Notre cher ami Spinoza ne se mêlait en rien de la vie politique de son temps, encore moins se souciait-il de ce qui se passait au niveau européen en matière de diplomatie, il se préoccupait seulement de polir des lentilles et de philosopher une œuvre « qui agit en silence et de loin sur les esprits et les groupes attachés à la liberté ». Et pourtant, c'est dans le jeu des alliances, des guerres et traités de paix que les Provinces-Unies (où il résidait) se voient reconnaîtrent indépendantes par l'Espagne en 1648 aux traités de Westphalie. À ces mêmes traités, la France obtient les domaines de l'Empereur en Alsace, contribuant ainsi à agrandir le pays. Cette volonté de s'agrandir, Louis XIV l'a toujours manifestée, comme il le dit dans ses Mémoires : « S'agrandir est la plus digne et la plus agréable occupation des souverains ». Mais l'on peut se demander si s'agrandir constitue la seule et unique motivation de la politique extérieure de la France sous Louis XIV ? On peut même s'interroger si cette politique est mue par une idée directrice telle que l'expansion territoriale. D'autre part si cette politique extérieure existe, à travers quels moyens s'exprime-t-elle ? Et dans quel axe se réalise-t-elle ? Est elle dû à la volonté exclusive de Louis XIV, ou bien existe-t-il des structures qui en décident ? Afin d'essayer de comprendre en quoi consiste la politique extérieure de la France sous Louis XIV, je vais tacher d'expliquer en quoi la politique extérieure est liée à la guerre, puis j'essaierais de présenter le développement et le rôle ambivalent de la diplomatie, enfin je vais tenter de présenter les axes de cette politique extérieure.
[...] Mais cette hégémonie est menacée dès que la guerre de Hollande se prolonge (1672-1678). ( La prépondérance française disparaît au profit d'un équilibre, sa place y est mesurée, contestée. Elle est aussi marquée par les crises de subsistance, par la situation climatique et économique qui la pousse à traiter avec la ligue d'Augsbourg en 1697. En effet, elle n'est pas à même de continuer à combattre, n'ayant plus assez de ressources. ( À la fin du règne, à l'intérieur de frontières améliorées (Lille, Strasbourg, l'Alsace, la Franche-Comté), le territoire de la France avait été préservé de l'invasion étrangère et malgré les difficultés et les disparates, la nation française avait pris, parmi les autres d'Europe, qui la tenaient pour grande et respectable, une place de premier ordre Une expansion coloniale ( C'est à partir du règne de Louis XIV que l'on peut réellement parler d'empire colonial. [...]
[...] Il y a donc un abus, qui fait entrer la France dans une période de relatif déclin Un Roi guerrier qui prend le dessus ( Louis XIV aime la guerre et décide parfois de chercher la gloire plutôt que d'être raisonnable. Il dit dans ses Mémoires, à propos du début de son règne en 1661, que l'Europe jouit d'une parfaite tranquillité, qu'on rencontrerait quelquefois à peine en plusieurs siècles mais que Mon âge et le plaisir d'être à la tête de mes armées m'auraient fait souhaiter un peu plus d'affaires au dehors ( Le roi se devait de chercher de grandes occasions de signaler sa gloire de chef d'État le plus puissant du monde. [...]
[...] La politique extérieure servie par la guerre et par la diplomatie a pour volonté d'être l'arbitre de l'Europe. ( Pour montrer la modestie de Louis XIV à ce sujet, voici une citation de ses mémoires pour l'instruction du Dauphin : Les empereurs d'Allemagne, ne sont ni les héritiers des Romains, ni les successeurs de Charlemagne ; chefs élus d'une République allemande, ils ne peuvent prétendre à aucune supériorité sur les autres rois d'Europe, dont les plus anciens, les plus puissants sont les rois de France. [...]
[...] Il y a donc bien distinction entre la politique extérieure et la guerre. ( Lionne, le ministre des Affaires étrangères de 1662, essaie de chercher une faille juridique pour préparer la succession espagnole. Mais cette faille est caduque et contrée par les Espagnols, s'ensuit une tension qui va croissante jusqu'à la guerre de dévolution (1667-1678). On peut se demander si le ministère des Affaires étrangères ne fait qu'apporter la goutte qui fait déborder le vase ou si elle essaie d'éviter le conflit. [...]
[...] L'Angleterre voit son rayonnement (commercial) réduit. ( Mais la paix de Ryswick rétablit en 1697 le statu quo ante bellum pour les colonies. C'est vers la fin du règne que les guerres concernent plus les colonies, comme la guerre de succession d'Espagne (1702-1714). Le traité d'Utrecht en 1713 qui la clôt donne à l'Angleterre : la baie d'Hudson, Terre-Neuve, Saint Pierre et Miquelon, l'île de Saint Christophe aux Antilles. ( Les colonies deviennent donc un des enjeux des guerres et de la politique extérieure de la France Louis XIV, monarque absolu ( Louis XIV veut que son pays soit la première puissance mondiale et pense à son image : en parlant de la mort de Philippe IV (1665) : J'envisageais avec plaisir le dessein de ces deux guerres comme un vaste champ où pouvaient naître à toute heure de grandes occasions de me signaler ( Le monarque veut soigner l'image de la France, mais aussi la sienne : il désire la gloire et la grandeur. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture