Etrange destin que celui d'André Hercule de Fleury, né à Lodève en 1653 dans un milieu peu aisé. Il choisit de faire carrière dans l'Eglise. Muni de sa licence de théologie, il acheta une charge d'aumônier auprès de Marie-Thérèse. De là, il fut choisi par Louis XIV pour être le précepteur de Louis XV. Ayant gagné la confiance du jeune roi, il fut étroitement associé aux affaires de l'Etat dès 1723 et devint, en 1726, le premier ministre officieux du Bien-aimé. Il assuma cette charge jusqu'à sa mort en 1743 à l'âge de 89 ans.
Il convient d'abord de préciser que l'étude de la politique de Fleury n'est pas sans poser de problèmes. Ainsi, nous savons que Louis XV lui faisait confiance en matière de politique intérieure et de diplomatie. Pourtant, il demeure difficile de distinguer, lorsqu'il s'agit d'étudier les décisions une à une, la part du cardinal de celle du roi dans le choix final.
Il semble que la politique de Fleury fut à l'image de son caractère aimable et courtois ; il se distingua ainsi par sa modération et son conservatisme. Pourtant, l'évaluation des choix qu'il eut à faire n'est pas un exercice aisé. Il demeure ardu d'évaluer le legs de cet homme, qui au contraire de ses prédécesseurs, fut reconnu pour son intégrité. Il semble ainsi toujours aussi difficile de répondre à la question que son passage au pouvoir pose avec le plus d'acuité : la politique modérée et apaisante du cardinal était-elle une absolue nécessité après les difficultés de la fin de règne de Louis XIV ou était-ce là une des dernières opportunités manquées dont disposait la monarchie pour se réformer ?
[...] Il semble que la politique de Fleury fut à l'image de son caractère aimable et courtois ; il se distingua ainsi par sa modération et son conservatisme. Pourtant, l'évaluation des choix qu'il eut à faire n'est pas un exercice aisé puisque deux étalons bien différents peuvent être utilisés. Si nous considérons, comme le suggère Lucien Bély dans l'introduction du chapitre consacré à Fleury dans La France moderne, que les peuples heureux sont sans Histoire, alors oui, le passage de Fleury aux affaires pourra être jugé positivement. [...]
[...] Il interrompit la guerre commencée entre l'Angleterre et l'Espagne en promettant au roi d'Espagne Philippe V d'intercéder en sa faveur en cas de vacance du trône de France. Philippe qui pouvait prétendre au trône au nom de son caractère inaliénable s'assurait ainsi un soutien précieux en cas de conflit avec la maison d'Orléans. La politique de Fleury Page 8 Fleury parvint à mettre ne place une diplomatie efficace grâce au garde des sceaux Chauvelin qui fut en charge des affaires étrangères à partir de 1726. [...]
[...] Sa politique consista à tenter de rendre l'impôt plus juste et plus facile à percevoir. Ainsi, le système des fermiers généraux connut-il son apogée au point que Frédéric II pensa s'en inspirer en Prusse. Pourtant, la réputation d'accapareur des fermiers ne faiblit pas. Orry tenta en outre de transformer la taille en établissant des critères plus transparents. Il dut toutefois se résoudre à recourir au dixième pour financer les guerres de Succession de Pologne et de Succession d'Autriche. Pourtant, nous pouvons mettre au crédit d'Orry la fin de la pratique consistant à créer massivement des offices. [...]
[...] La politique de Fleury Page 5 Ainsi, le jugement de ses choix est difficile puisque deux étalons différents peuvent être utilisés. Si nous considérons, comme le suggère Lucien Bély dans l'introduction du chapitre consacré à Fleury dans La France moderne, que les peuples heureux sont sans Histoire, alors oui, le passage de Fleury aux affaires pourra être jugé positivement. Ainsi, le caractère aimable et calme du cardinal l'a poussé à mener une politique d'austérité financière, d'apaisement religieux et de paix européenne. [...]
[...] Finalement, Fleury ne disposa que rarement de marges de manœuvre importantes. Et s'il fut un artisan zélé de la modernisation du pays, cela se fit dans l'étroit carcan de la société d'ordre. Réécrire l'Histoire est un art bien aisé. Nombreux sont ceux qui ne lui pardonnent pas de ne pas avoir sauvé la monarchie de ses contradictions tant qu'il en était encore temps. Ce reproche n'est pas dénué de sens. Toutefois, nombreux sont les hommes d'Etat français à qui il pourrait être adressé. [...]
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