La politique anglaise de Louis XIV n'a donné, de ce côté-ci de la Manche, que peu de synthèses, et l'on peut regretter le fait que l'étude des relations franco-britanniques au XVIIème siècle n'ait été que si rarement abordée comme un sujet en soi. Une des raisons qui explique ce relatif désintérêt tient à la difficulté d'apercevoir une ligne claire dictant des attitudes diplomatiques sur la longue durée. Une autre est la simplification qui a fait de l'Angleterre tantôt un Etat mercenaire, tantôt un adversaire acharné de la France. Les révolutions et l'instabilité politique qui secouent l'Angleterre durant toute cette période ainsi que la complexité mouvante du contexte international sont des éléments qui militent en faveur de l'idée d'une gestation confuse de la politique anglaise sur le continent. De cette apparente confusion naîtrait en retour une difficulté de la France à gérer ses initiatives vis à vis de l'Angleterre, laquelle serait seule responsable de l'hostilité qui règne entre les deux nations au cours des années 1680. A cette difficulté, s'ajoute aussi une série de lieux communs. Si nous avons montré dans notre étude de la période cromwellienne que l'Angleterre était le pivot de la politique atlantique de Mazarin et que l'alliance avec le Lord Protecteur couronnait un édifice diplomatique permettant la prépondérance française sur le continent, en revanche, il semble entendu pour la période du règne de Charles II que l'Angleterre se trouve rétrogradée au rang de puissance secondaire au seul profit de Louis XIV. On ne retrouve ainsi cette puissance au premier rang qu'à l'occasion de la guerre de la ligue d'Augsbourg ; encore n'est ce qu'au bénéfice de Guillaume d'Orange, initiateur d'une nouvelle dynastie, plus hollandaise qu'anglaise, et donc d'une nouvelle politique.
[...] AE, Correspondance politique, Angleterre, Volume 74, f°353-356. Les instructions données à Ruvigny et aux comte de Soissons laissaient une large place à la nécessité de convaincre les plus réticents à l'alliance française mais aussi de plaider la cause des négociants français. Pour se concilier les bonnes grâce du duc d'Ormonde, le comte de Soissons avait pour mission de défendre la cause des catholiques irlandais qui lui était chère Mémoires et Documents, France, t 2131, folii 35- 38, Mémoire pour servir d'instructions à monsieur le comte de Soissons ( ) ambassadeur extraordinaire de Sa Majesté vers le Roi de la Grande-Bretagne octobre 1660). [...]
[...] La neutralité de la Suède qui n'était entrée dans l'alliance que pour montrer son mécontentement devant les bonnes relations et les subsides généreux que la France avait octroyé au Danemark était un autre élément de faiblesse facilement corrigée par un retour des subsides français. Enfin, le désaccord de Charles II au sujet de la politique d'Arlington mettait ce dernier dans l'obligation d'éviter le faux pas. Ces différents éléments expliquent en partie l'échec de cette triple alliance dont les mobiles devaient inciter la France à une plus grande prudence et à ne pas rompre avec la politique de modération dans la force qu'avaient pratiqué Richelieu et surtout Mazarin. [...]
[...] Le changement nécessaire de la politique anglaise est envisagé par quelques auteurs du temps, notamment Bethel dans un pamphlet : The world's Mistake of Oliver Cromwell. Londres in p. BL 1486 aaa 22 et reed 1972 X A. Marshall : Intelligence and Espionnage in the Reign of Charles II, 1660-1685, Cambridge p 245. Outre une dot de 500.000 Charles II recevait les bases navales de Tanger et Bombay. L. Lemaire, l'ambassade du comte d'Estrades à Londres en 1661, in Annuaire bulletin de la Société d'Histoire de France L'augmentation de la taxe sur les marchandises s'élevait à un écu par tonneau. [...]
[...] La déclaration de guerre de Charles II en mars 1665 mettait la France au pied du mur. Faussement embarrassé entre ses intérêts et ses engagements, Louis XIV ne fit nulle confiance à la proposition de Charles II d'occuper toutes les Flandres espagnoles en contrepartie d'une déclaration de guerre aux Hollandais. La proposition était dangereuse. Elle conduisait à une alliance hispano-hollandaise et au delà à une intervention impériale. Au moment où Louis XIV en tant que chef de la ligue du Rhin accourait au secours des Habsbourg contre les Turcs, cette perspective était inenvisageable. [...]
[...] Devant l'impatience de Charles II, Louis XIV ne hâta pas ses préparatifs. La déclaration de guerre fut proclamée à Paris le 6 avril et la campagne commença tout à fait traditionnellement en mai. L'arrêt brutal de l'avance française en Hollande après la rupture des digues (15-20 juin) fut le moment choisi par Jan de Witt pour tester la solidité de l'alliance franco- anglaise. Alors que le sort des Provinces-Unies paraissait scellé, la seule porte de sortie qui s'offrait aux Hollandais était de négocier en offrant davantage à l'un qu'à l'autre des alliés. [...]
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