifique moderne, l'esprit de tolérance qui commence à se rependre. Mais depuis le XVIe siècle, les nations se sont manifestées. Le sentiment national se développe au XVIIIe siècle en dehors des milieux philosophiques, provoque des résistances aux influences extérieurs et se réveille même chez les « esprits éclairés » à la fin du siècle. Tradition et esprit nouveaux se mêlent donc et interfèrent selon un dosage variable suivant l'espace, mais aussi suivant le temps. Ils constituent deux versants d'un siècle de transformations profondes.
[...] Le lien entre artiste et public procède du subjectif et de l'intime. Mairobert est un littérateur polygraphe français. Alors qu'il met en évidence ce tout indifférencié qu'est le public, il s'attache exclusivement à décrire ce qui relève du particulier et de l'individuel. Cette antinomie est contenue dans la notion même de public : celui-ci est partout et nulle part à la fois. Grâce aux documents, nous sommes en mesure de nous forger une idée relativement exacte du public présent au Salon, car une assistance est un regroupement d'individus : nous pouvons identifier, voire dénombrer les individus et les groupes qui la composaient ; aucune personne présente au salon ne saurait en être exclue. [...]
[...] Les rapports d'un architecte ou d'un sculpteur à son public sont par exemple très différents, leur condition sociale risque de l'être également. La part d'action des uns et des autres est aussi un élément très changeant. Un certain conformisme existe aussi dans les différents publics mais aussi chez les artistes, qui peuvent être novateur et faire évoluer le goût mais aussi être conformistes aux résonances sociales. Le débat sur les sociétés d'ordre et sociétés de classes est dans tous les esprits et influence l'expression artistique. La société d'ordres est une société où le statut de l'individu tient une place prédominante. [...]
[...] Donc, comment définir ce rapport entre public et artiste dans L'Europe du XVIIIe siècle ? Les transformations de la relation de l'art et du public du XVIIIe siècle L'art apparaît comme l'expression d'une société, de ses besoins artistiques, mais aussi moraux et spirituels. Les liens entre sociétés et les arts sont donc particulièrement complexes et changeants. A la contrainte de la pauvreté qui empêche le cadre de vie de changer tend à répondre chez les gens aisés la contrainte de la mode. [...]
[...] Comment les artistes font ils face à ces besoins nouveaux ? Libérés des jurandes, leur recrutement s'élargit Malgré l'académisme, ils gagnent plus d'indépendance. Un marché de l'œuvre d'art est apparu dans certains arts, une plus grande concurrence dans d'autres, amenant une évolution plus rapide des styles et des modes, entrainant à la fois une soumission tyrannique à la mode et des manifestations de non-conformisme. Une place à part doit être faite aux peintres et surtout aux graveurs dont la clientèle est large et qui sont plus au contact avec des artisans d'art. [...]
[...] Les plus recherchés sont les portraits et les vues peintes, dessinées ou gravées, des lieux les plus renommés. Cela contribue à l'organisation rapide d'un florissant marché de ces genres picturaux, ainsi que de celui des copies de sculptures, phénomène qui entrainera une circulation croissante de faux. Les Salons sont donc un lieu d'interaction entre l'art et le public puisque celui-ci peut réagir directement face aux œuvres en donnant son opinion. L'art regroupe une population ayant un intérêt commun. Les besoins artistiques varient donc suivant la place dans la société et le rôle des groupes sociaux et des individus, la fortune et le niveau culturel, d'où la diversité des manifestations artistiques. [...]
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